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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







dimanche 22 juin 2025

Fête du Corps et du Sang du Christ C - 22 juin 2025

 Adoration, communion : pourquoi les opposer ?



 

 

            Tout a commencé le 7 avril de cette année, dans la rubrique A vif, du journal La Croix. Un prêtre témoigne comment le pape Jean-Paul II a marqué des générations de prêtres dans le monde. Il dit entre autres : Jean-Paul II insistait sur la centralité de la prière dans la vie du prêtre. Ma génération cherche à développer une spiritualité, souvent nourrie par l’adoration eucharistique, une forte dévotion mariale et un attachement à la liturgie. Rien de révolutionnaire ni d’extravagant. Cela a pourtant entraîné des réactions de lecteurs interrogeant le positionnement de ce prêtre. Une personne par exemple s’interroge : Qu’est-ce qui est le plus important, la communion eucharistique – qui fait des fidèles le Corps du Christ pour qu’ils témoignent de l’amour de Dieu pour tous –, ou l’adoration eucharistique – pratique individualiste, qui n’est pas sans risque de déviance (fascination pour l’hostie, chosification de la présence réelle dans un morceau de pain) ? La fête du Corps et du Sang du Christ qui nous rassemble, est l’occasion toute trouvée pour éclaircir ce questionnement parce que justement, nous y ferons les deux : communier et adorer !

             Ma première réponse serait de dire : pourquoi opposer communion et adoration ? Parce que la première serait communautaire et la seconde individuelle ? Tout alsacien qui se respecte sait que l’adoration est aussi communautaire. Il peut en faire l’expérience chaque année lorsque son secteur est d’adoration au Mont Sainte Odile. Depuis 1931, les paroisses se relaient dans ce haut-lieu de la foi chrétienne en Alsace pour porter devant le Saint Sacrement exposé la prière pour l’Eglise diocésaine et pour le monde. Jour et nuit, nous nous relayons, deux par deux, pour assurer cette prière devant le Christ présent dans l’Hostie exposée. Est-ce dangereux que de vouloir être présent à Jésus ? Est-ce dangereux que de se mettre à l’écoute de Celui qui a livré sa vie pour notre salut ? Est-ce dangereux de se confier et de confier le diocèse et le monde à l’Amour exposé et adoré ? Je ne crois pas, sinon je n’y entrainerais pas des jeunes chaque année. Adorer le Saint Sacrement, c’est justement croire à cette présence continue du Christ qui nous stimule, stimule notre foi et nous tourne vers les autres. Nous venons devant lui, avec nos peines et nos joies, avec les visages de celles et ceux qui nous ont demandés de prier pour eux. Nous venons devant lui accueillir son amour, non pour le garder jalousement pour nous, mais pour le répandre et le transmettre. Adorer ne sert à rien si cela ne nous relie pas aux autres ; adorer ne sert à rien si cela nous replie sur nous-mêmes. Le « risque de déviance » existe, mais pas plus qu’avec la communion eucharistique !

             Si l’adoration est importante, la communion eucharistique l’est tout autant. Elle nous fait accueillir physiquement à travers ce Pain rompu et partagé, le Christ qui s’est livré pour nous. C’est le sens même voulu par Jésus : Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. Faire mémoire, c’est plus que simplement se souvenir ; c’est rendre ce sacrifice unique, contemporain à notre vie. Et ce faisant, nous redisons le cœur de notre foi en Jésus qui s’est livré pour nous et dont nous attendons le retour.  Nous avons entendu Paul l’expliquer aux chrétiens de Corinthe : Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. Le risque de chosifier le corps du Christ est tout aussi réel dans la communion que dans l’adoration. Je peux communier en ne pensant qu’à moi et à mon petit Jésus qui se livre pour moi, oubliant qu’il s’est livré pour la multitude ! Que la communion eucharistique construise le corps du Christ est une réalité à laquelle je crois, mais ce n’est pas pour autant que chacun en a conscience, ni même que chacun ait le désir de grandir dans l’Eglise et de la servir. La communion ne garantit pas davantage une ouverture et une attention aux autres. C’est toujours une question personnelle : est-ce que je reçois l’Hostie pour moi tout seul ou pour que le Christ nourrisse ma foi et me rende courageux sur le chemin de la mission, à la rencontre des frères et sœurs en humanité qu’il met sur ma route ?

