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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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samedi 25 janvier 2025

26 janvier 2025 - 3ème dimanche ordinaire C

 Crois-tu cela ?

(Homélie donnée lors de la célébration oecuménique célébrée aujourd'hui dans notre communauté)



(Icône de Nicée, source Wikipédia)





    Crois-tu cela ? En cette année où les chrétiens célèbrent le 1700ème anniversaire du Concile de Nicée qui a défini les mots de la foi chrétienne, c’est le mot d’ordre retenu pour la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Comme nous l’avons entendu dans l’introduction de cette célébration, c’est la question de Jésus à Marthe qui pleure la mort de son frère Lazare. 

        Crois-tu cela ? Lorsque Marthe accueille Jésus qui arrive enfin, elle semble reprocher à celui-ci d’avoir pris le chemin des écoliers plutôt que d’accourir sans délai lorsqu’il a été prévenu de la maladie de son ami : Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Sans doute espérait-elle un geste, une de ces guérisons dont Jésus a le secret. Après tout, Jésus fait presque partie de la famille ; ils l’ont reçu à leur table ; ils ont droit à quelques égards, non ? Jésus ne s’offusque pas de la question et pose une affirmation surprenante : Je suis la résurrection et la vie. Ceux qui croient en moi, même s’ils meurent, vivront, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Il faut oser poser cette affirmation ; il faut oser l’entendre aussi. Et la reconnaître pour vrai. D’où la question de Jésus : Crois-tu cela ? Nous pouvons décliner cette unique question en une multitude d’autres. Crois-tu que je sois plus qu’un ami pour vous ? Crois-tu que je sois plus qu’un prophète ? Crois-tu que je sois plus qu’un grand homme ? Crois-tu que je sois la résurrection et la vie, c'est-à-dire que je viens bien de Dieu, et que je partage avec lui la vie en plénitude ? Cette question unique à Marthe va comme hanter les premiers chrétiens ; elle nous hante, ou devrait nous hanter encore. 

        Crois-tu cela ? Cela fait 1700 ans que les chrétiens ont défini les mots de la foi qui les rassemblent encore aujourd’hui. Ils sont plus forts que nos séparations, plus forts que nos divergences théologiques. Ils sont les mots qui nous font vivre. Cet anniversaire nous renvoie au début d’une période marquée par la foi chrétienne. Ils jaillissent après des années d’enfouissement et de persécution. Ils jaillissent de la Parole de Dieu après des querelles internes pour savoir comment parler justement du mystère de l’Incarnation et du mystère de la Rédemption. Jésus est-il vrai Dieu et vrai homme ? Jésus ne serait-il pas plutôt un grand homme qui a joué à Dieu ? Et si Jésus est réellement Fils de Dieu comme il l’affirme, comment Dieu peut-il mourir sur une croix ? Jésus n’était-il pas plutôt un homme envahi par l’Esprit de Dieu, mais dont l’Esprit s’est retiré avant qu’il ne meure, Dieu ne pouvant pas mourir ? Les querelles sont nombreuses à l’aube de la libération de notre foi, et les querelles qui suivront des siècles plus tard nous semblent alors futiles. Elles ont pourtant donné naissance à des Eglises diverses qui proclament les mêmes mots de la foi que ceux définis à Nicée. 

        Crois-tu cela ? La question n’est pas formulée ainsi au soir du huitième jour après Pâques, lorsque Jésus apparaît une nouvelle fois à ses disciples, cette fois en présence de Thomas. Pendant huit jours, les dix autres disciples ont essayé de le convaincre, de l’amener à la foi en Jésus mort et ressuscité. Mais Thomas, n’ayant pas fait comme eux l’expérience de le rencontrer ; Thomas, n’ayant pas comme eux reçu l’Esprit Saint que Jésus avait soufflé sur eux, Thomas donc résiste : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! Tout ce qu’il demande, c’est de voir comme eux, c'est-à-dire de faire la même expérience qu’eux. Il veut croire, mais à sa manière, à ses conditions, comme les Dix ont cru, à leur manière à la vue des signes. Ne le blâmons pas, Thomas ; nous sommes comme lui. Nous voudrions des preuves, des signes, au moins une prière exaucée de temps en temps pour vérifier que nous ne parlons pas à un tombeau vide ! 

