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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 25 janvier 2025

26 janvier 2025 - 3ème dimanche ordinaire C

 Crois-tu cela ?

(Homélie donnée lors de la célébration oecuménique célébrée aujourd'hui dans notre communauté)



(Icône de Nicée, source Wikipédia)





    Crois-tu cela ? En cette année où les chrétiens célèbrent le 1700ème anniversaire du Concile de Nicée qui a défini les mots de la foi chrétienne, c’est le mot d’ordre retenu pour la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Comme nous l’avons entendu dans l’introduction de cette célébration, c’est la question de Jésus à Marthe qui pleure la mort de son frère Lazare. 

        Crois-tu cela ? Lorsque Marthe accueille Jésus qui arrive enfin, elle semble reprocher à celui-ci d’avoir pris le chemin des écoliers plutôt que d’accourir sans délai lorsqu’il a été prévenu de la maladie de son ami : Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Sans doute espérait-elle un geste, une de ces guérisons dont Jésus a le secret. Après tout, Jésus fait presque partie de la famille ; ils l’ont reçu à leur table ; ils ont droit à quelques égards, non ? Jésus ne s’offusque pas de la question et pose une affirmation surprenante : Je suis la résurrection et la vie. Ceux qui croient en moi, même s’ils meurent, vivront, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Il faut oser poser cette affirmation ; il faut oser l’entendre aussi. Et la reconnaître pour vrai. D’où la question de Jésus : Crois-tu cela ? Nous pouvons décliner cette unique question en une multitude d’autres. Crois-tu que je sois plus qu’un ami pour vous ? Crois-tu que je sois plus qu’un prophète ? Crois-tu que je sois plus qu’un grand homme ? Crois-tu que je sois la résurrection et la vie, c'est-à-dire que je viens bien de Dieu, et que je partage avec lui la vie en plénitude ? Cette question unique à Marthe va comme hanter les premiers chrétiens ; elle nous hante, ou devrait nous hanter encore. 

        Crois-tu cela ? Cela fait 1700 ans que les chrétiens ont défini les mots de la foi qui les rassemblent encore aujourd’hui. Ils sont plus forts que nos séparations, plus forts que nos divergences théologiques. Ils sont les mots qui nous font vivre. Cet anniversaire nous renvoie au début d’une période marquée par la foi chrétienne. Ils jaillissent après des années d’enfouissement et de persécution. Ils jaillissent de la Parole de Dieu après des querelles internes pour savoir comment parler justement du mystère de l’Incarnation et du mystère de la Rédemption. Jésus est-il vrai Dieu et vrai homme ? Jésus ne serait-il pas plutôt un grand homme qui a joué à Dieu ? Et si Jésus est réellement Fils de Dieu comme il l’affirme, comment Dieu peut-il mourir sur une croix ? Jésus n’était-il pas plutôt un homme envahi par l’Esprit de Dieu, mais dont l’Esprit s’est retiré avant qu’il ne meure, Dieu ne pouvant pas mourir ? Les querelles sont nombreuses à l’aube de la libération de notre foi, et les querelles qui suivront des siècles plus tard nous semblent alors futiles. Elles ont pourtant donné naissance à des Eglises diverses qui proclament les mêmes mots de la foi que ceux définis à Nicée. 

        Crois-tu cela ? La question n’est pas formulée ainsi au soir du huitième jour après Pâques, lorsque Jésus apparaît une nouvelle fois à ses disciples, cette fois en présence de Thomas. Pendant huit jours, les dix autres disciples ont essayé de le convaincre, de l’amener à la foi en Jésus mort et ressuscité. Mais Thomas, n’ayant pas fait comme eux l’expérience de le rencontrer ; Thomas, n’ayant pas comme eux reçu l’Esprit Saint que Jésus avait soufflé sur eux, Thomas donc résiste : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! Tout ce qu’il demande, c’est de voir comme eux, c'est-à-dire de faire la même expérience qu’eux. Il veut croire, mais à sa manière, à ses conditions, comme les Dix ont cru, à leur manière à la vue des signes. Ne le blâmons pas, Thomas ; nous sommes comme lui. Nous voudrions des preuves, des signes, au moins une prière exaucée de temps en temps pour vérifier que nous ne parlons pas à un tombeau vide ! 