             En cette solennité du Saint Sacrement, nous allons communier, non parce que nous l’avons mérité, mais pour redire notre attachement profond au Christ et notre désir de nous laisser envoyer par lui, dans le monde, pour y vivre notre foi. Il est le Pain qui nous fait vivre et nous met en relation avec lui et les autres. En cette solennité du Saint Sacrement, nous allons aussi processionner et prendre un temps d’adoration, à l’issue de la messe. Nous porterons le Christ au cœur de cette cité, au cœur de la vie des hommes et des femmes de notre temps. Ils nous regarderont ou pas ; ils apprécieront ou pas. Cela les concerne et ne nous empêchera pas de rappeler que l’homme, à cause de Jésus, vaut plus que ce qu’il pense, qu’il est appelé à une vie qui le dépasse et le fait grandir jusqu’à être capable d’assumer Dieu. Parce que oui, l’homme est capable de Dieu. Capable de l’accueillir dans sa vie par la communion ; capable de le laisser transformer sa vie par l’adoration. Communion et adoration nous rapprochent du Christ qui nous renvoie toujours vers nos frères et sœurs en humanité qui sont comme un reflet de sa présence à notre monde. La communion comme l’adoration nous renvoie vers l’humanité pour que nous la servions comme nous essayons de servir Dieu. Que cette solennité nous le fasse comprendre davantage. Amen.

 



dimanche 15 juin 2025

Très Sainte Trinité c - 15 juin 2025

Notre Dieu n'est pas un Dieu seul et solitaire.







 

            A peine sortis du temps pascal, nous allons, pendant deux dimanches, comme prolonger l’esprit de fête et l’approfondissement de la foi chrétienne. La fête de la Trinité qui nous réunit est l’obstacle majeur à un rapprochement avec les autres religions monothéistes. Leur argument principal : nous serions idolâtres et polythéistes. Nous attentons, avec cette affirmation que Dieu est UN en trois personnes, à l’unicité et la sainteté de Dieu. Autrement dit, le Dieu UN ne peut être que seul et solitaire.

             Autant le dire tout de suite : chrétiens, nous croyons au Dieu UN. C’est notre héritage judaïque d’abord. Nous partageons avec nos frères juifs, la foi en Dieu qui se révèle comme l’Unique. Avec les prophètes, nous redisons que Dieu est le seul Dieu, et qu’il n’y en a pas d’autres en face de lui. Il est le Dieu créateur de tout ce qui vit et Père de tous les hommes. Cela ne se discute pas. Et nous voyons bien, dans l’Ancien Testament, comment ce Dieu qui s’est révélé d’abord comme le Dieu d’un peuple particulier qu’il avait choisi, devient peu à peu le Dieu de tous les hommes. Israël est le peuple particulier de Dieu pour que les nations païennes, voyant Israël vivre avec le Dieu UN, soient séduites et choisissent de rejoindre le peuple que Dieu se donne. Les prophètes du retour d’exil ont cette certitude que Dieu appelle toutes les nations à s’unir autour de lui. C’est notre foi la plus profonde. Nous avons entendu, dans la première lecture, comment la Sagesse (autre nom de l’Esprit Saint) et Dieu ne font qu’un. A toutes les étapes de la création, la Sagesse est présente et fait la joie de Dieu : Je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant pour lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. Un Dieu en deux êtres distincts : le Créateur et l’Esprit du Créateur qui va à la rencontre des hommes pour qu’ils puissent connaître Dieu.

             Dans l’Evangile, Jésus, le Fils éternel du Père, atteste bien de la dimension trinitaire du Dieu UN. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Le Père et le Fils ne font qu’un, ce qui est à l’un est à l’autre ; et l’Esprit se joint à eux, dans cette unité, pour faire connaître Dieu et sa Parole aux hommes. Si Dieu ne se révèle pas, comment les hommes le connaîtraient-ils ? Si Dieu n’est pas relation en lui-même, comment serait-il relation avec les hommes ? Si Dieu n’est pas relation d’amour en lui-même, comment l’amour de Dieu se communiquerait-il aux hommes ? Si Dieu était seul et solitaire, il n’engagerait pas sa vie avec l’humanité. Il resterait seul et solitaire. Et les hommes n’auraient aucun modèle valable pour les élever, les pacifier, les inviter à aimer plus que tout. L’amour solitaire est un amour replié sur soi, et non pas ouvert aux autres. C’est bien parce que le Père aime son Fils Jésus et qu’ils sont unis par le lien d’amour de l’Esprit Saint, que cet amour de Dieu peut nous être communiqué. Si Dieu n’est pas en lui-même amour vécu et partagé, les hommes n’apprendront pas de lui à être, à leur tour, amour vécu et partagé. Heureusement que Dieu est UN en trois personnes, s’aimant d’un amour absolu et éternel. Il permet ainsi aux hommes de comprendre la grandeur de l’amour quand il est partagé. Il est un exemple humain qui nous fait comprendre la Trinité : le mariage. L’homme et la femme, qui se sont librement choisis pour vivre ensemble, dans l’amour, ne font plus qu’un, tout en restant deux personnes distinctes. Ils partagent un amour qui les unit, mais ont chacun leur manière d’être présent au monde, qui les reconnaît différents, mais unis dans un même amour. Cette certitude vient de la foi en Dieu UN et Trine. Un seul Dieu qui a choisi différentes manières d’être présent au monde. Il est le Père de tous qui envoie son Fils en messager de sa Parole unique. Je ne dis rien de moi-même, dira Jésus ; ce que je dis, je l’ai entendu de mon Père. Et l’Esprit confirme, répand et fait comprendre cette Parole donnée par le Fils, dite à lui par le Père. Ils sont UN, ces trois-là, unis dans un même amour, unis dans une même divinité. Rien ne sépare le Père du Fils et de l’Esprit.

             Pour les chrétiens, célébrer la Trinité, c’est célébrer la grandeur et la bonté de Dieu qui se révèle à nous selon ce que nous pouvons recevoir et porter. Cette révélation de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, est la pédagogie choisie par Dieu pour nous faire comprendre à quel point il nous aime, à quel point il est engagé définitivement avec toute l’humanité. Rien n’est impossible à Dieu. Il n’est pas Dieu seul et solitaire, mais Dieu de relation et d’amour, en lui et avec nous. Et c’est parce qu’il nous aime comme il aime son Fils, que nous devenons, à notre tour, fils et filles de Dieu, unis à lui par l’Esprit que le Fils a promis et qui a été répandu à la Pentecôte. Croyants au Dieu UN, il nous est impossible de renoncer à la foi en la Très Sainte Trinité, le Dieu Père, Fils et Esprit Saint, sauf à vouloir courir le risque de ne plus nous savoir aimés d’un amour plus fort que la mort, aimés d’un amour qui est allé jusqu’à la mort pour notre salut et pour le salut de tous les hommes. Ce qu’à Dieu ne plaise. Amen. 


lundi 9 juin 2025

Pentecôte - 08 juin 2025

 Pâques, l'expérience de la vie dans l'Esprit Saint.






 

            Aujourd’hui s’achève le temps de Pâques. Durant cinquante jours, nous avons approfondi ce mystère pascal à travers les différentes expériences qu’il nous propose de vivre. Avec la Pentecôte et le don de l’Esprit Saint, nous découvrons que le mystère de Pâques se poursuit dans notre vie quotidienne, car Pâques, c’est aussi l’expérience de la vie dans l’Esprit Saint, donné pour faire de nous d’authentiques disciples du Ressuscité, capables de rendre compte de l’originalité de la foi chrétienne.

            Lorsque nous lisons les évangiles qui relatent la vie des disciples à partir du matin de Pâques et que nous ouvrons le livre des Actes des Apôtres, nous pouvons presque pousser un ouf de soulagement quand vient le jour de la Pentecôte. Tout change avec cet événement singulier : un violent coup de vent, des langues qu’on aurait dites de feu qui se partageaient et se posèrent sur chaque Apôtre. Vous aurez noté que Luc ne parle pas de flamme, mais bien de langues de feu. La conséquence est immédiate : les bouches s’ouvrent, les langues se délient, la Bonne Nouvelle est annoncée. Chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit, si bien que chacun qui les écoute, les entend dans son propre dialecte, sa langue maternelle. Nous comprenons immédiatement ce que Jésus disait au soir de sa mort quand il affirmait à ses disciples que l’Esprit Saint que le Père enverra en [son] nom enseignera tout et il [nous] fera souvenir de tout ce que [Jésus nous a] dit. C’est la première conséquence d’une vie dans l’Esprit Saint : nous comprenons la Bonne Nouvelle et nous sommes capables de la répandre, de la dire à notre tour. 

