Jésus, mort et ressuscité, source de notre joie.
Durant tout le temps pascal, nous entendrons, en deuxième lecture, la première lettre de Pierre, qui s’adresse à des chrétiens disséminés, persécutés ou à tout le moins marginalisés, et qui n’ont déjà plus connu Jésus de son vivant. En cela, son contenu peut nous intéresser et redonner sens à notre foi, dont il faut bien dire qu’elle est en perte de vitesse en Occident. Les chrétiens, que la France laïque essaie depuis la Révolution de marginaliser, renvoyant leur foi à la sphère strictement privée, trouveront dans cette épître de quoi redonner sens et force à leur foi, en ce temps pascal.
Le passage que nous avons entendu commence par une longue bénédiction qui nous redit que Dieu nous fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts. Elle donne d’emblée une tonalité pascale à cette lettre. Et il nous faut bien entendre le vocabulaire utilisé. Il est question d’abord de renaissance : le mystère pascal que nous célébrons et qui fonde notre foi, nous fait naître à l’homme nouveau grâce à la résurrection de Jésus. Cet acte radicalement nouveau a un impact direct sur notre vie. Elle en est bouleversée, renouvelée ; et c’est notre baptême qui nous rend participant de cette nouveauté. Cette renaissance nous donne accès à l’héritage (autre mot à retenir) qui nous est réservé dans les cieux. En passant la mort, en nous ouvrant à la vie nouvelle, Jésus, le Fils unique de Dieu, son héritier, fait de nous des co-héritiers. C’est dire la dignité qui est la nôtre depuis notre baptême. Et, nous dit Pierre, en vue de cet héritage, Dieu veille sur nous, il nous garde par la foi. Entendez bien et convertissez votre regard. Nous croyons souvent que c’est nous qui gardons Dieu dans notre vie par la foi qui est nôtre ; et bien non, nous dit Pierre, c’est tout le contraire : Dieu nous garde par la foi. Elle est le don par lequel nous sommes dans la main de Dieu. Parce que nous prenons conscience de ce mystère du salut opéré en Jésus, par Dieu qui nous garde, nous exultons de joie. La source de notre joie est la source de notre foi : Jésus, mort et ressuscité pour notre salut. Et cette joie est si grande qu’elle nous fait tenir dans les tribulations et les souffrances que nous pouvons connaître.
L’auteur ne développe pas une vision doloriste de la vie chrétienne. Il ne dit pas qu’il nous faut souffrir pour être sauvés. Il dit : lorsque vous souffrez, souvenez-vous de Jésus, mort et ressuscité pour votre vie ; en lui est le salut, en lui est votre joie, même et surtout au milieu des épreuves. Ce n’est pas un appel à être heureux parce qu’on souffre, mais un appel à vivre nos souffrances en n’oubliant pas à quoi nous sommes appelés : un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. La mort et la résurrection du Christ, en nous rappelant à quel héritage nous sommes promis, nous donne la force de traverser les épreuves de la vie, en conservant au fond de notre cœur la joie du salut. Il nous faut nous attacher au Christ vivant, lui que nous aimons sans l’avoir vu. Le salut n’est pas hors d’atteinte ; le salut est au bout de notre chemin de foi. Il nous est offert ; il est offert à quiconque croit que Jésus, celui qui était mort, est ressuscité et qu’il est notre vie et notre joie. J’insiste sur ce point parce que j’ai été marqué hier par la rencontre avec un homme qui est venu se confesser. Après la confession, nous avons discuté un peu ; il était anxieux au sujet de ses parents décédés, pour qui il avait fait dire de nombreuses messes. Il désirait pour eux le paradis. Seulement voilà, une « voyante » lui a dit que malgré ses nombreuses messes, ses privations offertes en sacrifice de réparation pour ses parents, ceux-ci se trouvaient toujours au purgatoire. Certes, ils avaient progressé un peu. Mais quand même, disait-il, est-ce que les messes que je fais dire servent réellement à quelque chose ? Sa foi vacillait parce que des pseudos voyants lui disaient qu’il n’en a pas fait assez pour ses parents. Il en a perdu la joie de la foi ! La lettre de Pierre nous invite au contraire à la joie et à la foi, avec la promesse du salut. Dieu nous a faits pour la vie, ici-bas certes ; mais il nous a surtout faits pour la vie avec lui dans le Royaume. C’est notre héritage ! C’est le don de notre foi aboutie ! Comment pouvons-nous douter de Dieu, de sa bonté, de son projet amoureux pour nous ?
Il est urgent de retrouver cette
joie toute pascale. Jésus, mort et ressuscité, serait allé à la croix pour rien
si cet événement unique ne transformait pas notre vie. Jésus aurait souffert
pour rien si notre salut n’était pas au bout du chemin pour nous, par la foi
dans laquelle Dieu lui-même nous garde. Notre baptême nous a identifiés au Christ
mort et ressuscité, faisant de nous les héritiers de ce qui est à Dieu :
la vie éternelle. L’eucharistie nous fait proclamer la mort et la résurrection
de Jésus et notre attente de son retour dans la gloire. Elle est le sacrement qui
nous donne un avant-goût de la joie qui sera nôtre au Paradis. Célébrons le Christ
mort et ressuscité, et que vive notre joie, aujourd’hui et toujours, parce qu’elle
est la joie de nous savoir sauvés, même quand notre vie est difficile. Amen.
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