Réjouissez-vous avec Jérusalem !
Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Ce cri du prophète Isaïe, il nous faut le faire nôtre, plus que jamais. Il nous redit la confiance que nous pouvons avoir en Dieu dans les moments difficiles de notre histoire. Il nous redit que rien n’est jamais fini de notre espérance.
Quand il est prononcé pour la première fois, Jérusalem ne va pas bien du tout. En fait, il ne reste rien de la belle ville de David, à part quelques ruines. Il y a longtemps, en punition des nombreux péchés du peuple, la ville fut rasée par Nabuchodonosor, ses habitants emmenés en exil. Le peuple que Dieu s’était choisi n’existait plus ; le Dieu d’Israël lui-même semblait vaincu par les dieux étrangers. La défaite était totale ; la désolation était absolue ; l’espoir était vain. Il faudra le temps de l’effacement, le temps de la conversion pour que ce cri : Réjouissez-vous avec Jérusalem ! puisse non seulement être poussé, mais encore être entendu. Car le prophète ne prêche pas dans le désert ; il prêche à des hommes et à des femmes qui attendaient à nouveau un signe de Dieu, lui qui jadis avait entendu le cri de son peuple opprimé en Egypte. Ce cri d’Isaïe vient redonner courage et annoncer que Jérusalem sera reconstruite, que la période de l’exil est terminée, que l’humiliation du peuple est effacée et que ses nombreux péchés sont pardonnés.
Comprenez-vous alors pourquoi je vous ai dit qu’il fallait que nous fassions nôtre ce cri ? Nous avons toutes les raisons de désespérer. Depuis la publication du rapport Sauvé, l’Eglise de France est comme sonnée et les affaires semblent succéder aux affaires. Après le retrait des archevêques de Lyon puis de Paris, la visite apostolique du diocèse de Toulon qui a conduit à la suspension des ordinations dans ce lieu, les fermetures définitives de quelques communautés nouvelles, voici la visite apostolique de notre diocèse. Elle commence à peine, mais nombreux sont ceux qui, ne sachant rien, n’hésitent pourtant pas à spéculer et à répandre le venin de la discorde et de la suspicion. Ajoutez à cela le fait qu’il n’y a eu qu’un seul prêtre ordonné cette année et aucun diacre en vue du sacerdoce, et vous pouvez en conclure, comme le font certains, que tout va mal dans notre belle Eglise d’Alsace. Il est urgent que nous retrouvions l’espérance ; il est urgent de nous réjouir de ce qui se fait de bien, dans notre communauté comme ailleurs dans le diocèse ; il est urgent de se réjouir d’être croyant ; il est urgent de retrouver notre confiance en Dieu qui peut tout et qui n’abandonne jamais son peuple. Un croyant qui désespère est un croyant perdu.
Pour retrouver l’espérance, il nous faut revenir à l’enseignement de Jésus et à la mission qu’il a confiée à ses disciples. L’Evangile de ce dimanche est on ne peut plus clair : Dites-leur le règne de Dieu s’est approché de vous. Nous n’avons rien d’autre à dire, rien d’autre à faire, pas même et surtout pas à chercher à les convertir : cela est l’œuvre de Dieu lui-même. Lui seul peut toucher les cœurs, lui seul peut convertir. Mais nous pouvons et devons témoigner de ce règne de Dieu devenu proche des hommes. Nous le ferons par notre espérance ; nous le ferons par notre art de vivre en fraternité ; nous le ferons par notre confiance sans faille en Dieu, notre Père, en Jésus, notre Sauveur et en l’Esprit qui nous fait vivre en frères. Il n’y a même pas à insister auprès de ceux qui refuseraient de nous entendre, juste à leur redire : Sachez-le, le règne de Dieu s’est approché. Et n’oublions pas la première parole à dire avant même l’annonce du règne de Dieu : Paix à cette maison ! L’œuvre de Dieu que nous avons à propager, c’est fondamentalement la paix entre tous, la paix pour tous. Ce n’est pas la peine de vouloir parler de Dieu si notre but est d’engendrer des conflits. Notre devoir premier, c’est la paix et l’annonce du règne de Dieu qui est toujours un règne de paix. Dieu ne peut pas régner dans les cœurs agités, dans les cœurs qui se font la guerre. Souvenons-nous du message des anges quand Dieu est entré dans le monde en son Fils Jésus. Il résonnait ainsi : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! Il n’y a là rien de difficile à comprendre, me semble-t-il ! Invoquer Dieu pour faire la guerre et pour détruire l’homme est une hérésie doublée d’un blasphème, et ce dans toutes les religions.
Au
moment où nous entrons en vacances et profitons d’un temps de repos bien
mérité, demandons à Dieu cette paix du cœur et cet art de vivre en frères qui
nous fera annoncer son règne par notre vie simple et ordinaire. Puissent les
hommes et les femmes que nous rencontrerons, découvrir à travers nous ce règne
de Dieu devenu proche des hommes. Qu’ils soient croyants ou non, qu’ils soient
engagés à construire avec nous un monde plus juste et plus fraternel, un monde
plein d’espérance en demain qui vient. Amen.
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