            Nous pouvons alors faire un pas de plus et entendre ce que dit Paul aux chrétiens de Rome. L’Esprit Saint nous libère de l’emprise de la chair. Il nous fait vivre selon l’esprit du Christ. Vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Nous avons donc en nous, par le don de l’Esprit, toute la force nécessaire pour rester ce que nous sommes devenus par la mort et la résurrection du Christ : des fils et des filles de Dieu. L’Esprit [nous] fait vivre de la vie même de Dieu. Et cela ouvre notre espérance de vivre désormais pour toujours avec Dieu, mais si la mort limitera toujours notre passage sur terre. Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. La vie dans l’Esprit, c’est la vie dans cette espérance de vivre pour toute éternité avec Dieu et en Dieu, parce que le Christ, mort et ressuscité, vit en nous. La conséquence de cette vie dans l’Esprit, c’est le rejet, par tout croyant, de tout ce qui conduit au mal et à la mort. Croire en Dieu, c’est refuser de vivre dans le mal. Croire en Dieu, c’est refuser de rendre le mal pour le mal. Il n’est pas possible de dire, sous la conduite de l’Esprit Saint, que Dieu est notre Père, et en même temps de continuer à répandre le mal, le mensonge, la haine… Vivre dans l’Esprit, c’est aligner toute notre vie, nos paroles et nos actes, sur l’enseignement de Jésus donné dans l’Evangile.

            Un dernier mot concernant l’Esprit Saint. Il n’est pas donné pour nous accuser si d’aventure nous tombions malgré tout sur le chemin. Il n’est pas donné pour nous condamner. Il est donné pour prendre soin de nous. Il est notre Défenseur ; c’est ainsi que Jésus l’appelle, et non pas notre procureur. Il est le feu qui ravive en nous le désir de vivre selon notre baptême ; il est la force qui nous relève lorsque nous succombons à la tentation ; il est le vent qui nous pousse lorsque le chemin se fait difficile ; il est la lumière qui éclaire nos décisions ; il est l’huile qui assouplit nos relations ; il est le parfum agréable de la présence permanente de Dieu dans notre vie. Quand l’Esprit vous saisit, ne luttez pas contre lui, mais luttez avec lui et votre vie sera belle, et votre vie aura un avenir radieux.

            En cette fête de la Pentecôte, que l’Esprit renouvelle notre manière d’être disciples du Christ, pour qu’à travers nous, il puisse renouveler la face de ce monde qui en a bien besoin, dans les crises successives qu’il connaît. Invoquons chaque jour sa présence à notre monde, à notre vie, pour que nous puissions vivre cette expérience d’une vie dans l’Esprit Saint. Que notre prière quotidienne nous fasse implorer sa présence : Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Amen.

samedi 31 mai 2025

7ème dimanche de Pâques C - 01er juin 2025

 Pâques, l'expérience du désir d'être avec Dieu.







 

            C’est un curieux dimanche que ce septième dimanche de Pâques. Coincé entre les deux solennités de l’Ascension et de la Pentecôte, on pourrait le prendre pour un petit dimanche sans importance, et pourtant les lectures qui lui sont affectées nous rappellent que le mystère de Pâques, c’est aussi l’expérience du désir d’être avec Dieu.

             La première lecture nous relate la fin tragique d’Etienne, le diacre, premier martyr à cause de sa foi au Christ Sauveur. Luc souligne habilement l’identification d’Etienne avec Jésus dans sa mort : les mêmes paroles prononcées que Jésus sur la croix, une mort violente en haine de son attachement à la personne de Jésus. Ceux qui pensaient être débarrassés de Jésus après l’avoir cloué en croix, ne peuvent qu’être excités contre ce prédicateur qui accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants. Manquant peut-être d’imagination, ou parce que cela avait bien fonctionné avec Jésus, ils ressortent les mêmes vieilles accusations : Cet individu ne cesse de proférer des paroles contre le Lieu saint et contre la Loi. Nous l’avons entendu affirmer que ce Jésus, le Nazaréen, détruirait le Lieu saint et changerait les coutumes que Moïse nous a transmises. La justice est expéditive, les pierres se mettent à voler et Etienne s’effondre avant de s’endormir dans la mort après avoir invoqué le nom du Seigneur : Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Le désir profond d’Etienne est ainsi manifeste : il veut vivre pour toujours avec Celui qu’il a annoncé et servi. Il va à sa rencontre, sans haine pour ses persécuteurs ; seul compte Jésus et la vie avec lui.

             L’extrait du Livre de l’Apocalypse nous donnait alors à entendre quelques-uns des versets qui concluent ce livre, et donc toute la Bible. Cette annonce du retour du Christ dans la gloire, au jour du jugement, s’achève sur ce cri : Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! C’est l’espérance chrétienne qui est ainsi exprimée. Nous désirons ardemment ce retour qui fera toute chose nouvelle. Là où Etienne allait à la rencontre de son Sauveur dans sa mort, les témoins de l’Apocalypse appellent le Christ à revenir. Le mouvement peut sembler contraire, mais c’est la même réalité qui est exprimée : le désir de l’humanité de vivre avec Jésus. Que nous allions vers lui ou qu’il vienne vers nous, le résultat est le même : une communion entre l’humanité sauvée et le Christ Sauveur. La question qui se pose alors à chacun est bien celle-ci : désires-tu être avec Jésus ?

             Dans sa grande prière sacerdotale au soir de sa mort, Jésus adresse déjà à son Père ce même désir pour l’humanité : Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Autrement dit, cette communion de l’humanité avec Dieu est fondatrice de la foi. Nul ne peut croire quand la division règne ; nul ne peut croire et être agent de division. Croire, c’est fondamentalement prendre le parti de Dieu, vivre avec lui, en lui, pas seulement au-delà de cette vie, dans le paradis, mais dès ici et maintenant. Et Jésus d’insister : Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Notre désir d’être avec Dieu, avec le Christ, Jésus le fait sien : Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire. Et voilà comment notre désir profond d’être avec Jésus devient notre destinée, quand le Christ légitime notre désir et le fait sien. Rien ne pourra désormais jamais nous séparer de lui. Ce que nous osions à peine imaginer, il le veut et il le demande à Dieu. Parce que Dieu aime son Fils par-dessus tout, il l’exausera. Il ne lui a jamais rien refusé ; il ne va pas commencer maintenant ; nous pouvons en avoir la certitude.

             Désirer plus que tout être avec Dieu, avec Jésus. Voilà un noble désir à cultiver. Il est le fruit de ce temps pascal qui nous a donné de méditer le cœur de notre foi. Nous ne sommes pas obligés d’attendre le jour de notre mort pour confier notre âme à Jésus. Dès maintenant, nous pouvons lui demander de nous garder en communion avec lui pour que notre vie terrestre soit un témoignage de la puissance de son amour pour tous les hommes. Avec l’Esprit et l’Eglise, nous pouvons dire à Jésus, le Christ : Viens ! Viens dans ma vie ! Viens dans ce monde qui semble si souvent vivre comme si tu n’existais pas ! Viens, le monde a tant besoin de toi ! Viens, j’ai besoin de toi ! Amen.

mercredi 28 mai 2025

Ascension de notre Seigneur - 29 mai 2025

 Pâques, l'expérience d'un avenir possible. 




(L'Ascension, Andréa della Robbia, Terre cuite, vers 1495)



 

            Quarante jours ! Quarante jours que nous vivons de la joie pascale et que nous comprenons mieux la force de cet événement radicalement nouveau ! Et nous voici au jour de l’Ascension qui nous fait célébrer le retour du Christ, victorieux de la mort, auprès de son Père. Un événement qui marque à la fois une continuité et une rupture.

             Du point de vue de la vie de Jésus, l’Ascension est la continuité normale du mystère de Pâques. En fait, on peut dire que c’est un seul et même mystère. Après sa mort et sa résurrection, la demeure de Jésus ne peut plus être terrestre ; sa divinité ayant été pleinement révélée dans sa victoire sur la mort, sa place est désormais à la droite de Dieu, cette droite à laquelle il avait renoncé en venant dans le monde. S’étant abaissé en devenant homme, il est élevé au-dessus de tout, retrouvant la place qui était la sienne depuis toujours. Le Fils de l’homme, pour reprendre un des titres que les évangélistes attribuent à Jésus, est le Fils de Dieu. Et c’est bien l’événement de Pâques qui nous révèle cela.

