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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 8 mars 2025

1er dimanche de Carême C - 9 mars 2025

 Au coeur de toute vie chrétienne, le combat contre le mal.



(Source : Jesus Tempted In The Desert Painting at PaintingValley.com | Explore collection of Jesus Tempted In The Desert Painting)





Quelle que soit l’année liturgique, au premier dimanche de carême, la liturgie nous donne d’entendre que Jésus fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Des deux, le diable et Jésus, ce n’est pas Jésus le plus fou, mais bien le diable, qui aurait dû savoir qu’il n’en sortirait pas vainqueur. Pas ici, pas maintenant ; son heure n’était pas encore venue. Ayant épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. Il y aura un moment où il sera le plus fort, un moment où, à vue d’homme, le diable aura gagné ; ce sera au pied de la croix. Nous n’en sommes pas là aujourd’hui. 

Aujourd’hui, l’Ecriture nous dit d’abord que cet affrontement avec le diable, l’adversaire, nommez-le comme vous voulez, c’est le combat de Jésus, certes, mais c’est aussi notre combat à nous, qui voulons suivre le Christ. Et si un seul d’entre nous pense encore qu’il peut y échapper ou s’en dispenser, il se trompe dans les grandes largeurs. Chaque croyant qui veut suivre Jésus est nécessairement confronté à l’adversaire parce que rien ne lui insupporte plus, au diable, que quelqu’un qui décide de suivre Jésus. Comment seulement imaginer que celui qui s’en prend au Maître ne s’en prenne pas un jour à ses disciples, ensemble et individuellement ? Ensemble, nous ne le voyons que trop ces dernières années avec toutes les attaques dans les lieux de cultes, les dégradations, et hélas quelques morts. Individuellement, nous savons tous nos propres faiblesses, les situations qui peuvent nous faire céder, nous détourner du bien, nous détourner du Christ, même si ce n’est qu’un instant. S’il est vrai que Dieu nous connaît, et connaît chacune de nos faiblesses dont il veut nous guérir, l’adversaire aussi nous connaît et connaît nos faiblesses dont il veut jouir. Serait fou celui ou celle qui pense échapper à l’attention de l’adversaire ; serait fou celui ou celle qui pense être à l’abri des attaques de l’adversaire. Je ne dis pas cela pour nous effrayer, mais pour nous rendre conscient de ce combat nécessaire à mener. Celui qui ignore ou refuse de reconnaître cette réalité court le risque de ne pas savoir l’affronter. La certitude du psalmiste doit être nôtre : Dieu combat avec nous et pour nous. Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre ; je le défends car il connaît mon nom. Il m’appelle, et moi, je lui réponds ; je suis avec lui dans son épreuve. Ce que Jésus réalise au désert lorsqu’il est confronté au mal, il le réalise encore pour nous. Il s’oppose à l’adversaire et remporte la bataille. Dieu intervient toujours pour ceux qui croient en lui et se tournent vers lui. Ce qu’il a fait jadis en Egypte pour nos pères, il le fait encore pour nous aujourd’hui.