        Crois-tu cela ? C’est la question qui nous est posée par trois fois, lors de chaque nuit pascale, lorsque nous renouvelons la foi de notre baptême. Peut-être avons pris l’habitude de répondre machinalement à ces questions, parce que la liturgie de l’Eglise prévoit que nous disions, comme un seul homme : Je crois. Il faudrait alors que l’anniversaire du Concile de Nicée soit l’occasion de reprendre chez nous, calmement, ce beau texte qui définit la foi des chrétiens et que nous proclamerons ensemble dans un instant. Les catholiques le connaissent bien en latin, puisque c’est le texte que nous proclamons lorsque nous chantons notre foi dans cette langue liturgique. Mais le dire en français devient presque impossible. Je l’ai tenté une fois sur cette communauté de paroisses ; j’ai reçu les critiques les plus vives qui soient, me demandant de justifier l’utilisation de ce texte bizarre et pourtant vénérable. C’est tout juste si l’on ne me reprochait pas de changer la foi de l’Eglise, alors que c’est ce texte qui la définit le mieux. 

        Crois-tu cela ? Ce n’est ni une question pour catholique, ni une question pour protestant, ni une question pour orthodoxe ou anglican ou pour une espèce singulière de chrétiens que nous aurions du mal à reconnaître. C’est la question adressée à tout disciple du Christ, et la réponse à cette question doit être un signe de reconnaissance pour tous ses disciples, sous quelque latitude qu’ils vivent. Je peux voyager n’importe où dans le monde ; si ce texte est proclamé, enseigné, reconnu, je suis chez moi au milieu de ceux qui le disent. Quiconque dit ces mots est chez lui, chez nous. Il est de notre famille, même si son cousin le plus éloigné dans le temps, celui par qui lui a été donné la foi, est Luther si je suis catholique ou n’est pas Luther si je suis protestant. Nous ne partageons peut-être pas la même Eglise, mais nous partageons le même Dieu. N’est-ce pas cela qui importe le plus après tout ? 

        Crois-tu cela ? Si après tant d’années, tant de querelles et tant de déchirures, l’Eglise ne s’est pas effondrée, c’est que Jésus, celui qui la tient et qui y est présent, est bien ce qu’il a affirmé à Marthe. Il est la résurrection et la vie. Il l’est pour les croyants que nous sommes ; il l’est pour nos Eglises qui trouvent en lui, et en lui seulement, le chemin de la réconciliation parfaite, qui est le chemin de la vie parfaite. La foi en Dieu Père, Fils et Esprit Saint vaut plus que les Eglises qui l’enseignent et la confessent. La foi en Dieu Trinité qui nous fait vivre est plus forte que les querelles qui nous séparent encore. Par la grâce de Dieu, un long chemin a été entrepris pour retrouver une pleine communion ; mesurons ces efforts et poursuivons le chemin. A l’heure où le monde moderne semble avoir tiré un trait sur Dieu, nous ne pouvons que reprendre ces mots de Nicée qui nous font chrétiens ; les reprendre, les comprendre, les vivre et les transmettre. Ayons conscience qu’unis dans la diversité, nous vivrons ; mais séparés, enfermés dans nos Eglises respectives, nous mourrons. Tous.

        Crois-tu cela ? La réponse de Marthe est limpide : Oui, Seigneur, je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. Elle lui vaut de retrouver, pour un temps, ce frère mort, mais rendu à la vie pour que la gloire de Dieu soit reconnue à l’œuvre en Jésus. Lorsque Thomas est interpellé par Jésus : Cesse d’être incrédule, sois croyant, celui-ci répond par cette profession de foi qu’aucun autre disciple n’avait faite jusque-là : Mon Seigneur et mon Dieu ! Il faudra presque trois cents ans pour que cette première profession de foi se développe et précise pour tous qui est Dieu, qui est Jésus Christ, qui est l’Esprit Saint. Sans rien perdre de la fraîcheur et de la simplicité des mots de Thomas, poursuivons l’œuvre des premiers Pères conciliaires et approfondissons notre foi. La connaissant mieux, nous l’estimerons davantage ; l’estimant mieux, nous la vivrons davantage ; la vivant mieux, nous la partagerons au plus grand nombre, en parole et en acte. Ainsi le monde pourra croire et parvenir à la vie éternelle. Amen. 


vendredi 17 janvier 2025

2ème dimanche du temps ordinaire C - 19 janvier 2025

 Il y eut un mariage à Cana en Galilée.




