Comment connaître Dieu ?
Qu’ont en commun le jeune Samuel et les deux disciples de Jean le Baptiste qui vont se mettre à la suite de Jésus, à part bien sûr le fait d’être du même peuple que Dieu s’est choisi ? Ils vont chacun faire la connaissance de quelqu’un qui va bouleverser leur vie : Dieu pour le jeune Samuel, Jésus, le Christ, pour les deux disciples de Jean le Baptiste. Ils vont, à des siècles d’intervalle, connaître Dieu qui se révèle à eux. Connaître Dieu : n’est-ce pas notre désir, à nous qui nous rassemblons chaque dimanche pour écouter sa Parole et recevoir de lui les dons qu’il veut nous faire ? Mais concrètement, comment cela est-il possible ? Comment connaître Dieu ?
Pour le jeune Samuel, nous l’avons entendu en première lecture, Dieu lui-même l’a appelé. Mais cela ne rend pas les choses simples pour autant. Nous avons vu Samuel courir trois fois auprès du vieux prêtre Eli, pensant que c’était lui qui l’appelait et qui avait besoin de ses services. Il nous manque quelques versets que la liturgie dominicale n’a pas retenu pour comprendre la méprise de Samuel. En effet, dit le texte biblique manquant, la parole du Seigneur était rare en ces jours-là et la vision peu répandue. Comment Samuel, encore enfant, aurait-il pu identifier Dieu, puisque Dieu lui-même parait peu ? Le même texte dit, un peu plus loin (cela, nous l’avons entendu) : Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. Il n’y a donc pas de faute de la part de Samuel. La présomption qu’il fait : c’est Eli qui m’appelle, est totalement justifiée. Le vieux prêtre Eli aurait-il pu savoir ? Sans doute ; d’ailleurs il finira par comprendre que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant, et c’est lui qui donnera à Samuel la bonne réponse à apporter si jamais il entendait encore quelqu’un l’appeler : Va te recoucher et s’il t’appelle, tu diras : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. » Quand on ne connait pas Dieu, quand on n’a jamais entendu la voix de Dieu, il faut quelqu’un pour nous aider à comprendre que c’est Dieu qui nous parle. Il faut quelqu’un pour nous apprendre à répondre à Dieu. Et ce qui vaut pour Samuel, vaut pour chacun de nous : nous devons être attentifs à la Parole du Seigneur, et être prêts à lui répondre.
Pour les disciples de Jean le Baptiste, la démarche est un peu différente. Ils sont déjà croyants en Dieu ; ils suivent Jean le Baptiste dont ils ont reçu le baptême. Avec leur maître, ils attendent celui qui doit venir. Ils ne savent pas qui, ni quand, mais ils font confiance à leur maître. Aussi, quand Jean leur annonce, en voyant Jésus : Voici l’Agneau de Dieu, ils ne se posent pas beaucoup de questions. Ils se mettent en route, ils suivent Jésus. Il a suffi d’une parole mystérieuse de Jean pour qu’ils suivent Jésus. Remarquez leur prudence toutefois. Ils ne s’élancent pas vers Jésus ; ils ne l’apostrophent pas : attends-nous ! Ils ne font même pas comprendre à Jésus qu’ils le suivent. Je crois qu’ils sont surtout curieux ; ils suivent, quelques pas en arrière. C’est Jésus qui remarque qu’il est suivi et qui les interroge. C’est Jésus qui les invite à faire un pas de plus : Venez, et vous verrez. Et de ce jour, ils ne le quitteront plus : ils restèrent auprès de lui ce jour-là. L’un d’eux, André, le frère de Simon-Pierre, va encore plus loin après ce premier jour. Il trouve Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie », et il amena son frère à Jésus. Qu’a-t-il vu auprès de Jésus pour comprendre qu’il est le Christ, et pour risquer son frère dans l’aventure ? Nous ne saurons jamais. Mais cela nous dit quelque chose de notre rôle à nous aujourd’hui : nous avons, comme André, à témoigner de ce que nous trouvons auprès de Jésus. Il n’y a pas de réponse unique que je pourrais vous donner maintenant et qu’il suffirait de répéter. Non, c’est l’expérience personnelle de chacun, sur une parole de foi donnée (Voici l’Agneau de Dieu), qui nous permet de mieux connaître Jésus et de le faire connaître. Si Jean le Baptiste n’avait rien dit, il ne se serait rien passé. Si Jean le Baptiste avait retenu ses disciples, il ne se serait rien passé ce jour-là. Si André n’avait pas suivi et vu quelque chose en Jésus, il n’aurait pas appelé son frère. Ça ne veut pas dire que Simon ne serait jamais venu à Jésus ; ça veut juste dire que cela se serait fait autrement. Ne sous-estimons pas le rôle que nous avons à jouer auprès de nos familles, de nos amis, dans nos quartiers. Si personne ne parle de Dieu au monde d’aujourd’hui, comment ce monde connaîtra-t-il l’amour et la miséricorde de Dieu ?
Nous sommes tous le André de quelqu’un
qui nous révèle un peu plus Jésus ; nous sommes tous le André de quelqu’un
qui a besoin de notre parole pour lui révéler Jésus et l’amener à lui. Nous avons
tous à connaître toujours mieux Jésus, à être curieux de lui ; nous avons
tous à témoigner de lui, à la mesure de ce que nous connaissons, à la mesure de
ce que nous vivons avec lui. C’est ainsi que nous connaîtrons Dieu ; c’est
ainsi que nous le faisons connaître. Car Dieu a voulu avoir besoin de nous pour
parler de lui ; Dieu a voulu avoir besoin de nous pour témoigner de lui et
mener nos frères en humanité à lui. En faisant ainsi, l’humanité retrouvera le
goût de Dieu, le goût d’une vie plus grande. Quand Dieu lui parlera, elle
deviendra la servante qui écoute. Commençons et le monde suivra. Amen.
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