             La rupture opérée par l’Ascension nous concerne, nous. Avec le retour du Christ auprès de son Père, nous ne le verrons plus avec nos yeux de chair. Le Christ est soustrait à [nos] yeux, pour reprendre l’expression du livre des Actes des Apôtres. Il ne nous reste de Jésus que sa Parole, le témoignage des Apôtres, l’eucharistie célébrée en mémoire de lui, et bientôt la venue du Défenseur, de l’Esprit Saint, que Jésus a promis d’envoyer quand il serait de retour chez son Père. Nous devons donc apprendre à vivre cette absence physique de Jésus en aiguisant le regard de notre foi qui nous le rend présent dans sa Parole et dans le Pain et le Vin partagés. Jésus est là, au milieu de nous dès lors que deux ou trois sont réunis en son nom. Jésus est là, dans sa Parole proclamée, expliquée et vécue par la communauté croyante. Jésus est là, dans le pain consacré et rompu, signe de sa présence éternelle et réelle à nos côtés. Avec son départ d’au milieu de nous, il nous faut désormais reconnaître sa présence dans sa Parole, dans les sacrements et dans le frère qu’il met sur notre route. Nous ne sommes pas orphelins ; nous devons juste apprendre à regarder autrement, à regarder mieux, pour découvrir Jésus et son visage dans celles et ceux qui croisent notre route. Nous sommes tous, les uns pour les autres, des Christo-phores, des porteurs du Christ au cœur de ce monde.

            Cette continuité et cette rupture que nous fait vivre l’Ascension, nous la vivons au cœur même de notre existence lorsque nous faisons le choix de devenir disciples du Christ et que nous recevons le baptême. Continuité parce que notre vie ne change pas ; c’est la vie que nous avons reçue de nos parents qui s’ouvre à quelque chose de neuf, à la présence de Dieu dans cette unique et même vie. Nous ne recevons pas une nouvelle vie, mais notre vie devient vie nouvelle, plus grande, plus accomplie parce que désormais, par le baptême, Dieu y est présent, Dieu y est reconnu. Par le baptême, Dieu est chez lui en étant présent en nous. Nous continuons notre vie, mais avec Dieu et son Christ, présents en nous par l’Esprit. Mais notre baptême est aussi une rupture parce que, ayant choisis Dieu, nous avons renoncé au Mal, nous avons rompu avec l’esprit du monde. Nous vivons dans le monde sans être du monde, selon l’enseignement de Jésus dans l’évangile de Jean. Nous vivons dans le monde, tel qu’il est, à notre époque que nous n’avons pas choisie. Mais nous ne partageons pas l’esprit du monde quand celui-ci s’oppose à Dieu ; nous ne partageons pas l’esprit du monde quand celui-ci s’oppose à la Vie ; nous ne partageons pas l’esprit du monde quand celui-ci s’oppose à le Vérité ; nous ne partageons pas l’esprit du monde quand celui-ci réduit l’homme à une simple donnée économique, voire à une variable d’ajustement. L’homme, tout homme, a la grandeur même de Dieu puisque le Christ s’est livré, non pas seulement pour ses disciples, mais pour toute l’humanité qui désormais peut partager la grandeur de Dieu. En ce sens, Pâques est l’expérience d’un avenir possible. Au plus sombre de notre vie est révélée la grandeur de l’humanité créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Le Christ, en se livrant pour notre salut, nous ouvre à cet avenir désormais possible pour chacun d’une vie auprès du Père, là où le Christ entre aujourd’hui justement.

             Il est particulièrement heureux que Marcel soit baptisé au cours de cette eucharistie en jour solennel. Il nous permet d’être témoins de cette continuité et de cette rupture qu’instaure l’Ascension de Jésus. Au cœur de notre rassemblement, il sera reconnu pour ce qu’il est depuis sa naissance : fils de Dieu. Et nous redirons ensemble, avec ses parents, parrain et marraine, que nous voulons vivre loin du mal et que nous voulons être pour lui et avec lui témoins qu’une vie libérée du mal est possible. Cette rupture est fondatrice de ce nouveau monde que le Christ inaugure dans sa mort et sa résurrection et que nous avons à rendre présent ici-bas déjà. Notre vie auprès du Père, c’est ici-bas que nous la commençons. Un monde libéré du mal et tourné vers Dieu, c’est ici-bas que nous le construisons. Entre rupture et continuité, notre avenir est possible, l’Ascension qui nous rassemble nous le confirme. Amen.

samedi 24 mai 2025

6ème dimanche de Pâques C - 25 mai 2025

 Pâques, l'expérience de la paix retrouvée.







 

            Il n’y a pas à en douter : les événements qui ont eu lieu autour de la Pâque juive qui a vu la mort de Jésus, ont profondément bouleversé les disciples, au point que la tranquillité d’esprit et la paix du cœur les ont quittés. Les témoignages ne manquent pas au sujet des disciples craintifs et désemparés au lendemain de la mort de leur Maître. Les premiers mots du Ressuscité apparaissant à ses disciples au soir de Pâques exprimaient le souhait profond du Christ pour les hommes : La paix soit avec vous.