(Giotto, Les noces de Cana, Source : Suivre notre actualité - Frères Franciscains du Canada)




Après le temps des fêtes, voici le temps ordinaire qui nous fait chercher Dieu dans ce qu’il y a de plus simple, de plus ordinaire : notre vie quotidienne. Quelle que soit cette vie, Dieu y est présent. Cette année, l’Eglise nous fait commencer ce temps ordinaire avec la proclamation d’un texte tiré de l’évangile de Jean : les noces de Cana. Un moment de fête, certes, mais qui fait partie de l’ordinaire d’une société qui a encore des repères stables. 

En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. Notez la sobriété de Jean quand il annonce l’événement. Ce n’est rien d’extraordinaire. Juste un événement de la vie célébré dans un village de Galilée. Il ne sera pas le seul mariage célébré cette année-là. C’est sans doute un événement pour le jeune couple et leurs familles, mais pas pour les invités. Il y a bien des chances qu’ils soient invités à d’autres mariages. Pour un village comme Cana, à cette époque, c’est une occasion pour tous de se rassembler. Cela fait partie de la vie simple et ordinaire de célébrer avec d’autres une étape de leur vie. C’est dans ce cadre ordinaire que Jean place deux personnes peut-être moins ordinaires pour ses lecteurs. 

        En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Remarquez l’ordre : d’abord Marie, puis Jésus avec ses disciples. J’en déduis que Marie est veuve. Elle est invitée et elle vient avec ce fils qui, selon la loi, veille sur sa mère. Cela nous indique aussi que Jésus n’est pas encore connu pour son métier de prédicateur ; Cana sera un commencement pour lui, un tournant dans sa vie, un tournant dans la vie des hommes. Grâce à ce mariage (ou à cause de ce mariage), Jésus va se faire connaître ; désormais on va parler de lui. Pourquoi ? A cause d’un incident malheureux, une chose qui n’arrive que rarement sans doute.

        En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. Si nous sommes au début du mariage, c’est un drame ! Si c’est à la fin de la noce, cela signifie surtout que les invités auront bien bu. Quoi qu’il en soi, l’affaire semble sérieuse. Cela risque de gâcher la fête et la réputation des familles qui auront été chiches dans leurs prévisions et leur commande. Le cœur de Marie, cœur d’une mère qui aura sans doute renoncé à marier son propre fils, la pousse à intervenir : La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » La première réaction de tout observateur de la scène serait de dire : de quoi se mêle-t-elle ? Et qu’est-ce que son fils peut bien y faire ? A moins qu’il ne soit négociant en vin et que sa boutique ne soit pas trop éloignée, on ne voit pas trop l’intérêt de la remarque. Ce n’est pas elle qui a organisé le mariage ; elle est une invitée comme les autres. Personne ne s’attend à ce qu’elle porte à l’attention de tous ce qui est embarrassant pour ses hôtes. Certes, c’est une noce ; il y a de la musique, des danses. Mais elle pourrait quand même être entendu par d’autres, et la mauvaise nouvelle pourrait faire taire musiciens et chanteurs pour faire parler les mauvaises langues et se répandre les rumeurs sur les familles invitantes. Ce n’est pas là l’objectif de Marie ! Nous connaissons sa discrétion ! Mais là où les hôtes n’attendent plus rien qu’une fin précipitée de la joie des noces, Marie attend quelque chose de son fils. D’où son intervention. 

        Ce qui surprend souvent, pour ne pas dire toujours, c’est la réponse de Jésus à sa mère : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Je n’ai pas beaucoup d’explication sur cette apparente sècheresse de la réponse. Mais il y a cette indication à retenir pour l’avenir : il y aura bien un jour une heure de Jésus. Il y aura un temps où il interviendra et où les choses changeront définitivement pour tous. Mais ce n’est pas ici et maintenant, à Cana en Galilée. Cette réponse ne démonte pas Marie. C’est une mère, elle connaît son fils.  Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Elle nous ouvre à l’espérance en nous invitant à l’obéissance. Et le signe que l’on connaît désormais sous le nom de signe de Cana peut avoir lieu. L’eau puisée est changée en vin ; la fête est sauvée ; la joie des hommes peut continuer. Ce premier signe de Jésus nous dit une chose fondamentale sur Dieu : il veut notre joie ! Il veut notre bonheur ! Et nous trouvons ce bonheur dans l’obéissance à sa parole. La parole de Marie (Tout ce qu’il vous dira, faites-le !), n’est pas une parole dite au hasard ; ce n’est pas une parole en l’air. C’est d’abord une parole qu’elle a vécue depuis toujours ; c’est la parole qu’elle a vécue quand l’ange lui a annoncé qu’elle serait la mère du Sauveur. C’est la parole qu’a vécue Joseph quand il a pris chez lui Marie, son épouse, toujours sur la parole de l’ange. Tous deux ont trouvé leur joie profonde dans cette obéissance à la parole de Dieu qui leur avait été adressée. En nous donnant cette parole, elle nous donne la voie à suivre pour trouver notre bonheur. 

