Durant les six dimanches qui suivent la
fête de Pâques, nous entendrons cette année des extraits de la première lettre
de saint Jean. Il est l’apôtre qui nous apprend le nom de Dieu lorsqu’il écrit :
Dieu est amour. C’est un leitmotiv de
sa pensée, de son œuvre. Pas étonnant donc qu’il insiste tant sur l’amour :
non seulement l’amour de Dieu, mais aussi l’amour des frères. L’extrait que
nous avons entendu ce matin articule cet amour autour de trois verbes :
croire, naître, aimer.
Celui
qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu. C’est ainsi que
commence notre deuxième lecture. C’est un thème central de la pensée de Jean. La
foi, chez Jean, concerne Jésus, le Christ. On ne parle plus du Jésus de l’histoire,
mais bien du Christ, c’est-à-dire de Jésus en tant qu’il est mort et
ressuscité. Jean mesure bien l’importance du trait d’union entre ces deux noms.
Quand il témoigne de Jésus, il témoigne de celui qui a livré sa vie pour
les hommes et qui est devenu ainsi pour eux le principe de vie. Nous comprenons
bien que pour Jean, la foi n’est pas une idée, mais une réalité qui fait vivre.
La foi est le moteur de la vie. Cette foi, parce qu’elle n’est pas une idée,
nous met en mouvement et nous porte naturellement vers le frère. Pour Jean, il
est ainsi impossible d’affirmer la foi et d’ignorer le frère ; il est
impossible de croire en Dieu et de ne pas aimer le frère. Et vice versa. Christ
nous tourne vers Dieu, Jésus nous tourne vers les frères ; et le trait d’union
que nous devrions mettre en français, nous rappelle qu’il faut tenir les deux
ensemble. Le trait d’union, c’est la foi qui nous fait aimer d’un même
mouvement Dieu et les frères. Ecrire Jésus-Christ
revient à écrire J’aime les frères
que je vois et j’aime Dieu en qui je crois.
Nous pouvons dès lors faire un pas de
plus, toujours avec Jean. Voici comment
nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous
aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Nous retrouvons
ici les accents d’une autre affirmation de Jean qui écrit : celui qui dit qu’il aime Dieu qu’il ne voit
pas alors qu’il a de la haine pour les frères qu’il voit, celui-là est un
menteur. L’amour des frères se reconnaît dans l’amour de Dieu (c’est ce qu’affirme
Jean dans l’extrait de la lecture entendue) ; mais l’amour de Dieu se
reconnaît lui dans l’amour des frères (c’est ce qu’affirme Jean dans la
citation que je viens de souligner). Tout est lié pour Jean. Croire et aimer sont
liés au point que celui qui ne croit pas, n’aime pas vraiment (puisqu’il n’aime
pas de l’amour même de Dieu en qui il ne croit pas). Et de même, celui qui n’aime
pas, ne croit pas en Dieu qui est la source de l’amour. Dit positivement cela
nous donne : si tu crois, tu aimes ; si tu aimes, tu crois !
Nous en arrivons alors au troisième terme :
naître de Dieu. Cela ne peut se faire
que par la conjugaison de cet amour et de cette foi. Le tableau de la première
communauté croyante brossé par Luc dans les Actes des Apôtres démontre ce que l’Apôtre
Jean nous explique ici. C’est parce qu’ils sont disciples de Jésus-Christ que
les premiers croyants mettent tout en commun, vivent la communion fraternelle
de manière harmonieuse. L’accueil de la foi se traduit par le souci des
pauvres, par le souci de ne laisser personne de côté : aucun d’entre eux n’était dans l’indigence. Ce
n’est pas une exaltation de la pauvreté qui nous est proposée, mais bien une
répartition plus juste des richesses pour que chacun puisse vivre dignement. Celui
qui est né de Dieu par le baptême et par l’Esprit Saint, doit avoir au cœur un
nouvel art de vivre qui lui permette de ne pas trahir sa foi. Plus qu’une
exigence de justice, c’est une exigence de vérité. Combien d’hommes et de
femmes ont renoncé à vivre leur foi parce que les croyants n’étaient pas
fidèles à cette vérité de vie ?
Croire, naître et aimer : en trois
verbes, Jean dit tout de la foi au Christ-Jésus et de ses conséquences dans la
vie des hommes. Soyons attentifs à toujours conjuguer ces trois verbes dans
notre propre vie, pour que les hommes puissent croire ; devenus croyants,
qu’ils puissent vivre et rester fidèles à la vérité de cette vie à laquelle ils
sont nés. Notre foi et notre vie rendront Dieu crédible à ceux qui ne le
connaissent pas encore… ou pas ! Amen.
(Détail du tableau Mort d'Ananie et Saphira, Cathédrale St Jean, Besançon)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire