Francis Schneider, l’artiste qui a réalisé
le chemin de croix de l’église de Fort-Louis, a intégré à son œuvre une
quinzième station, sobrement intitulé : Le commencement du jour. Elle représente un soleil qui se lève
entre deux montagnes. Le tableau et son titre sont une belle illustration du
mystère qui nous rassemble ce matin : le mystère de Pâques.
Jusqu’au cœur de la nuit passée, les
disciples de Jésus, et avec eux toute l’Eglise, étaient comme plongés dans la
nuit. L’impensable s’était produit : les adversaires de Jésus semblaient
être les grands vainqueurs de toute cette histoire. Depuis la nuit du Jeudi
Saint, il ne restait plus rien : les groupe des Douze avait explosé :
un traitre, un renégat et des fuyards. Triste spectacle que donnaient à voir
ceux qui avaient été choisis par Jésus. Puis le procès et l’issue fatale que l’on
sait. Il ne restait plus rien. Les disciples que l’on peut rencontrer rentrant
chez eux à Emmaüs, ont la déception et la stupeur inscrits sur leur visage. Trois
jours après, ils n’ont même plus d’espérance. Au commencement de ce même jour,
aujourd’hui donc, nous imaginons sans mal la stupeur de Marie-Madeleine en
voyant le tombeau ouvert. Elle court aussitôt prévenir Pierre de sa découverte :
la pierre a été enlevée du tombeau. On a enlevé
le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé. Pierre,
s’étant rendu au tombeau, ne peut que constater la véracité des dires de
Marie-Madeleine : il aperçoit les
linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus…
roulé à part à sa place. Seul Jean, entrant dans le tombeau, voit et croit.
Au commencement de ce jour, il se passe quelque chose d’incroyable : pour
Jean, Jésus, celui-là qui était mort en croix, est vivant ! Il a vu la même
chose que Marie-Madeleine et Pierre, mais chez lui, la stupeur a fait place à
la foi. Pour lui, un soleil s’est levé dans ses ténèbres ; les événements
passés, qu’ils soient récents ou plus anciens, prennent sens à la vue d’un
tombeau vide et des linges pliés.
Le commencement
du jour…
comment ne pas voir dans le titre de cette quinzième station une allusion au
premier livre de la Bible qui commence par ces mots : au commencement… C’est
comme si tout recommençait, comme si tout se recréait en ce jour où les disciples
constatent l’absence du corps de Jésus dans son tombeau. Les ténèbres laissent
place au jour, le doute cède la place à la foi. La stupeur s’effacera peu à peu
devant la joie. Oui, le commencement de ce jour marque le commencement de
quelque chose de neuf, d’inouï mais vrai : Jésus a vaincu la mort. En regardant
attentivement ce quinzième tableau, on peut deviner, dans ce soleil qui se
lève, la forme d’un visage. Le commencement du jour n’est pas qu’un événement ;
le commencement du jour concerne une personne : Jésus. Il est désormais le
soleil de la vie de ceux qui croient en lui ; il est désormais celui qui
fait se lever les hommes pour qu’ils construisent un monde plus juste et plus
fraternel. Il est désormais ce soleil qui réchauffe une vie marquée par l’épreuve.
Il est désormais le commencement d’un jour nouveau, d’une vie nouvelle pour
celles et ceux qui veulent marcher à sa suite.
Ce commencement du jour nouveau, c’est le
commencement d’une vie pardonnée de tous péchés. C’est ce que Pierre annonce à
la maison du Centurion Corneille : Quiconque
croit en lui (en Jésus mort et ressuscité) reçoit par son nom le pardon de ses
péchés. Le commencement du jour marque donc le commencement de la liberté
en Jésus Christ. Le commencement de ce jour marque le commencement de la vie en
Jésus Christ. Le commencement de ce jour marque le commencement d’une vie qui
ne s’arrêtera plus. La vie éternelle est inaugurée, réellement, par Jésus
ressuscité. La mort n’a plus de victoire à fêter ; elle est morte. Le commencement
de ce jour nous invite à croire tout cela, éclairé par l’enseignement de Jésus que
les Apôtres, puis l’Eglise, vont transmettre fidèlement. Si à la fin du jour du
vendredi, le groupe s’était dispersé, voici qu’avec le commencement de ce jour,
le groupe va se reconstituer, jusqu’à redevenir le groupe des Douze après que
Judas ait été remplacé par Matthias. Avec le commencement de ce jour, tout
repart, tout se recrée ; c’est comme si Jésus n’était jamais parti.
Le commencement du jour… pour nous qui
sommes croyants, que ce jour qui commence ne soit pas comme un autre jour ;
que ce jour ne soit pas qu’un jour de plus de notre vie. Mais qu’il soit vraiment
ce jour à partir duquel le Christ illumine notre vie d’une lumière nouvelle. Si
nous nous étions habitués à croire, que notre foi en soit renouvelée. Si nous n’avions
de Jésus plus que l’image de celui qui est cloué en croix, que ce commencement
du jour nous réapprenne à le découvrir vivant à nos côtés, luttant avec nous et
pour nous contre toute forme de Mal. Que ce jour soit le commencement d’une vie
vraiment vécue avec Jésus, mort et ressuscité pour nous, dès aujourd’hui et
pour toute éternité. Amen.
(Le commencement du jour, 15ème station du chemin de croix de Francis SCHNEIDER, Photo de Bertrand WITTMANN & Jean-Michel DUBAND)
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