        A quelqu’un qui m’interrogeait récemment sur l’utilité de la religion, ma réponse fut celle-ci : la religion permet à l’humanité de s’accomplir ; puisque Dieu lui-même a pris le chemin de notre humanité, c’est par notre humanité que nous parviendrons à Dieu. Et notre humanité n’est pas faite pour le malheur ; elle est faite pour la joie. Cet évangile qui nous relate les noces de Cana, commencement des signes que Jésus accomplit, nous le rappelle avec brio. Jésus n’est pas un embêtement de plus dans notre vie ; il est celui qui nous aide à sortir de nos embêtements et à retrouver la joie profonde qui devrait être notre quotidien, notre ordinaire. Dieu nous envoie vers les hommes, non pas pour les juger et les condamner, mais pour leur faire retrouver la joie profonde, la joie initiale que l’homme connaissait avant que le péché n’envahisse son cœur. 

        En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Rassurez-vous, je ne vais pas reprendre l’histoire ; je viens de la parcourir avec vous. Mais si, au terme de mon homélie, je reprends le début de l’histoire, c’est pour nous rappeler à tous qu’il peut être le début de notre histoire avec Jésus. Il nous revient d’inviter Marie, Jésus et ses disciples dans notre vie, comme une présence discrète, mais agissante. En faisant tout ce qu’il nous dira, notre vie parviendra à son accomplissement : la joie véritable ; elle chantera la gloire de Jésus, et celles et ceux que nous côtoyons pourront croire en lui. Que se poursuivent donc les noces de Cana à travers nous ! Amen. 


samedi 11 janvier 2025

Baptême du Seigneur C - 12 janvier 2025

Le baptême de Jésus, une fête pour nous.







Avec le baptême du Seigneur, nous terminons le cycle des révélations ou des épiphanies de Jésus, Dieu fait homme. A Noël, il était révélé aux petits de son peuple ; à l’Epiphanie, les peuples du monde le découvraient, humble et caché, et l’adoraient. Aujourd’hui, Dieu le Père révèle Jésus à lui-même avec cette parole : Tu es mon Fils bien-aimé. Nous sommes bien loin de la crèche, le temps a passé, Jésus est adulte, il va commencer sa mission. L’évangéliste Luc poursuit sobrement le passage entendu par ces mots : Quand il commença, Jésus avait environ trente ans ; il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph, fils d’Éli, et se poursuit alors la généalogie de Jésus jusqu’à la mention fils d’Adam, fils de Dieu. Matthieu commençait son évangile par cette généalogie en partant d’Abraham ; Luc conclut toute la partie qui préparait Jésus à sa mission, depuis l’annonce de la naissance de Jean le Baptiste jusqu’à sa prédication dans le désert et le baptême de Jésus, par cette généalogie remontant le temps jusqu’au commencement. Il s’agit, dans l’un et l’autre cas, de bien inscrire Jésus dans l’histoire de son peuple. 

Peut-être faut-il rapidement rappeler ici que le baptême que Jésus reçoit de son cousin ne fait pas de lui un chrétien. Le baptême donné par Jean est un baptême de conversion, qui marque le désir de celui qui le reçoit de revenir vers Dieu. Nous en avons eu l’écho durant le temps de l’Avent, au deuxième et troisième dimanche. Jésus reçoit ce baptême, non pas parce qu’il a besoin de se convertir ; il reçoit ce baptême pour confirmer la mission de Jean. Ainsi, ceux qui sont venus vers lui peuvent être assurés d’avoir fait le bon choix, et que c’était la chose à faire pour se préparer à ce que Jésus va révéler aux hommes de Dieu, de sa miséricorde et de son amour. Jésus, en venant à Jean, reçoit la révélation de la part de Dieu, son Père, que ce qu’il a pu découvrir de lui est vrai. Souvenez-vous : c’est Luc déjà qui nous donnait à contempler Jésus au Temple au milieu des docteurs de la Loi, et affirmant à ses parents qu’il devait être chez son Père. Si entre temps cette pensée s’était estompée, Dieu vient lui redire qui il est et ce qu’il attend de lui. 