         Lors de son dernier repas avec ses disciples, juste avant son procès, Jésus les avait préparés à ce chambardement. Dans son long discours, il avait déjà offert le don de la paix à ses amis qui auraient à affronter l’injustice et la violence des hommes. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Une parole dont Jean se souviendra quand il écrira son Evangile des années plus tard, comprenant l’importance de ce don. Au moment où Jésus prononce ces mots, ils sont noyés au milieu d’autres mots ; mais ils feront pleinement sens après la résurrection de Jésus, quand l’angoisse et la peur de subir ce qu’a subi le Maître seront au plus fort. Pâques, c’est aussi l’expérience de la paix retrouvée dès lors que les disciples reconnaissent que la croix n’est pas la fin de l’histoire de Jésus. Cette paix que Jésus laisse à ses Apôtres, ce n’est pas juste l’absence de conflits, mais la certitude que nous ne sommes pas seuls quand survient l’épreuve. C’est la paix de ceux et celles qui savent que les événements du monde sont dans la main de Dieu. C’est cette noble assurance que rien, pas même la mort, ne peut nous séparer de Dieu. C’est une paix profonde qui s’installe dans notre cœur et qui nous garde dans l’espérance de jours meilleurs. Elle n’empêche pas les conflits, y compris au sein de la communauté des croyants ; elle permet de les dépasser et de trouver une issue à ceux-ci. Plus que jamais, il nous faut cultiver ce don que Dieu nous offre en Jésus, mort et ressuscité pour nous.

 A ceux qui ne savent comment faire, est laissé l’exemple de la jeune communauté chrétienne lorsqu’elle est troublée par quelques-uns qui voudraient imposer la circoncision selon la coutume qui vient de Moïse. Ce n’est pas juste une querelle entre anciens et modernes, entre tenants de la Tradition et tenants d’une voie nouvelle. Ce qui est en cause, c’est l’existence même de la jeune communauté qui appartient au Christ, et la foi en la résurrection. Ce qui est questionné par ce trouble, c’est de savoir qui sauve : un acte (la circoncision) ou une personne (Jésus, le Fils de Dieu). Si c’est l’acte qui l’emporte, alors Jésus est mort pour rien et notre foi est vaine. Devant ce trouble majeur, qu’a fait la jeune communauté ? Elle s’est réunie, elle a écouté les uns et les autres, elle a cherché à comprendre mieux ce que Dieu lui a dit à travers les récents événements : Pierre invité chez Corneille, le centurion romain ; Paul et Barnabé et leur premier voyage missionnaire aux périphéries du monde juif. Les croyants ont prié, se sont mis à l’école de l’Esprit Saint et ils ont décidé avec lui : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé… osent-ils écrire ! Et ils ont pris cette décision à l’unanimité.  Voici comment la jeune communauté troublée a retrouvé le don de la paix que le Christ lui a laissé. Non pas en excluant, non pas en jetant des anathèmes, mais en écoutant, en priant, en décidant ensemble. La paix qui vient de Dieu se construit ainsi. Toujours. Il n’y a ni vainqueur, ni vaincu, mais un grand gagnant : l’Esprit Saint que les disciples laissent agir, et une récompense : la paix retrouvée. Et ça, c’est l’œuvre du mystère de Pâques, puisque l’Esprit Saint et la paix sont les dons promis par Jésus lui-même au soir de sa mort : Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. La paix à la manière du monde, c’est le triomphe du plus fort en gueule sur le plus faible ; la paix à la manière de Jésus, c’est un chemin cherché et accepté ensemble.

 Le huit mai dernier, au moment où le monde célébrait la fin de la seconde guerre mondiale, l’Esprit Saint donnait à l’Eglise un nouveau pasteur qui a repris, comme ses tous premiers mots au monde, le souhait du Ressuscité à ses disciples au soir de Pâques : La paix soit avec vous. Et il ajoutait : Ceci est le premier salut du Christ ressuscité, le bon berger qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. Je voudrais moi aussi que ce salut de paix entre dans nos cœurs, qu'il parvienne à vos familles, à toutes les personnes, où qu'elles soient, à tous les peuples, à toute la terre. Que la paix soit avec vous. C'est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée, et une paix désarmante, humble et persévérante, elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous, inconditionnellement. A la suite du Ressuscité, le pape Léon XIV fait de la paix la feuille de route de l’Eglise pour les années à venir. Prions pour que cette paix du Ressuscité envahisse le cœur des hommes et transforme notre monde. Amen.