Le second enseignement des lectures de ce jours, c’est que, dans cette lutte contre l’adversaire, nous avons une arme puissante. Nous avons Jésus, la Parole de Dieu. Cette Parole est tout près de [nous], elle est dans [notre] bouche et dans [notre] cœur. Comme le rappelle Paul aux chrétiens de Rome, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Autrement dit, alors le mal n’aura pas de prise sur toi. Cela ne signifie pas que nous n’y sommes pas confrontés, mais cela signifie que le mal ne pourra pas nous submerger ; il n’aura pas de prise définitive sur nous. Tant que nous reconnaitrons que Jésus, celui qui est mort en croix, est ressuscité, vainqueur de la mort ; tant que nous garderons sa Parole en nos cœurs ; tant que nous nous reconnaîtrons disciples de Jésus, il combattra avec nous et il nous donnera part à sa victoire. L’adversaire essaiera, toujours et encore ; et l’adversaire perdra, toujours et encore. Contre Jésus, il ne peut pas gagner. C’est ce que nous rappelle notre foi pascale. Celui qui était mort est vivant ; Dieu l’a ressuscité, il lui a rendu la vie, ouvrant à celles et ceux qui croient en lui les portes de la vie éternelle. Ce n’est pas une belle histoire pour enfants sages ; c’est ce que nous croyons et pouvons expérimenter chaque jour. Chaque fois que je sens le désir du mal grandir en moi et que je l’étouffe, chaque fois le Christ ressuscité a combattu avec moi pour que je puisse résister au mal et faire ne sorte qu’il ne passe pas par moi. En ces temps troublés qui sont les nôtres, nous pouvons voir le mal à l’œuvre et quelquefois désespérer ; plus que jamais, il nous faut entendre Jésus qui nous appelle à une foi plus grande, plus affirmée, pour que nous puissions résister avec lui à toute forme de mal, à toute forme de tentation. Ce qu’il a fait jadis dans le désert, il nous donne de le faire à sa suite : nous aussi, nous pouvons faire s’éloigner le malin de notre vie. 

Ecoutons encore Paul quand il écrit aux chrétiens d’Ephèse (6, 11-17) : Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable. Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. Pour cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir bon. Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu. Que notre carême nous permette de nous réarmer contre l’adversaire pour que sa défaite n’en soit que plus évidente au matin de Pâques. Amen. 


mercredi 5 mars 2025

Mercredi des Cendres - 5 mars 2025

 Moi, les autres et Dieu !





Au début de cette célébration, nous a été redite la première parole de Dieu entendue aujourd’hui par les baptisés qui prient l’office des Laudes, la prière du matin. J’ai souhaité que notre célébration commence par ces mots parce qu’ils redonnent du sens de ces quarante jours qui s’ouvrent devant nous. Que nous disent-ils ?

La première chose rappelée par ce texte, c’est que nous sommes un peuple consacré au Seigneur notre Dieu. C’est [nous] qu’il a choisi pour être son peuple particulier, parmi tous les peuples de la terre. Cette parole, adressée au peuple libéré d’Egypte par Moïse, nous pouvons la faire nôtre, nous que Dieu a libérés de l’Egypte de notre péché et de la mort, par son Fils Jésus, notre Seigneur et Sauveur. Notre baptême a fait de chacun un membre de ce peuple consacré au Seigneur notre Dieu, en nous plongeant dans la mort et la résurrection de Jésus. Le temps du carême est d’abord un temps pour redécouvrir la grâce de notre baptême, signe de notre alliance avec Dieu. Et je ne peux que vous inviter à le vivre comme un me time, comme disent les anglophones, un temps pour moi. Cela peut sembler égoïste et contre-productif, mais cela est essentiel. Le carême est fait pour chacun, comme un temps où d’abord chacun retrouve qui il est en vérité, dans un monde qui ne cesse de nous bousculer. Chacun doit avoir conscience que s’il se perd, il est perdu pour les autres ; s’il s’agite constamment, il ne sert personne et n’est utile à personne. Or Dieu s’est donné un peuple particulier pour que ce peuple soit utile aux autres ; ce peuple particulier a la responsabilité d’être lumière pour les autres peuples. Comment pourrions-nous guider les autres vers la lumière si nous perdons de vue l’éclat de cette lumière ? Le jeûne que Jésus recommande, ce n’est pas d’abord pour nous priver, mais pour nous recentrer sur nous-mêmes, pour que nous puissions comprendre ce qui est vraiment essentiel et le distinguer de l’accessoire, voire du superflu. 