Mais si le baptême de Jésus n’est pas le baptême chrétien, pourquoi avoir invité aux différentes messes les familles qui ont célébré un baptême dans l’année écoulée ? Parce que le baptême de Jésus inaugure un temps nouveau et que nous entrons dans ce temps par notre baptême. Le baptême que nous recevons commence à faire de nous des chrétiens, des disciples qui appartiennent au Christ ; il nous identifie au Christ. Paul le rappelle à son ami Tite, dans l’extrait entendu en deuxième lecture : Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. En renaissant et en étant renouvelés, nous recevons cette dignité nouvelle de fils et de filles de Dieu, et nous devenons en espérance héritiers de la vie éternelle. Cela veut dire que la vie éternelle, qui est la vie même de Dieu, est déjà en nous depuis notre baptême, mais pas totalement. Parce que si elle était totalement en nous, nous vivrions comme Dieu et Jésus, c'est-à-dire non marqués par le péché et la mort. Nous serons totalement dans cette vie éternelle, totalement plongés en lui, lorsqu’il nous appellera à partager sa gloire, grâce à son amour et à sa miséricorde. Paul le redit aussi à Tite : Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. C’est Dieu qui fait de nous ses enfants, par grâce, en exerçant sa miséricorde, et non parce que nous serions particulièrement bons ou gentils. Notre vie ici-bas consiste donc à vivre toujours plus, toujours mieux, cette vie qui nous vient de Dieu. Quand Dieu se fait homme en Jésus Christ, il nous redit que le chemin vers lui, c’est notre humanité, mais notre humanité marchant à la suite de Jésus ; notre humanité se laissant aimer par Dieu totalement ; notre humanité entendant l’appel à devenir, comme Jésus l’était depuis le commencement, son Fils bien-aimé ; notre humanité en qui Dieu trouve sa joie. Il n’y a pas d’autre chemin pour devenir saint que celui qui passe par une humanité qui cherche toujours plus et toujours mieux à s’accomplir telle que Dieu la veut. Le baptême qui fait de nous des disciples du Christ ne nous évade pas de notre condition humaine ; il nous y plonge pour que nous la menions à sa perfection en suivant Jésus et en accueillant la miséricorde de Dieu. 

En reprenant ce matin le rite de l’aspersion en mémoire de notre baptême, en proclamant dans un instant notre foi avec le credo baptismal, nous voulons marquer l’importance de ce jour où nous avons été appelés à la vie avec Dieu, et demander à Dieu de renouveler ainsi en nous la grâce de notre baptême. Qu’en cette fête du baptême de son Fils, il nous accorde de nous redécouvrir ses enfants, et nous donne une ferveur renouvelée pour marcher à la suite de Jésus, en qui il trouve sa joie. Que la joie de Dieu d’avoir Jésus pour Fils devienne notre joie de marcher avec ce Fils à la rencontre de notre Père commun. Amen.


 

samedi 4 janvier 2025

Epiphanie du Seigneur - 5 janvier 2025


 Soyons de ces étoiles qui se lèvent.




(Les mages suivant une étoile, image trouvée sur internet)




Le mystère de Noël, qui célèbre la révélation de Jésus à son peuple, représenté par les bergers, peuple qui attendait un Messie Sauveur, se poursuit aujourd’hui avec cette solennité de l’Epiphanie du Seigneur. Un moment tout à fait important pour nous, parce que ce mystère d’un Dieu fait homme se double d’un autre mystère que Paul nous explique dans sa lettre aux Ephésiens.

