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samedi 22 avril 2023

3ème dimanche de Pâques A - 23 avril 2023

 Jésus, celui qui nous donne du prix aux yeux de Dieu.





 

 

 

            Chaque année, le temps pascal nous donne de lire en continu une lettre d’Apôtre. Cette année, c’est la première lettre de Pierre, une lettre écrite pour des chrétiens dispersés, marginalisés. En cela, elle peut nous intéresser et nous permettre de découvrir toujours mieux qui est le Christ pour nous. Après nous avoir rappelé dimanche passé que Jésus, mort et ressuscité, est la source de notre joie, voici que l’auteur nous fait comprendre que Jésus est celui qui nous donne du prix aux yeux de Dieu. 

            L’argumentaire du passage entendu est simple et efficace. Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ. Il faut nous souvenir ici de ce discours théologique qui fait de l’humanité l’esclave de la mort et du péché. Ce discours trouve ses racines déjà dans le Premier Testament. Par sa désobéissance au projet que Dieu portait pour lui, Adam a fait entrer le péché dans le monde. Il lui est désormais soumis. Nombreux seront les actes de Dieu qui annonceront le salut, c'est-à-dire la libération définitive de l’humanité de ce péché. Ainsi, pour ne prendre que ce texte entendu au cours de la liturgie de la nuit de Pâques, la libération d’Egypte signifie tout autant la libération de l’esclavage réel du peuple hébreu en Egypte, que sa libération des forces du mal. Mais cette libération ne fait qu’annoncer le salut définitif. Le peuple, en marche vers la terre promise, ne manquera pas de se rebeller contre Dieu à la première occasion. Le salut définitif viendra du sang versé par le Christ sur la croix. Nous n’avons pas été rachetés par de l’argent ou de l’or, mais bien par le sacrifice du Christ. Ainsi, notre prix est bien plus élevé. Tout l’or du monde n’aurait pas suffi à racheter l’humanité aux yeux de Dieu. Mais le sacrifice consenti de son Fils, voilà qui donne à Dieu notre prix. L’obéissance d’un seul pour racheter la désobéissance d’Adam qui a entrainé notre désobéissance à tous. Nous ne mesurons pas, ou nous mesurons à tout le moins mal, le prix que nous avons aux yeux de Dieu à cause de Jésus ! 

            Ce prix de rachat, donc le sang versé par Jésus pour nous sauver, entraîne notre foi, dit la lettre de Pierre : C’est par lui [Jésus] que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire. Notre foi repose sur cette certitude que Jésus n’a pas racheté les esclaves que nous étions pour que nous soyons esclaves de Dieu, mais pour que nous devenions des hommes et des femmes libres, désormais. Libres de vivre à la hauteur de Dieu ; libres de vivre de l’amour de Dieu ; libres de vivre enfin pour Dieu et en Dieu. Et c’est ainsi qu’il nous faut comprendre l’affirmation initiale du passage entendu aujourd’hui : Vivez dans la crainte de Dieu. Pour celles et ceux qui m’ont entendu ici même hier dire que ni Dieu, ni Jésus ne voulaient nous faire peur, il me faut préciser cette crainte pour que vous n’ayez pas l’impression que j’affirme le contraire aujourd’hui. La crainte de Dieu dont il s’agit, c’est cette reconnaissance de la bonté de Dieu envers nous, de son amour immense pour nous et notre engagement à vivre de cet amour. La crainte de Dieu est ce mouvement qui me fait me reconnaître aimé et qui m’entraîne à aimer en retour de ce même amour. Notre crainte de Dieu se vérifie donc dans notre charité. Non pas que nous aimions parce que nous avons peur de ne plus être aimés de Dieu, mais nous aimons parce que nous nous savons infiniment aimés de Dieu. La mesure de l’amour de Dieu pour nous, c’est la croix du Fils levée pour notre salut. Je redis ce que j’affirmais hier : nous n’avons pas à avoir peur de Jésus ; nous n’avons pas à avoir peur de Dieu. Nous avons à reconnaître que Dieu nous aime, et qu’il a versé un grand prix pour nous sauver : non pas de l’argent ni de l’or, mais son propre Fils, Jésus. Que vaux-tu aux yeux de Dieu ? Depuis Pâques, tu vaux le même amour qu’il porte à son Fils depuis toute éternité. Par Jésus, mort et ressuscité, il te fait fils, il te fait fille de Dieu, au même titre que Jésus. Rappelez-vous, dimanche dernier, il nous appelait les héritiers de Dieu par notre baptême. 

            Je ne peux m’empêcher de croire, en liant cet extrait de la lettre de Pierre à l’évangile des disciples d’Emmaüs, que c’est cela, entre autres choses, que Jésus leur a expliqué, chemin faisant, et qui a réchauffé leur cœur. Car seule l’affirmation de l’amour de Dieu pour nous, peut réchauffer nos cœurs refroidis par le péché et le mal. Seule l’affirmation de l’amour de Dieu pour nous peut nous faire reconnaître la valeur du sacrifice de Jésus et la puissance de vie qui est en lui depuis Pâques. C’est parce qu’il nous aime infiniment que Jésus a vaincu pour nous la mort ; c’est parce qu’il nous aime infiniment qu’il nous ouvre les portes de la vie avec Dieu pour toujours. Comme nous y invite Pierre, mettons notre foi et notre espérance en Dieu qui nous aime ainsi. E avec les disciples d’Emmaüs, avec Pierre au jour de la Pentecôte, annonçons que l’amour de Dieu pour nous n’est pas mort, mais bien vivant en Jésus, le premier-né d’entre les morts. Annonçons-le par nos mots, annonçons-le par toute notre vie. Amen. 


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