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dimanche 27 juillet 2025

17ème dimanche ordinaire C - 27 juillet 2025

 La prière à l'école d'Abraham.




Giambattista Tiepolo (1696-1770), Abraham et les trois Anges 
(vers 1770, huile sur toile, 196 x 151 cm), 
Musée du Prado, Madrid (Espagne). Domaine public.




 

            La semaine dernière, trois visiteurs arrivaient chez Abraham, avec une promesse : ta femme, Sara, aura un fils. Aujourd’hui, nous les retrouvons, reprenant la route pour aller à Sodome et Gomorrhe, les villes abhorrées, à la réputation plus que sulfureuse. Ils ont un projet : voir si ce qu’on entend à leur sujet est vrai : Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi. Il n’en faut pas plus à Abraham pour réagir auprès du Seigneur et nous offrir, par la même occasion, un petit enseignement sur la prière, que je trouve assez déroutant.

             Après lecture de ce passage, ce que nous retenons le plus souvent, c’est le marchandage audacieux d’Abraham qui, pour obtenir le salut de ces villes, va partir de très bas (peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ?) pour arriver à très haut (peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ?). Car paradoxalement, plus il abaisse le nombre de justes présents, plus il pourra sauver de monde. Je ne sais pas si Abraham savait ou pas que Loth et sa famille se trouvait là ; peut-être aurait-il osé descendre encore un peu. Il s’arrêtera donc à dix avec l’assurance de Dieu que pour dix, je ne détruirai pas. Quelques justes dans une ville immense pour que cette ville soit sauvée ! Nous mesurons l’amour de Dieu pour l’humanité à son acceptation de ce marchandage. Il aurait pu dire à Abraham de s’arrêter, que c’était indigne de lui de marchander ainsi comme on le ferait pour le prix d’un tapis. Mais non, Dieu joue le jeu ; il abaisse ses prétentions à mesure qu’Abraham s’enhardit et intercède. Et nous avons là un premier enseignement de la prière d’Abraham : ce n’est pas une prière pour lui, c’est une prière pour les autres, pour l’humanité qui se perd et qui a besoin du salut que Dieu donne. Et peu lui importe qu’une immense majorité de cette humanité ne corresponde pas aux attentes de Dieu. Abraham insiste, baisse le nombre et obtient un engagement ferme de Dieu.

             Est-ce que ma prière est à l’exemple de celle d’Abraham, tournée vers les autres qui ont besoin du salut ? Ou me ramène-t-elle sans cesse à moi, à mes envies, à mes propres désirs ? Certains vous diront qu’en matière de prière, comme en tant d’autres, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Autrement dit, demande ce qu’il te faut et que chacun fasse pareil. Celui qui ne demande rien, n’aura donc rien ! Abraham nous apprend à demander pour les autres, à porter devant Dieu notre souci des autres, et de leur salut. Vous rendez vous compte de la puissance de cette prière d’intercession ? Si je demande seul pour moi, aussi noble que soit ma demande, Dieu l’entendra, il n’y a pas à en douter. Mais si je me confie à la prière des autres, il entendra ma demande venant d’autres qui l’auront jugée légitime au point de la porter devant Dieu dans leur prière. Ce n’est pas une fois qu’il l’entendra, mais autant de fois que de personnes à qui je me suis confié. Et il entendra aussi des prières pour ceux qui ne prient jamais ou qui ne prient plus, simplement parce que j’aurai eu à cœur de les porter devant lui. La prière d’Abraham est une prière d’attention pour ceux qui ne font plus attention à Dieu ! Et ça, c’est puissant !

             Ce marchandage d’Abraham avec Dieu nous apprend une deuxième chose sur la prière du patriarche. Cette chose réside dans le motif même de ce marchandage : protéger la sainteté de Dieu. Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? … Loin de toi de faire une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le coupable, traiter le juste de la même manière que le coupable, loin de toi d’agir ainsi ! Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ? Pour Abraham, ce serait l’abomination de la désolation si Dieu cessait de veiller sur le juste ! Ce serait l’abomination de la désolation si Dieu ne pardonnait pas. Pour Abraham, c’est humainement impensable que Dieu agisse comme agissent les hommes ! Dieu ne peut pas renoncer à sa sainteté pour agir comme les hommes. Dans sa justice, il doit se souvenir qu’il est Dieu. Il doit se souvenir des alliances passées avec les hommes. Il doit se souvenir qu’il est Dieu pour la vie. Certains, dans le passé, ont oublié cette leçon d’Abraham, et ont fait de Dieu un épouvantail dont les hommes devaient avoir peur, pensant que plus ils auraient peur de Dieu, plus ils s’attacheraient à lui et à vivre selon ses préceptes. Eh bien, cela n’a pas fonctionné comme prévu. Un Dieu qui fait peur ne mérite ni notre louange, ni notre respect. C’est un tyran dont il faut se détourner. La confiance en Dieu ne se construit pas sur la peur de Dieu. La confiance en Dieu ne peut se construire que sur l’amour qu’il nous porte, sur la miséricorde qu’il nous manifeste. Nous ne respectons pas la sainteté de Dieu en en faisant un épouvantail. Dieu vaut mieux que cela et les hommes méritent mieux qu’un Dieu qui fait peur. La manière dont je parle à Dieu doit refléter la manière dont je parle de Dieu aux hommes et vice-versa. Je ne peux pas parler à Dieu comme à un ami et le présenter aux autres comme celui qui sait tout d’eux, retient tout de ce qu’ils font mal pour le leur rappeler le jour où ils le verront face-à-face.

             A l’image d’Abraham, ai-je le souci de préserver la sainteté de Dieu dans ma prière et dans la manière dont je parle de lui ? Est-ce que Dieu est mon ami à moi tout seul, et le surveillant général de tous les autres ? Protéger la sainteté de Dieu dans la prière, c’est aussi accepter de ne pas l’abreuver de parole, savoir quand s’arrêter pour enfin l’écouter me parler. Protéger la sainteté de Dieu, c’est affiner ma connaissance de lui, le découvrir tel qu’il se révèle à moi et non tel que je me l’imagine. Laissons Dieu être Dieu à la manière de Dieu. Sur la croix, Jésus nous a dit cette manière de Dieu ; il va jusqu’à la mort pour le salut des hommes. La croix est le signe de Dieu tel qu’il se révèle et non tel que les hommes l’ont imaginé. Personne n’aurait imaginer que Dieu puisse s’abaisser jusqu’à la mort.

             Ne jetons pas trop vite Abraham dans les oubliettes de l’histoire sainte. Il a de belles choses à nous apprendre. En entrant dans sa prière, nous rejoindrons le chœur des anges qui chantent en permanence la gloire de Dieu et nous aurons le souci d’une prière ouverte sur les autres, ceux que nous aimons, et ceux que nous n’aimons pas assez. L’essentiel est que Dieu les aime, et qu’il aime qu’on lui parle d’eux, et qu’il aime qu’on leur parle de lui. C’est ainsi que l’Esprit peut faire son chemin dans le cœur des hommes, qu’ils peuvent se convertir et parvenir au salut. Amen.

 

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