La deuxième chose rappelée par cette parole de livre du Deutéronome, c’est que Dieu a fait cela, il a fait de nous son peuple particulier par amour. Ce n’est pas pour nous embêter ; ce n’est pas pour se jouer de nous ; ce n’est pas davantage pour nous piéger et nous faire remarquer au bout d’un moment combien nous sommes faibles et que sans lui nous n’avons pas les cartes en main. Non, s’il l’a fait, c’est parce qu’il nous aime. Et dans l’amour vrai, il n’y a pas de piège ; dans l’amour vrai, on ne se joue pas de l’autre. Dans l’amour vrai, on espère le meilleur pour l’autre. Ayant pris du temps pour nous, pour nous retrouver, nous pourrons aller vers les autres. Il sera même plus facile d’aller vers les autres quand nous aurons compris à frais nouveau l’amour que Dieu nous porte, parce que forts de cet amour, nos pas nous conduirons naturellement vers les autres, vers les petits, les exploités, les rejetés pour leur dire à eux aussi : tu es de ce peuple consacré au Seigneur parce qu’il t’aime. Et je viens te redire et te manifester un peu de cet amour. L’aumône (ou la charité) que Jésus recommande dans l’évangile devient possible quand je sais qui je suis, quand je me sais aimé et capable d’aimer en retour. Celui qui ne sait pas la grandeur que Dieu a mis en lui et qui ne s’aime pas, ne peut pas aimer les autres. Pour prendre soin des autres, il faut déjà savoir prendre soin de soi. Pour comprendre que les autres sont mes frères et sœurs en humanité, il faut que je me comprenne comme membre de ce peuple, de cette famille que Dieu rassemble. 

Nous pouvons alors comprendre la troisième richesse de cette parole du Deutéronome : vous saurez que le Seigneur votre Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son Alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l’aiment et gardent ses commandements. Quand je sais que je suis membre d’un peuple rassemblé, quand je reconnais les autres comme mes frères et sœurs, alors je peux comprendre que le Dieu qui permet cela est le vrai Dieu qui garde son Alliance et son amour. Il ne m’aime pas que le jour de mon baptême, mais chaque jour qu’il me donne de vivre. Il m’aime inconditionnellement, malgré mon péché, malgré ma capacité à vivre loin de lui et à l’oublier. Il m’aime et il m’attend. D’où l’invitation à une prière renouvelée, pour retrouver le sens de Dieu après avoir retrouvé le sens de moi et des autres. 

Le chemin proposé par le Deutéronome peut sembler déroutant. Il nous a été tellement dit qu’il fallait partir de Dieu pour arriver à soi en passant par les autres ! Mais c’est ce chemin proposé par le Deutéronome qui me semble juste pour celui qui s’est perdu. Partir de lui, de ce qu’il est pour aller à Dieu par les autres. Ce chemin nous rappelle notre nécessaire solidarité dans la foi ; nous avons besoin les uns des autres pour grandir dans la foi, l’espérance et l’amour. Nous avons besoin les uns des autres pour marcher humblement avec Dieu. Le carême vécu d’abord pour soi ouvre aux autres et à Dieu, parce qu’en nous permettant de nous redécouvrir personnellement, il nous fait comprendre que nous n’existons pas pour nous, mais pour les autres et pour Dieu. C’est le chemin fait par Saint Augustin par exemple, qui s’était égaré dans une vie de patachon avant de revenir vers Dieu, grâce à l’amour et à la prière de sa mère Monique. Son chemin de conversion lui a fait chanter : Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. Puisse ce carême nous faire redécouvrir cette vérité. Amen. 


samedi 1 mars 2025

8ème dimanche ordinaire C - 2 mars 2025

 Salade de fruits, jolie, jolie, jolie...





Salade de fruits, jolie, jolie, jolie, tu plais à mon père, tu plais à ma mère… Ce refrain que les moins de cinquante ans ont le droit de ne pas connaître est revenu à ma mémoire en méditant cette page d’évangile pour l’homélie de ce dimanche. Il donne l’impression que Luc, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, était en possession d’éléments épars dont il ne savait que faire, et plutôt que de les jeter, les a réunis en un discours tutti frutti pour une petite leçon de choses. Il y a suffisamment de choses variées dans ce discours pour que pères et mères, et tous les autres, puissent y trouver leur plaisir. Nous avons là des problèmes de vue, de jardinage, de cœur, et si nous rajoutons les paroles de Ben Sira le Sage, nous avons l’ouïe et la parole. La leçon de chose peut alors commencer.