        Crois-tu cela ? C’est la question qui nous est posée par trois fois, lors de chaque nuit pascale, lorsque nous renouvelons la foi de notre baptême. Peut-être avons pris l’habitude de répondre machinalement à ces questions, parce que la liturgie de l’Eglise prévoit que nous disions, comme un seul homme : Je crois. Il faudrait alors que l’anniversaire du Concile de Nicée soit l’occasion de reprendre chez nous, calmement, ce beau texte qui définit la foi des chrétiens et que nous proclamerons ensemble dans un instant. Les catholiques le connaissent bien en latin, puisque c’est le texte que nous proclamons lorsque nous chantons notre foi dans cette langue liturgique. Mais le dire en français devient presque impossible. Je l’ai tenté une fois sur cette communauté de paroisses ; j’ai reçu les critiques les plus vives qui soient, me demandant de justifier l’utilisation de ce texte bizarre et pourtant vénérable. C’est tout juste si l’on ne me reprochait pas de changer la foi de l’Eglise, alors que c’est ce texte qui la définit le mieux. 

        Crois-tu cela ? Ce n’est ni une question pour catholique, ni une question pour protestant, ni une question pour orthodoxe ou anglican ou pour une espèce singulière de chrétiens que nous aurions du mal à reconnaître. C’est la question adressée à tout disciple du Christ, et la réponse à cette question doit être un signe de reconnaissance pour tous ses disciples, sous quelque latitude qu’ils vivent. Je peux voyager n’importe où dans le monde ; si ce texte est proclamé, enseigné, reconnu, je suis chez moi au milieu de ceux qui le disent. Quiconque dit ces mots est chez lui, chez nous. Il est de notre famille, même si son cousin le plus éloigné dans le temps, celui par qui lui a été donné la foi, est Luther si je suis catholique ou n’est pas Luther si je suis protestant. Nous ne partageons peut-être pas la même Eglise, mais nous partageons le même Dieu. N’est-ce pas cela qui importe le plus après tout ? 

        Crois-tu cela ? Si après tant d’années, tant de querelles et tant de déchirures, l’Eglise ne s’est pas effondrée, c’est que Jésus, celui qui la tient et qui y est présent, est bien ce qu’il a affirmé à Marthe. Il est la résurrection et la vie. Il l’est pour les croyants que nous sommes ; il l’est pour nos Eglises qui trouvent en lui, et en lui seulement, le chemin de la réconciliation parfaite, qui est le chemin de la vie parfaite. La foi en Dieu Père, Fils et Esprit Saint vaut plus que les Eglises qui l’enseignent et la confessent. La foi en Dieu Trinité qui nous fait vivre est plus forte que les querelles qui nous séparent encore. Par la grâce de Dieu, un long chemin a été entrepris pour retrouver une pleine communion ; mesurons ces efforts et poursuivons le chemin. A l’heure où le monde moderne semble avoir tiré un trait sur Dieu, nous ne pouvons que reprendre ces mots de Nicée qui nous font chrétiens ; les reprendre, les comprendre, les vivre et les transmettre. Ayons conscience qu’unis dans la diversité, nous vivrons ; mais séparés, enfermés dans nos Eglises respectives, nous mourrons. Tous.

        Crois-tu cela ? La réponse de Marthe est limpide : Oui, Seigneur, je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. Elle lui vaut de retrouver, pour un temps, ce frère mort, mais rendu à la vie pour que la gloire de Dieu soit reconnue à l’œuvre en Jésus. Lorsque Thomas est interpellé par Jésus : Cesse d’être incrédule, sois croyant, celui-ci répond par cette profession de foi qu’aucun autre disciple n’avait faite jusque-là : Mon Seigneur et mon Dieu ! Il faudra presque trois cents ans pour que cette première profession de foi se développe et précise pour tous qui est Dieu, qui est Jésus Christ, qui est l’Esprit Saint. Sans rien perdre de la fraîcheur et de la simplicité des mots de Thomas, poursuivons l’œuvre des premiers Pères conciliaires et approfondissons notre foi. La connaissant mieux, nous l’estimerons davantage ; l’estimant mieux, nous la vivrons davantage ; la vivant mieux, nous la partagerons au plus grand nombre, en parole et en acte. Ainsi le monde pourra croire et parvenir à la vie éternelle. Amen. 


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