Revenez à moi, je vous rends libres !
Mercredi, le prophète Joël nous
invitait à revenir au Seigneur. Durant tout le temps du Carême, nous découvrirons
chaque dimanche une raison particulière de revenir au Seigneur et nous écrirons
ainsi notre Bonne Nouvelle pour aujourd’hui, celle qui fait que nous voulons
refaire le choix de Dieu. Car Dieu ne veut pas juste être un « truc en
plus » dans notre existence, il veut nous mener à la joie d’être sauvé.
Commençons le chemin qui nous fera revenir au Seigneur, dans la joie et les
chants.
Une des grandes aspirations de l’homme, c’est sa liberté. Notre nation en est bien consciente, elle qui a choisi de faire de ce mot le premier de sa devise. Toute la question est alors de savoir définir cette liberté. Suis-je vraiment libre, au point de faire et dire tout ce que je veux, quand je veux ? Nous savons bien que non. La sagesse populaire nous rappelle ainsi que ma liberté s’arrête là où commence celle des autres. Et nous avons tous fait l’expérience collective d’une privation de liberté d’aller et venir lors de la pandémie liée au COVID. La liberté absolue n’existe pas, sauf à devenir un tyran et à se garantir une liberté absolue personnelle au détriment de celle des autres. Pour que le plus grand nombre puisse connaître un début de liberté, chacun doit renoncer à une part de la sienne. Ainsi, nous avons renoncé à l’esclavage, nous avons renoncé à une liberté d’expression absolue parce que nous estimons que toutes les opinions ne sont pas bonnes à partager. Nous voyons bien que ce qui est mauvais réduit sensiblement notre liberté. Et je ne parle pas des addictions qui peuvent nous donner l’illusion de la liberté alors qu’elles nous enchainent à elles, nous enferment dans un monde imaginaire. Face aux nombreuses tentations, nous ne faisons pas toujours mieux qu’Eve qui se laisse avoir par le discours trompeur du serpent. Et quand elle et son mari ont transgressé la Loi de Dieu, ils se rendirent compte qu’ils étaient nus, c'est-à-dire qu’ils n’ont rien gagné de ce qu’ils avaient espéré, et qu’ils ont perdu beaucoup. La suite du récit nous les montre se cachant de Dieu, remplis qu’ils étaient de peur et sans doute aussi de honte. La liberté serait-elle une conquête vaine ?
Regardons alors Jésus qui, lui-aussi, se voit assailli par le tentateur. Le diable sait qui est Jésus (le Fils de Dieu), et donc de quoi il est potentiellement capable. Et c’est d’ailleurs là qu’il appuie pour tenter Jésus : Si tu es Fils de Dieu, fais comme je dis… Il met Jésus en demeure de prouver sa prétention à être envoyé par Dieu. C’est une version primitive du petit jeu : cap’, pas cap’. Un combat de coq que Jésus refuse. Sa liberté, il ne la place pas dans la preuve de celui qu’il est, mais dans l’obéissance à l’Ecriture, dans l’obéissance à la parole de ce Père qui l’a envoyé. Il ne provoque pas le mal, il lui fait obstacle : ce que tu demandes, il n’est pas bon que je le fasse parce que l’Ecriture dit autrement. Là où Eve avait échoué, Jésus réussit : il reste le gardien de la Parole confiée. La liberté de Jésus n’est pas dans ce qu’il serait capable de faire (changer des pierres en pain, obliger Dieu à intervenir en sa faveur et obtenir avant son heure la gloire de tous les royaumes du monde) ; non, sa liberté, il la met en Dieu, en sa Parole, et ce faisant, il nous invite à faire de même. C’est parce qu’il a fait le choix de Dieu qu’il est libre ; c’est parce qu’il a fait le choix de Dieu que le mal n’a pas de prise sur lui et que le diable finit par le quitter.
C’est une partie de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Notre liberté, nous n’avons pas à la conquérir, notre liberté nous sommes invités à l’accueillir. Elle est un don que Dieu nous fait, en Jésus Christ. Souvenez-vous de ce cantique ancien : Dieu fait de nous en Jésus Christ, des hommes libres. Tout vient de Lui, tout est pour Lui ; qu’Il nous délivre ! Cette liberté offerte nous fait renoncer à nos rêves de grandeur et de puissance. C’est une liberté qui fait de nous des fils et des filles du Dieu Très-Haut, lui qui nous a appelés à la vie et qui nous veut vraiment libres. Il n’y a pas de liberté dans le mal ; il n’y a pas de liberté dans la puissance. Il n’y a de liberté vraie qu’en Dieu parce que lui seul nous donne la force de résister à ce qui détruit l’homme, à ce qui opprime l’homme, à ce qui divise les hommes. Je suis vraiment libre lorsque je renonce à mon désir d’être mon propre Dieu et que j’accepte d’être fils de ce Dieu d’amour, compatissant, miséricordieux, qui ne veut pour moi que le meilleur. Paul nous le fait bien comprendre dans sa lettre aux Romains : de même que par la désobéissance d’un seul être humain (Adam) la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul (le Christ) la multitude sera-t-elle rendue juste. La désobéissance d’Adam ne nous a pas rendus libres, mais esclave du péché. L’obéissance du Christ fait de nous des justes, des êtres souverainement libres parce non soumis au péché qui enchaine l’humanité. Suivre la voix du tentateur ne rend jamais libre ; au contraire, elle nous enferme, nous coupe des autres, toujours. Suivre la voix de Dieu nous libère parce qu’elle nous ouvre aux autres, nous fait veiller sur eux en semant le bien et l’amour.
Entre une liberté qui mène à la mort, celle
proposée par l’adversaire, et une liberté qui conduit à plus de vie, celle
proposée par Dieu, j’ai fait mon choix. C’est un choix à refaire chaque jour,
tant il est vrai que le diable ne quittera notre vie qu’à la fin des temps. Il est
comme un lion qui rugit, il va et vient à
la recherche de sa proie. Résistons-lui avec la force de la foi, avec cette liberté que donne notre foi. Amen.
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