Commençons par le plus ancien, Ben Sira. Il nous dit : Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé, c’est alors qu’on pourra le juger. A croire qu’il était féru de physique et de mathématique, et qu’il avait découvert avant tout le monde que la vitesse de la lumière était supérieure à celle du son. C’est sans doute lui qui a inspiré à un autre cette maxime : C’est parce que la vitesse de la lumière est supérieure à celle du son que certains ont l’air brillants avant d’avoir l’air stupide (j’ai changé le dernier mot pour des questions de décence). Toujours est-il que l’un et l’autre nous invite à la prudence et à la patience. Ne nous emballons pas devant les hommes, attendons qu’ils ouvrent la bouche ! Cela peut éviter bien des déconvenues. Leçon de chose n° 1. 

La première parabole de Jésus rapportée par Luc nous parle de maître et de disciples. Elle est un avertissement à tous ceux qui pensent tout savoir, à ceux qui pensent avoir dépassé leur maître. Ils ne voient plus qu’eux, leur maigre savoir acquis, et ils s’imposent partout, faisant comprendre à qui veut bien les écouter qu’eux seuls ont les solutions ; et ils abusent de leur pouvoir en imposant leurs vues au mépris du respect élémentaire dû aux autres et d’une prudence minimum qui voudrait que l’on confronte son avis à celui d’autrui. Ils sont des guides aveugles qui conduisent ceux qui les écoutent dans un trou, parce qu’ils refusent d’avoir des maîtres ou s’érigent en maître. Nous en avons de beaux exemples en ce moment, particulièrement dans le domaine politique (regardez ce qui se passe dans le bureau ovale à Washington) ; chaque jour hélas nous apporte son lot d’aveugles qui veulent guider le monde. Mais nous avons pu voir aussi les ravages que peuvent commettre ses guides autoproclamés ou proclamés comme tels par les autres sans discernement, quand ils exercent dans le domaine religieux. Cela donne des abus de toutes sortes et même, dans le pire des cas, des attentats pour éliminer ceux qui ne croient pas, qui ne suivent pas la même route. Soyons assez réalistes sur nous-mêmes et nos capacités, sur ceux que nous écoutons et regardons et acceptons toujours de nous former mieux au discernement et à la réflexion. Leçon de chose n°2.

La parabole sur la paille et la poutre est un appel à ne pas juger les autres trop vite pour ne pas commettre d’injustice d’une part, et ne pas se ridiculiser d’autre part. Personne, hors Dieu, n’est parfait ; personne, hors Dieu, n’est sans défaut. Faisons le ménage devant notre porte avant de vouloir le faire chez les autres. C’est la leçon de chose n° 3.

De même que l’on reconnaît l’arbre à ses fruits, de même on distingue l’homme bon de l’homme mauvais à sa parole ! De même qu’un pommier ne peut donner que des pommes, l’homme bon ne peut dire que du bien et l’homme mauvais que du mal, car, dit Jésus, L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. Le cœur, dans la bible, est le siège de mes grandes décisions, du lieu où, si je suis croyant, Dieu dialogue avec moi et me fait connaître sa volonté, le lieu où Dieu inscrit sa Loi (Jr 31, 31-34). Seul celui dont le cœur est bon peut le bien. As-tu laissé entrer dans ton cœur le bien ou le mal ? C’est une invitation à l’introspection, à un regard honnête sur soi et, le cas échéant, à la conversion. Leçon de chose n° 4.

L’évangile de ce dimanche est peut-être fait de bric et de broc, mais cela ne signifie pas qu’il n’a rien à nous dire. Ces petites paraboles, mises ensemble, nous invitent à utiliser nos sens et notre intelligence en vue du bien et de l’édification. Tout ce que nous voyons, tout ce que nous entendons, tout ce que nous disons, tout ce que nous faisons, que ce soit toujours pour le bien de tous, débordant de l’amour que Dieu a mis dans notre cœur. Alors nous serons des disciples bien formés, chacun comme notre maître, lui qui est passé en faisant le bien. Amen.