Le baptême de Jésus, une fête pour nous.
Avec le baptême du Seigneur, nous terminons le cycle des révélations ou des épiphanies de Jésus, Dieu fait homme. A Noël, il était révélé aux petits de son peuple ; à l’Epiphanie, les peuples du monde le découvraient, humble et caché, et l’adoraient. Aujourd’hui, Dieu le Père révèle Jésus à lui-même avec cette parole : Tu es mon Fils bien-aimé. Nous sommes bien loin de la crèche, le temps a passé, Jésus est adulte, il va commencer sa mission. L’évangéliste Luc poursuit sobrement le passage entendu par ces mots : Quand il commença, Jésus avait environ trente ans ; il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph, fils d’Éli, et se poursuit alors la généalogie de Jésus jusqu’à la mention fils d’Adam, fils de Dieu. Matthieu commençait son évangile par cette généalogie en partant d’Abraham ; Luc conclut toute la partie qui préparait Jésus à sa mission, depuis l’annonce de la naissance de Jean le Baptiste jusqu’à sa prédication dans le désert et le baptême de Jésus, par cette généalogie remontant le temps jusqu’au commencement. Il s’agit, dans l’un et l’autre cas, de bien inscrire Jésus dans l’histoire de son peuple.
Peut-être faut-il rapidement rappeler ici que le baptême que Jésus reçoit de son cousin ne fait pas de lui un chrétien. Le baptême donné par Jean est un baptême de conversion, qui marque le désir de celui qui le reçoit de revenir vers Dieu. Nous en avons eu l’écho durant le temps de l’Avent, au deuxième et troisième dimanche. Jésus reçoit ce baptême, non pas parce qu’il a besoin de se convertir ; il reçoit ce baptême pour confirmer la mission de Jean. Ainsi, ceux qui sont venus vers lui peuvent être assurés d’avoir fait le bon choix, et que c’était la chose à faire pour se préparer à ce que Jésus va révéler aux hommes de Dieu, de sa miséricorde et de son amour. Jésus, en venant à Jean, reçoit la révélation de la part de Dieu, son Père, que ce qu’il a pu découvrir de lui est vrai. Souvenez-vous : c’est Luc déjà qui nous donnait à contempler Jésus au Temple au milieu des docteurs de la Loi, et affirmant à ses parents qu’il devait être chez son Père. Si entre temps cette pensée s’était estompée, Dieu vient lui redire qui il est et ce qu’il attend de lui.
Mais si le baptême de Jésus n’est pas le baptême chrétien, pourquoi avoir invité aux différentes messes les familles qui ont célébré un baptême dans l’année écoulée ? Parce que le baptême de Jésus inaugure un temps nouveau et que nous entrons dans ce temps par notre baptême. Le baptême que nous recevons commence à faire de nous des chrétiens, des disciples qui appartiennent au Christ ; il nous identifie au Christ. Paul le rappelle à son ami Tite, dans l’extrait entendu en deuxième lecture : Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. En renaissant et en étant renouvelés, nous recevons cette dignité nouvelle de fils et de filles de Dieu, et nous devenons en espérance héritiers de la vie éternelle. Cela veut dire que la vie éternelle, qui est la vie même de Dieu, est déjà en nous depuis notre baptême, mais pas totalement. Parce que si elle était totalement en nous, nous vivrions comme Dieu et Jésus, c'est-à-dire non marqués par le péché et la mort. Nous serons totalement dans cette vie éternelle, totalement plongés en lui, lorsqu’il nous appellera à partager sa gloire, grâce à son amour et à sa miséricorde. Paul le redit aussi à Tite : Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. C’est Dieu qui fait de nous ses enfants, par grâce, en exerçant sa miséricorde, et non parce que nous serions particulièrement bons ou gentils. Notre vie ici-bas consiste donc à vivre toujours plus, toujours mieux, cette vie qui nous vient de Dieu. Quand Dieu se fait homme en Jésus Christ, il nous redit que le chemin vers lui, c’est notre humanité, mais notre humanité marchant à la suite de Jésus ; notre humanité se laissant aimer par Dieu totalement ; notre humanité entendant l’appel à devenir, comme Jésus l’était depuis le commencement, son Fils bien-aimé ; notre humanité en qui Dieu trouve sa joie. Il n’y a pas d’autre chemin pour devenir saint que celui qui passe par une humanité qui cherche toujours plus et toujours mieux à s’accomplir telle que Dieu la veut. Le baptême qui fait de nous des disciples du Christ ne nous évade pas de notre condition humaine ; il nous y plonge pour que nous la menions à sa perfection en suivant Jésus et en accueillant la miséricorde de Dieu.
En reprenant ce matin le rite de l’aspersion en mémoire de notre baptême, en proclamant dans un instant notre foi avec le credo baptismal, nous voulons marquer l’importance de ce jour où nous avons été appelés à la vie avec Dieu, et demander à Dieu de renouveler ainsi en nous la grâce de notre baptême. Qu’en cette fête du baptême de son Fils, il nous accorde de nous redécouvrir ses enfants, et nous donne une ferveur renouvelée pour marcher à la suite de Jésus, en qui il trouve sa joie. Que la joie de Dieu d’avoir Jésus pour Fils devienne notre joie de marcher avec ce Fils à la rencontre de notre Père commun. Amen.
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