Ce dimanche, situé entre le nouvel an juif
et la fête de Yom Kippour, est pour nous, chrétiens, le dimanche du judaïsme,
qui doit « nous rappeler nos racines juives et nous faire prendre
conscience de la mission spirituelle du peuple juif appelé à sanctifier le nom
de Dieu ». Nous pouvons nous réjouir avec eux et les porter dans notre
prière, en ces jours où ils revivent de manière particulièrement forte le
pardon, la conversion du cœur et la joie d’être réconcilié en Dieu. La
succession des fêtes (Roch Hachana, Yom Kippour et Souccoth) doit nous
interpeler également dans notre rapport à Dieu, à son Alliance et à notre
fidélité à celle-ci.
Le prophète Habacuc, que nous avons
entendu en première lecture, pose avec acuité la question du Mal, principal
obstacle à la foi. Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu
entendes ? Crier vers toi : « Violence ! », sans que
tu sauves ? Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ?
Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchainent. Cette
expérience n’est propre ni au prophète, ni au peuple juif. Elle est nôtre à
bien des moments de notre existence. Beaucoup de nos contemporains, ne sachant
réduire cette énigme, font le choix d’abandonner. Si Dieu ne répond pas, c’est
peut-être parce qu’il n’existe pas, disent-ils. Entendre cette lecture d’Habacuc,
à ce moment particulier du calendrier de nos frères ainés dans la foi, nous
permet de trouver dans ces fêtes un début de réponse. La fête de Roch Hachana
(le nouvel an juif, qui a été célébré du soir du 29 septembre au soir du 01er
octobre) nous fait nous souvenir que Dieu est bon, qu’il a donné la création
dont on célèbre l’anniversaire ; mais elle nous rappelle aussi que l’homme
a sans cesse à se purifier et à demander pardon, à Dieu et à son prochain, pour
le mal commis. Cela montre bien que le mal vient du cœur de l’homme. En même
temps qu’il célèbre les dons faits par Dieu dans sa création, il entre dans un
temps de purification pour correspondre toujours plus à ce que Dieu attend de lui.
Le pardon et la réconciliation avec Dieu et le prochain, célébrés lors de Yom
Kippour (du 08 octobre au soir au 09 octobre au soir) ne sont pas alors un
moment d’humiliation, mais un temps de grâce et de salut. En demandant pardon,
l’homme permet à Dieu de rendre la création, y compris l’humanité, telle qu’il
l’avait faite. D’où la joie de la fête de Souccoth qui suit (du 13 octobre au
soir au 22 octobre au soir) : quand Dieu pardonne, l’homme est libéré,
réconcilié, comme jadis au temps de l’Exode, après la sortie d’Egypte. L’homme
sait qu’il pourra toujours compter sur Dieu.
A ceux qui s’interrogent sur le Mal, une
triple réponse est donc donnée : Souviens-toi que Dieu est bon ;
purifie-toi et pardonne ; réjouis-toi de ce que Dieu a fait pour toi. Que
ce soit Habacuc que nous avons entendu, ou n’importe lequel des prophètes de la
Première Alliance, le message est le même. C’est de la fidélité à l’Alliance de
Dieu que vient le salut. C’est Dieu qu’il faut servir ; c’est Dieu qu’il
faut écouter ; c’est Dieu qu’il faut suivre. Chrétiens, nous ferons un pas
de plus en incluant Jésus, dans le processus, comme nous le faisait chanter un
cantique de mon enfance : Dieu fait de nous, en Jésus Christ, des
hommes libres : tout vient de lui, tout est pour lui, qu’il nous
délivre ! La foi de Jésus, qui est celle du peuple juif, devient pour
nous foi en Jésus, ce qui nous est propre. Les promesses faites par les
prophètes, nous croyons que Jésus les a accomplies. Il est, pour nous, la
source du salut pour tous les hommes ; il est celui qui a réconcilié, par
son sang, tous les hommes avec Dieu. Il n’y a plus, selon le mot de Paul, ni
Juifs, ni païens, ni esclave ni homme libre, ni l’homme ni la femme, mais tous,
vous ne faites plus qu’un en Jésus Christ. En Jésus, né juif par Marie,
mort juif, ressuscité dans la puissance de l’Esprit Saint, la vocation d’Israël
d’être lumière menant toutes les nations à la connaissance du Dieu unique et
vrai, est devenue réalité. Nous devons remercier le peuple choisi par Dieu pour
sa fidélité à l’Alliance première ; nous devons le remercier d’avoir
engendré Jésus, qui par une fidélité parfaite nous vaut d’être incorporé au
peuple saint, et sauvé par le don de sa vie sur la croix.
Vous comprenez que nous nous pouvions
faire, ni ne pourrons jamais faire l’impasse sur ce temps si précieux pour nos
frères ainés dans la même foi. La méditation de leur fidélité à la foi de nos
pères communs doit susciter notre propre fidélité à la foi de notre baptême.
Rendons grâce à Dieu pour ce qu’il réalise pour nous, réaffirmons notre désir
de lutter contre le Mal par une vie toujours plus donnée à Dieu, et
réjouissons-nous d’être sauvés par pure grâce, simplement parce que Dieu est
bon, parce que Dieu est grand, parce que Dieu est saint et qu’il nous aime,
aujourd’hui et toujours. Amen.
(image internet, site https://www.myjewishlearning.com/article/shalom )
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