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samedi 21 mars 2020

4ème dimanche de Carême A - 22 mars 2020

Dieu nous apprend le regard.







C’est curieux comme les événements que nous vivons influencent notre manière de comprendre les Ecritures, et comment les Ecritures peuvent influencer notre manière de vivre les événements qui se présentent à nous. De quoi parlent nos lectures en ce quatrième dimanche de Carême ? De ténèbres et de lumière, de regard porté sur les hommes ou sur les événements. N’est-ce pas ce que nous vivons, ce que vivent les hommes dans le monde entier en ce moment-même ? 

Le monde s’est transformé en vaste prison, tout le monde étant reclus chez lui à cause d’une chose invisible, microscopique dont personne n’a voulu voir le danger au départ. Tant que c’était loin, en Chine, cela ne nous concernait pas. Les premiers avions ont pu atterrir et leurs passagers débarquer sans précaution particulière. Tous, nous n’avons voulu voir là qu’une grippe un peu plus virulente, encouragé en cela par des discours qu’on peut qualifier aujourd’hui de mensongers. L’homme et sa toute-puissance ne saurait être remis en cause par cette « chose ». Ceux à qui il appartient d’observer, de veiller, ont mal regardé, mal jugé et nous voici tous prisonniers, à cause de leur courte vue. J’ai bien conscience, en écrivant ces mots, que je porte là un regard particulier, très humain, sur les événements qui nous bouleversent tous. Que voulez-vous : marqué par les mensonges successifs de ceux qui nous ont gouvernés lors d’autres crises (je pense ici aux premiers attentats et cette assurance donnée par le chef d’Etat d’alors que rien ne changerait à notre manière de vivre alors que tout a changé – venez à Strasbourg en décembre et vous verrez), je ne peux qu’être en colère aujourd’hui. Comment n’avons-nous pas pu voir la catastrophe qui s’annonçait ? Comment tant d’experts rédigeant de prodigieux rapports chaque année ont-ils pu nous aveugler et faire prendre le risque de diminuer nos stocks de masques, sous prétexte que la bienheureuse mondialisation saurait nous fournir en temps utile ? Nous voyons tous aujourd’hui ce qu’il en est ! Comment encore ceux qui gouvernent les différents pays d’un même continent peuvent-ils continuer à prendre des décisions individuelles et nationales plutôt que de s’accorder sur une politique commune ? Est-ce trop demander de regarder ensemble un problème pour y apporter une solution profitable à tous ? Si gouverner c’est prévoir, alors tous ceux qui gouvernent dans le monde aujourd’hui ont failli. Oui, tel est mon regard à hauteur d’homme sur les événements que nous vivons. 

Mais je peux regarder les mêmes événements avec la hauteur qui eut été nécessaire à d’autres. Je peux apprendre de Dieu à regarder ces événements autrement. Non comme les disciples face à l’aveugle-né dont ils croisent la route : Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Ne spiritualisons pas trop vite. Ce serait sans nul doute une impasse. La réponse de Jésus est claire : Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Vous regardez mal les choses, vous regardez mal cet homme, dit Jésus. Cet homme aveugle peut être une occasion de voir Dieu à l’œuvre. Parce que Dieu ne peut se contenter de voir le Mal surgir sans rien faire. Il en est de même pour nous aujourd’hui. Nous pouvons regarder toutes les contraintes qui s’imposent à nous, cette restriction de notre liberté pour une durée indéterminée, et nous en plaindre. Mais cela ne revient qu’à rajouter du mal au mal. Nous pouvons aussi apprendre de Dieu un regard nouveau et ouvrir les yeux sur notre monde, sur ces dysfonctionnements et décider de vivre autrement, collectivement, de sorte que chacun soit pris en compte. Nous pouvons, comme beaucoup le font heureusement déjà, réapprendre la solidarité avec les plus faibles que nous ne voyions plus avant. Nous pouvons réinventer notre monde, nos relations, pour qu’elles soient davantage conformes à cette fraternité que Dieu nous demande de vivre. Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon, avertit Paul dans sa lettre aux Ephésiens. Mais dit-il aussi, conduisez-vous comme des enfants de lumière. 

Puisque nous croyons en Dieu, puisque nous sommes enfants de Dieu par le baptême, prenons notre part dans cette lutte contre les ténèbres qui envahissent notre monde. Acceptons cette claustration nécessaire pour résister au mal invisible qui se répand, entrainant la mort pour quelques-uns de nos frères et sœurs en humanité. Et redoublons d’effort dans la prière ; redoublons d’effort dans la solidarité. Redoublons d’effort en humanité pour que jaillisse cette lumière qui nous vient déjà du Ressuscité. Amen.

(Arcabas, Détail d'un vitrail de l'église ND des Neiges, Alpes d'Huez, Jésus guérit l'aveugle de Bethsaïde)




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