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samedi 27 janvier 2024

Célébration oecuménique - 28 janvier 2024

 Aime Dieu, aime ton prochain.






 

 

            Que dois-je faire pour avoir en partage la vie éternelle ? Cette question d’un docteur de la Loi à Jésus semble sans doute désuète aujourd’hui à nombre de nos contemporains. La vie éternelle n’est pas le souci principal de nos frères et sœurs en humanité. Ce n’est pas qu’ils aient complètement rejeté Dieu, mais Dieu ne les passionne plus. L’indifférence face à Dieu entraîne l’ignorance de l’importance de la vie éternelle. Et je ne suis pas persuadé que pour ceux qui se disent chrétiens, et en la matière leur confession importe peu, la vie éternelle soit une question. De nombreuses enquêtes, réalisées années après années, montrent bien l’érosion de la foi en une vie après la mort, y compris chez les disciples du Christ.           

            Pourtant, je ne peux simplement oublier la question, parce que c’est bien cette question qui nous vaut tout le reste du récit évangélique que nous venons d’entendre. Sans cette question primordiale, il n’est pas de réponse concernant l’amour de Dieu et du prochain. Sans cette question, et le dialogue qu’elle entraîne, il n’y a pas de parabole du bon Samaritain. Puisqu’on ne peut évacuer la question, écoutons la réponse première de Jésus : Dans la Loi, qu’est-il écrit ? Comment lis-tu ? Autrement dit, Jésus renvoie l’interrogateur à son catéchisme. Tout croyant sait, ou doit savoir, ce qu’il faut faire pour avoir en partage la vie éternelle. La réponse jaillit en retour, claire et limpide : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. Il connaît sa leçon. Et nous la connaissons tous, je pense ici. Nous pourrions résumer sa pensée en deux mots : la foi (aimer Dieu) et la charité (aimer son prochain). Dit ainsi, cela semble soudain se compliquer. Aimer Dieu ne pose pas trop de difficulté en général ; mais aimer son prochain, voilà qui rend les choses plus difficiles. L’histoire de nos Eglises respectives en témoignent, en France particulièrement. S’aimer entre catholiques, ou s’aimer entre protestants, n’est déjà pas toujours évident ; mais s’aimer entre catholiques et protestants, voilà qui devient difficile. Je me souviens d’une époque pas si lointaine, au début de ce vingt-et-unième siècle, quand nommé curé d’un village catholique au milieu d’une terre historiquement protestante, je reçois avec stupeur la réaction des habitants de ce village et du village voisin, protestant lui, quand je leur ai annoncé que je serais le curé des deux villages : Comment cela curé d’ici et de là-bas ? C’est impossible, nous sommes villages ennemis ! Nous étions en 2001 ! Sans doute n’y avait-il pas que la dimension religieuse qui jouait dans cette affirmation, mais elle était importante dans ce secteur paysan. Des souvenirs lointains remontaient d’une époque où il fallait éviter qu’un champ catholique devienne protestant et vice-versa ! Il valait mieux se dire ennemi, éviter tout rapprochement pour conjurer cette possibilité ! Le diable se niche toujours dans les détails, n’est-ce pas ! 

            Je ne sais pas si l’homme qui interroge Jésus fait face à une situation semblable, mais voilà que sa réponse de catéchiste, bien que juste, ne lui suffit plus. Et qui est mon prochain ? La question qui semblait close est ainsi relancée. Plutôt que d’y répondre, Jésus raconte la parabole du bon Samaritain et inverse ainsi la question de son interlocuteur. Toute cette histoire ne nous dit pas qui est notre prochain, mais nous fait comprendre que nous avons à nous faire le prochain de quiconque a besoin de nous. Lequel s’est montré le prochain de l’homme qui était tombé sur les bandits ? Si je veux faire un pas de plus, je peux, au regard du catéchisme énoncé (aime Dieu et ton prochain) et de l’inversion faite par Jésus, reformuler les questions ainsi. Qui est mon prochain ? deviendrait : Qui dois-je aimer ?  Et Lequel s’est montré le prochain de l’homme blessé ? peut s’entendre ainsi : Lequel a été aimé le plus par l’homme blessé ? Comprenez-vous pourquoi la charité est compliquée ? Parce qu’il ne s’agit pas tant d’aimer que de se faire aimer ! Comment je peux savoir que j’aime vraiment quelqu’un ? En général, il m’aime en retour ! L’amour vrai est toujours partagé. Nous aimons Dieu parce que Dieu nous aime ; nous aimons ceux qui nous aiment. Et nous savons que nous devons aimer aussi nos ennemis ; c’est l’enseignement constant de Jésus, en parole et en acte ! 

            Quand je m’interroge pour savoir de qui je dois me faire le prochain, je ne peux, dans une fidélité à l’enseignement de Jésus, que parvenir à cette réponse évidente : je dois me faire le prochain de tous ceux que Dieu met sur ma route, qu’ils soient de mon clan, de mon avis, de ma religion, de mon milieu socio-professionnel ou que sais-je encore ! Je dois, pour pouvoir me dire chrétien, aimer tout le monde, et particulièrement les petits, les exclus, les différents, les étrangers et la liste est encore longue à énumérer. Le pape François lui-même, en matière d’œcuménisme, nous invite à un œcuménisme de la charité, de la proximité. Le discours théologique sur l’unité des chrétiens, il est fait, dans l’Eglise catholique depuis le Décret Unitatis Redintegratio du Concile Vatican II. Ce que veut dire le pape, c’est que l’œcuménisme ne peut pas juste être une bonne idée dont on débat une fois par an. L’œcuménisme est à vivre et à faire vivre. Et la charité est le lieu le plus indiqué pour vivre quelque chose ensemble, par-delà nos différences. C’est même la charité que nous aurons les uns pour les autres, et ensemble pour tous ceux qui en ont besoin, qui montrera que nous sommes disciples de Jésus Christ ! Il nous faudra méditer souvent cet appel du Christ à aimer envers et contre tout, que saint Jean a magnifiquement rappelé lorsqu’il nous rappelle que nous ne pouvons pas dire que nous aimons Dieu si nous n’aimons pas nos frères et sœurs en humanité. Je vous renvoie au chapitre quatre de sa première lettre, les versets vingt et vingt-et-un : 20 Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. 21 Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère.

 

            Je vais boucler la boucle pour en terminer ce matin. Pourquoi devons-nous aimer ? Parce que Jésus le demande, certes, mais aussi parce que nous avons le souci de l’autre, pas seulement pour ici-bas. Dans notre manière de nous faire le prochain des autres, nous devons aussi avoir à l’esprit leur vie éternelle, leur salut éternel. Disciples de Jésus Christ, marchant à la rencontre d’un Dieu Père qui nous attend en son Royaume, nous ne serions vraiment le prochain de celles et ceux qui ont besoin de nous, si nous n’avions pas aussi le désir de leur vie éternelle. Et à ceux qui se disent que si tous entrent au Paradis, nous serons trop serrés et que les autres nous prendront notre place, je veux juste dire qu’il sera plus facile d’entrer dans ce Royaume où Dieu nous attend, avec gravés dans notre cœur les visages de celles et ceux dont nous nous serons faits le prochain, qu’avec un cœur vide, gravé de notre seul visage. L’amour entre chrétien n’est pas négociable ; il est le signe que nous sommes réellement de cette Eglise que le Christ a voulu rassembler. L’amour pour tous n’est pas davantage négociable ; il est le signe que nous sommes réellement disciples de Celui qui a donné sa vie pour tous les hommes. Amen.

  


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