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dimanche 10 octobre 2021

28ème dimanche ordinaire B - 10 octobre 2021

 Rassasie-nous de ton amour au matin.





        Comment prêcher encore après que le tsunami provoqué par le rapport de la CIASE ait tout emporté ? Comment prendre la parole quand il semble qu’il ne reste rien d’audible de la part de l’Eglise ? Comment annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ quand tant de prêtres l’ont détournée pour commettre l’inadmissible en toute impunité ? Cette parole dont nous faisons notre délice, semble soudain bien amère ; nous expérimentons ce que souligne l’auteur de la lettre aux hébreux : la Parole de Dieu est plus coupante qu’une épée à deux tranchants. Partirons-nous en pleurant comme le jeune homme de l’évangile ? 

            En voilà un dont la Parole de Dieu faisait les délices également. Il cherche Dieu, réellement ; il vit de la Parole de Dieu, réellement. A Jésus qui lui rappelle les commandements, il répond, honnêtement : Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. Et nous pouvons le croire. Comme nous pouvons croire sincère sa recherche de plus. Cette Parole à vivre dans l’Alliance au Dieu unique et vrai lui semble ne pas combler tout-à-fait son attente, sa recherche spirituelle. Ce n’est pas un extrémiste, mais juste quelqu’un qui a compris que la Parole, quand elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, creuse toujours davantage la soif de l’homme. Il recherche une perfection dans l’expression de foi. Il veut être assuré d’avoir la vie éternelle en héritage. Remarquez l’admiration de l’évangéliste qui note sobrement : Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. N’est-ce pas déjà avoir la vie éternelle en héritage que d’être aimé par Jésus ? En un verset, Marc nous dit que Jésus reconnaît que cet homme qui est venu vers lui, ne feint pas. Il est vrai dans sa recherche ; il est vrai dans sa pratique religieuse. Et puisqu’il cherche plus, Jésus lui propose un pas de plus, le pas ultime : Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis vient et suis-moi. Une radicalité évangélique qui ne vise pas la destruction de l’autre, mais une purification personnelle pour mieux suivre Jésus. Elle se traduit par les épousailles avec Dame Pauvreté. Autrement dit, ne s’attacher à rien pour mieux suivre Jésus. Certains pourraient croire que Jésus annonce deux choses : 1. Vendre ce qu’il a ; et 2. Suivre Jésus. Mais en fait, il s’agit d’une seule et même chose : se détacher de tout pour pouvoir suivre Jésus. Pour le dire autrement : à eux dont la simple observance de la Loi de Dieu ne suffit pas, il est proposé l’abandon total en Jésus. Ce n’est pas l’unique voie : Jésus lui a bien rappelé l’ordinaire des choses à faire pour avoir la vie éternelle en héritage (le respect des commandements). Et cette voie extrême n’est pas faite pour tout le monde : le jeune homme s’en alla tout triste, et Jésus ne le retient pas ; il ne lui propose pas de discount ! Il le laisse partir. Ainsi est l’amour de Jésus pour nous ; il ne nous force pas, il ne nous retient pas. Mais il nous attend, toujours. 

            Face au scandale qui a éclaté, certains sont tentés de partir : un seuil inacceptable a été franchi avec ces crimes ; on ne peut plus suivre. D’autres font le choix de la disjonction : Jésus oui (on continuera de l’aimer, de le prier) ; son Eglise, non. Il ne s’agit pas de juger ; c’est un constat, basé sur les nombreuses réactions après la publication du rapport de la CIASE et largement rendues public par les médias. C’est un fait. Je veux croire qu’il existe cependant une autre voie, celle empruntée par le psalmiste, qui consiste à dire : rassasie-nous de ton amour au matin. Au matin, c’est-à-dire quand toutes choses sont faites nouvelles après la nuit et les ténèbres. Je comprends ce verset du psaume 89 (90) comme la nécessité de reconnaître que nous sommes dans les ténèbres ; et il nous faut les accepter. Il nous faut accepter la honte qui les accompagne ; il nous faut accepter une part de silence qui s’impose à nous devant l’énormité des choses révélées. Mais il nous faut espérer en même temps que Dieu saura refaire toutes choses nouvelles t le prier de faire ainsi ; il nous faut croire qu’à la nuit du péché succède l’aurore d’un jour nouveau, l’aurore d’une réconciliation. Alors l’amour que Dieu nous porte nous rassasiera à nouveau. Ce temps des ténèbres n’est pas un temps sans Dieu, bien au contraire. Il doit être un temps pour retrouver le goût de cette Parole qui nous fait discerner ce qui est bon et rejeter ce qui est mal. C’est un temps pour revenir au B.A.-BA de notre foi pour retrouver l’essentiel et être capable de suivre à nouveau, joyeusement, celui qui a offert sa vie pour nous, Jésus le Christ, au sein de l’Eglise, le peuple qu’il rassemble pour le conduire à son Père. 

            L’opprobre est tombée sur l’Eglise ; c’est un fait. Le contraire eut été surprenant. Cela nous rend mal à l’aise ; c’est plutôt heureux. Cela signifie bien que nous ne sommes pas hors-sol ; nous ne sommes pas indifférents à ce qui est arrivé. Et surtout nous cherchons à changer les choses ; nous cherchons à changer nous-mêmes. L’histoire de l’Eglise a été ternie par ce péché de quelques-uns ; mais l’histoire de l’Eglise est riche de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui ont fait progresser l’humanité. Nous pouvons choisir d’être de ceux-là pour que resplendisse à nouveau le visage de l’Eglise quand elle est fidèle à sa mission. Alors le monde entier sera rassasié de l’amour du Seigneur. Alors nous passerons à nouveau nos jours dans la joie et les chants. Amen.

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