Tout ce mois d’octobre a été voulu
par le Pape François comme un mois missionnaire extraordinaire. Nous
reconnaissons-là son souci constant, depuis son élection, de renvoyer les
catholiques à leurs fondamentaux, à ce qui fait le cœur même de l’existence
chrétienne. La mission fait partie de ces fondamentaux. La mission, quoi qu’en
pense certains, n’est pas l’apanage d’une caste sacerdotale et
religieuse : elle est inscrite au cœur même de notre baptême. Le thème
retenu pour ce mois missionnaire pour toute l’Eglise nous le redit à sa manière :
Baptisés et envoyés : l’Eglise du Christ en mission dans le monde.
Au commencement de tout, il y a donc
le baptême. C’est juste de dire que le baptême nous introduit dans
l’Eglise ; c’est tout aussi juste de dire que le baptême fait de nous des
fils de Dieu le Père. C’est encore juste de croire que le baptême nous
configure au Christ, nous identifie à lui, fait de nous des autres Christ. Mais
n’oublions jamais que si le baptême réalise bien tout cela, il nous oblige à un
style de vie conforme. Le baptême, comme chacun des sacrements d’ailleurs,
n’est pas donné au seul bénéfice du récipiendaire. Les sacrements sont toujours
célébrés au bénéfice de l’Eglise qui en vit. Quelqu’un est baptisé ; et
voilà que toute l’Eglise, en chacun de ses membres, est renvoyée à sa manière
de vivre son baptême et à sa capacité à témoigner du Christ qui l’appelle à sa
suite, à la rencontre de Dieu, sous la conduite de l’Esprit Saint. Le baptême
nous met en route ; il ne nous installe pas dans une foi confortable. Nous
identifiant au Christ, il nous invite à vivre comme le Christ, entièrement
donné à Dieu et aux frères, en mission permanente. Un baptisé qui, par son art
de vivre, n’annoncerait pas le Christ et ne donnerait pas envie de vivre selon
la parole du Christ, manquerait à son devoir élémentaire.
Ecoutons ce que disaient les Pères
conciliaires dans le décret Ad gentes du Concile Vatican II : au
chapitre deux, est rappelé ce qu’est l’activité missionnaire de l’Eglise qui
nous incombe à tous. En premier lieu, il s’agit du
témoignage de vie et du dialogue nécessaire avec ceux qui ne connaissent pas le
Christ comme celui qui sauve les hommes. Le décret affirme : « Tous les fidèles, partout où ils vivent,
sont tenus de manifester, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur
parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême et la force du
Saint-Esprit qui les a fortifiés par la confirmation, afin que les autres,
considérant leurs bonnes œuvres, glorifient le Père (cf. Mt 5, 16) et perçoivent plus
pleinement le sens authentique de la vie humaine et le lien universel de
communion entre les hommes » (A.G. n°11). Avant d’engager les non croyants ou les
croyants autrement, l’activité missionnaire engage d’abord les catholiques à un
style de vie qui reflète leur foi. Ceci ne peut se faire sans un dialogue
authentique, à la manière du Christ lui-même. Ecoutons encore les Pères
conciliaires : « Le Christ lui-même a scruté le cœur des hommes et
les a amenés par un dialogue vraiment humain à la lumière divine ; de même ses
disciples, profondément pénétrés de l’Esprit du Christ, doivent connaître les
hommes au milieu desquels ils vivent, engager conversation avec eux, afin
qu’eux aussi apprennent dans un dialogue sincère et patient, quelles richesses
Dieu, dans sa munificence, a dispensées aux nations ; ils doivent en même temps
s’efforcer d’éclairer ces richesses de la lumière évangélique, de les libérer,
de les ramener sous la Seigneurie du Dieu Sauveur » (A.G. n°11).
Témoignage de vie et dialogue sincère avec les autres pour donner le goût du
Christ, deux axes que nous pouvons développer dans l’ordinaire de notre vie.
L’activité
missionnaire des baptisés ne vise donc pas d’abord à convertir le voisin ;
Dieu seul convertit les cœurs. Mais elle consiste à sortir de notre zone de
confort pour aller à la rencontre de l’autre. Plus les baptisés vivront en
chrétiens, plus le Christ sera connu des hommes. Plus les baptisés oseront
rendre compte de celui qui les fait vivre, plus le Christ sera reconnu par les
hommes comme pouvant être celui qui donne sens à leur vie. Il ne s’agit pas de
stratégie, ni de plan d’action à développer, mais simplement de vivre en
honnête homme et en honnête disciple du Christ. Paradoxalement, il semblerait
que cela soit plus facile quand nous sommes moins nombreux. Là où les chrétiens
sont minoritaires, ils ont moins de difficulté à vivre cette mission ordinaire.
Peut-être que la crise que traverse l’Eglise aujourd’hui vient du fait,
qu’ayant été majoritaires, les chrétiens ont cru que tout allait de soi, qu’il
n’y avait plus de témoignage à apporter. Le problème est qu’un chrétien qui ne
témoigne plus, est un chrétien qui s’éloigne du Christ. Et quand trop de
chrétiens ne témoignent plus, c’est le monde lui-même qui s’éloigne du Christ,
puisque plus personne ne voit ni ne comprend ce que le Christ peut apporter aux
hommes.
Pour
nous sentir à nouveau envoyés par le Christ pour témoigner de lui, il nous faut
comprendre à frais nouveau ce que signifie le baptême que nous avons reçu et à
quoi il nous engage. Il n’est pas un moment de notre vie ; il est notre
vie ! Il est notre style de vie ! Revenons à la source de notre
baptême pour repartir, joyeux et confiants, à la rencontre du monde où le
Christ nous précède. Amen.
(Affiche officielle du Mois missionnaire extraordinaire)
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