Jésus est ressuscité ; il nous envoie son Esprit.
Nous voici donc au terme du temps
pascal. Jésus est ressuscité ; il est monté au ciel auprès de son Père. Aujourd’hui,
il tient sa promesse. Il fait aux hommes le don de son Esprit Saint. Et alors ?
Cela a changé quoi pour les Apôtres ? Cela change quoi pour nous ? La
réponse tient en un seul mot : tout ! Oui, cela change tout !
Voyez les Apôtres. Ils sont tous réunis, selon l’habitude. On pourrait dire que depuis Pâques, ils restent entre eux. Nous pouvons comprendre cela de deux manières : soit ils ont encore peur, ils n’osent pas sortir, soit ils obéissent à Jésus qui a promis l’Esprit Saint, mais qui leur a dit aussi d’attendre ce don avant d’être ses témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. Nous l’avons tous entendu le jour de l’Ascension. La Pentecôte est l’un de ses moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Avec ce don de l’Esprit Saint, le moment est venu pour les Apôtres d’être ce qu’ils doivent être : témoins de la résurrection. Ils en ont été les témoins dans leur groupe jusqu’à ce jour ; ils doivent désormais en être les témoins pour tous les hommes. La résurrection de Jésus n’était pas juste un fait pour les seuls Apôtres, désemparés après la mort en croix de leur Maître et Seigneur. Elle est un événement pour toute l’humanité, de leur époque et à travers le temps et l’Histoire. Que nous partions du principe qu’ils sont restés entre eux par peur ou par obéissance, le résultat est le même ; il est surprenant ! Ces hommes sortent de chez eux et parlent à tous ceux qui sont ici. La longue énumération des peuples présents à Jérusalem ce jour-là, qui entendent les Apôtres, chacun dans son propre dialecte, sa langue maternelle, renforce encore l’idée que quelque chose de neuf et de puissant vient de se réaliser et de commencer surtout. Ce n’est pas un événement isolé ; il est appelé à se répéter, encore et encore, jusqu’à ce que la Bonne Nouvelle de Jésus ressuscité soit parvenue aux bouts du monde. La lecture des Actes des Apôtres nous en a apporté un témoignage saisissant tout au long de ce temps pascal. L’Esprit Saint est ce violent coup de vent et ce feu qui se répand sur les Apôtres. Le vent violent qui pousse vers l’extérieur, le feu qui consume le cœur de l’intérieur, et des Apôtres qui annoncent la résurrection, et de ceux qui entendent la Bonne Nouvelle. Un tel feu ne s’éteint pas ; un tel vent ne se calme pas !
Ce qui a eu lieu pour les Apôtres, a lieu pour nous aussi. Ce même Esprit nous a été donné au jour de notre baptême et de notre confirmation, pour nous pousser vers les autres, le cœur brûlant de l’amour du Christ et des frères. Nous pouvons étouffer en nous ce feu ; nous pouvons résister au vent de l’Esprit ; mais nous ne pouvons pas les chasser de notre vie. Nous vivons de cet Esprit ; nous grandissons dans notre foi par cet Esprit ; nous appelons Dieu « notre Père » à cause de cet Esprit qui nous le révèle ; nous devenons capables de vivre en frères parce que cet Esprit brûle en nous les traces de violence, de jalousie, de haine et que le vent de l’Esprit nous pousse les uns vers les autres. Que nous en soyons conscients ou pas, l’Esprit agit en nous. Il agit plus efficacement sans doute si nous coopérons avec lui et le laissons agir, mais il agit toujours, discrètement. Il est en nous comme le souffle de notre vie ; il est en nous comme ce feu qui éclaire et qui réchauffe ; il est avec nous toujours ! Aucune de nos communautés, aucun croyant ne pourrait vivre sans cet Esprit solidement ancré en lui. Si après des années loin de Dieu, certains recommencent un parcours de foi, c’est parce que l’Esprit en eux n’a jamais vraiment été éteint. Si certains renoncent à la vengeance, c’est parce que l’Esprit leur rappelle de quel amour ils sont aimés, et de quel amour ils doivent aimer. La présence de l’Esprit en moi, c’est cette part de moi qui ne désespère jamais ni de moi, ni des autres. La présence de l’Esprit en moi, c’est cette petite voix qui murmure encore et toujours le nom de Dieu, quand bien même le péché semble avoir envahi ma vie. La présence de l’Esprit en moi, c’est ce courage de dire : je dois changer, je dois devenir la meilleure version de moi-même, pour moi et pour les autres. La présence de l’Esprit en moi fait que je suis capable de reconnaître Dieu quand il passe dans ma vie par une rencontre, une parole, un moment de grâce. Nous avons tous fait l’expérience d’être accompagné, protégé, aimé, sans trop que nous soyons capables de dire par qui ou pourquoi. Laissons l’Esprit Saint vivre en nous, puisqu’il a fait sa demeure en nous. Osons demander à Dieu, en cette Pentecôte, de renouveler en nous ce feu qui brûlait jadis le cœur des disciples d’Emmaüs. Osons demander à Dieu, en cette Pentecôte, de renouveler en nous ce vent puissant qui nous pousse vers les autres pour construire avec eux un monde plus humain, plus fraternel. Nous ne sommes pas faits pour une vie pépère, mais pour une vie avec le Père et le Fils dans la puissance de l’Esprit Saint. Nous sommes faits pour l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi.
Quand nous laisserons à nouveau l’Esprit
vivre en nous, il transformera nos communautés en profondeur et elles
deviendront des signes que Dieu aime le monde et veut pour le monde la joie et
la vie. Vivons dans la force de l’Esprit pour devenir des vivants, à l’image du
Christ, qui est ressuscité, assis à la droite de Dieu et qui nous partage son Esprit,
sa vie, pour aujourd’hui, demain et toujours. Amen.
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