Frères, écrit-il, vous avez appris, je pense, en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : par révélation, il m’a fait connaître le mystère… Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. La naissance de Jésus, qui a eu lieu à un moment précis de l’histoire des hommes, de l’histoire d’un peuple, géographiquement et historiquement bien situé, cette naissance donc ne concerne pas que le peuple à qui il s’est révélé en premier. Il concerne tous les hommes, à travers le monde entier, et à travers le temps et l’Histoire. Jésus n’est pas venu pour sauver seulement ceux qui habitaient la Judée, la Galilée et la Samarie, quand l’empereur Auguste gouvernait à Rome et que Quirinius était gouverneur de Syrie. Non, cet événement de la naissance de Jésus allait concerner toute la terre et tous les temps. Nous sommes concernés par cette naissance au point que nous pouvons dire, plus de deux milles ans plus tard que Jésus est né pour nous sauver aujourd’hui. C’est cette réalité que nous célébrons en cette fête de l’Epiphanie. Jésus n’est pas juste un personnage remarquable du passé ; il a ou peut avoir un impact dans notre vie. Il vient pour nous, aujourd’hui ; il vient nous redire à nous aussi, comme jadis à ses compatriotes, que Dieu nous aime infiniment, que nous pouvons changer notre vie en mieux, que nous sommes sauvés par le sacrifice unique du Christ. Il vient nous dire à nous, aujourd’hui, que rien n’est jamais fini de l’espérance des hommes et que la grâce de sa naissance et de son incarnation s’étend jusqu’à nous, comme elle s’étendra demain aux hommes et aux femmes qui nous suivront. Quand Dieu entre dans le monde, ce n’est pas pour le petit monde d’une époque précise ; quand Dieu entre dans le monde, c’est pour aider ce monde à parvenir à son accomplissement. Et il accompagnera cet accomplissement tant qu’il le faudra. Dieu ne nous laisse plus seul en ce bas monde ; il est venu à notre rencontre en Jésus ; il continue de nous accompagner de son Esprit, jusqu’à la fin des temps, c'est-à-dire jusqu’à ce que nous le voyions tous dans la gloire de son Royaume. 

Dans l’Evangile, cette révélation de la naissance du Sauveur à tous les hommes se fait par la venue et l’adoration de ces mages venus d’Orient. Ils ont vu son étoile à l’orient et sont venus se prosterner devant lui. Les hommes de sciences embrassent la foi et adorent Celui qui leur a été mystérieusement révélé. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas, mais qui se vivent. Ils entrent dans un mystère qui leur est étranger, avec joie et confiance. Ils font une longue route pour se prosterner devant lui. C’est le long chemin de la foi que nous sommes invités à faire. Ils n’ont vu qu’un signe lointain, une étoile se lever dans le ciel ; mais ils ont compris, derrière ce signe, que quelque chose de neuf venait de se produire. Leur longue route traduit leur espérance et leur foi. Comme eux, nous n’avons que des signes de la venue du Seigneur. C’est le témoignage de la foi de celles et ceux qui nous ont précédés, l’annonce de la Bonne Nouvelle faite par l’Eglise à travers les siècles, le témoignage de la charité de tant de saints qui ont donné leur vie à cause de Jésus. Tous ces signes nous mettent-ils en route comme eux ? Les mages ont vu une étoile, et cela a suffi. Que nous faut-il aujourd’hui ? Nos contemporains, qui ne croient pas encore ont ces mêmes signes et ils peuvent voir des communautés croyantes ; cela suffit-il à les convertir, à leur donner envie de se prosterner devant Jésus ? Nous pouvons tous être l’étoile de quelqu’un, par nos paroles, par notre témoignage de vie, par notre joie d’être au Christ. Soyons de ceux qui se lèvent pour que d’autres puissent croire et se mettre en route à la rencontre de Celui qui vient dans le monde des hommes pour leur apporter le Salut et la Paix. L’Epiphanie est leur fête, la fête de celles et ceux qui ne croient pas encore, mais qui peuvent se sentir inviter à marcher à la rencontre de Jésus. Ils peuvent aussi en lui, adorer leur Dieu, acclamer leur Roi et reconnaître leur Rédempteur (Préface de la Messe de la Vierge Marie à l’Epiphanie). Il y a encore tant d’hommes et de femmes qui cherchent un sens à leur vie, qui cherchent quelqu’un qui peut leur redonner de l’espérance et de la joie. Jésus est celui-là, mais en sommes-nous convaincus au point d’en témoigner toujours ? 

Si la fête de Noël est passée, l’esprit de cette fête ne peut s’éteindre, car Dieu ne cesse de venir à la rencontre des hommes. Que cette fête de l’Epiphanie nous donne de reconnaître Jésus comme Dieu et Rédempteur à frais nouveau ; qu’elle nous donne d’être des signes, des étoiles qui se lèvent, pour que le monde puisse croire, se convertir et devenir meilleur. Amen.