 

5ème dimanche de Pâques C - 18 mai 2025

 Pâques, l'expérience d'un amour à accueillir et à vivre.




(Source : Aimez-vous ! | 1001 versets)

 

            Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. C’est peu dire que Jésus insiste, lourdement, lorsqu’il offre à ses disciples, au soir de sa mort, ce nouveau commandement, son unique commandement. Nous n’avons entendu que quelques versets de cette commande à aimer, mais ils suffisent à nous faire comprendre l’urgence de nous laisser aimer et l’obligation d’aimer à notre tour. Parce que depuis que Jésus a donné sa vie sur la croix, depuis que son Père l’a ressuscité, nous n’avons plus le choix : nous devons aimer. La fête de Pâques que nous célébrons durant cinquante jours, et dont nous faisons mémoire en chaque eucharistie, c’est l’expérience d’un amour à accueillir et à vivre.

             L’amour que Jésus nous commande d’avoir, c’est d’abord un amour à accueillir. C’est un don, le don ultime de Jésus aux hommes lorsqu’il marche vers sa mort. Il nous dit ainsi que sa mort n’est pas sa défaite et donc la victoire de ses adversaires. Non, sa mort est une offrande libre pour notre vie, pour la vie de toute l’humanité, à travers le temps et l’Histoire. En levant les yeux vers la croix, discernons-nous bien cet amour immense de Dieu pour les hommes ? Et acceptons-nous que Dieu nous aime jusque-là, c'est-à-dire jusqu’à offrir son Fils pour que nous puissions vivre ? Quand quelqu’un dit qu’il ne croit pas, il dit en réalité qu’il ne veut pas être aimé de Dieu, il ne veut pas de cet amour qui va jusqu’à donner sa vie. Car si les hommes acceptaient cet amour de Dieu, ils croiraient ! Ne pas reconnaître l’existence de Dieu, c’est refuser la force d’un amour qui aime à en mourir. Ne pas reconnaître l’existence de Dieu, c’est faire de l’amour un simple sentiment humain, passager et vague, qui disparait quelquefois aussi vite, sinon plus vite, qu’il est apparu. Reconnaître l’existence de Dieu, c’est reconnaître que l’amour n’est pas un sentiment, mais un don à accueillir, un don qui nous précède toujours, un don qui ne s’efface jamais. L’homme qui croit en Dieu, reconnait qu’il est aimé de Dieu, malgré ses faiblesses, malgré son péché. Dieu ne peut pas s’empêcher d’aimer l’humanité. Et il n’y a pas de péché assez grand que l’humanité puisse faire qui empêcherait Dieu de l’aimer. C’est cela, aimer à en mourir !

             Cet amour qu’il nous faut accueillir, nous ne pouvons le garder pour nous. Ce n’est pas un don égoïste ; c’est un don à partager, largement. L’amour de Dieu pour nous ne diminue pas à force de le partager ; au contraire, il augmente. Plus nous donnons à d’autres l’amour que nous aurons accueilli, plus cet amour grandira. L’amour dont Dieu nous aime est inépuisable, inaltérable. Nous serons toujours aimés de Dieu, car Dieu est amour. C’est le grand enseignement de l’Apôtre Jean. Il signifie que parler de Dieu, c’est répandre l’amour. Agir au nom de Dieu, c’est répandre l’amour. Si donc quelqu’un prétend parler ou agir au nom de Dieu alors que ce qu’il dit ou fait ne pousse pas les hommes à aimer mieux, celui-là ne parle pas et n’agit pas au nom de Dieu. Le nom de Dieu ne peut pas servir à répandre la haine. Le nom de Dieu ne peut pas servir à répandre la division. Le nom de Dieu ne peut pas servir à répandre le mal. Le nom de Dieu ne peut pas servir à donner la mort. Le nom de Dieu, c’est Amour. Dieu est Amour ; Dieu = Amour. Tout ce qui n’est pas amour, n’est pas de Dieu. Point. Il faut que cela soit clair pour tous. L’amour est le critère ultime de la qualité de disciple : A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. Et pas seulement pour les autres qui nous sont semblables, qui croient comme nous, vivent comme nous, mangent comme nous, votent comme nous… Il nous faut bien entendre les uns pour les autres, comme les uns pour [tous] les autres [que Dieu met sur la route des uns et des autres]. L’enseignement de Jésus à ses disciples, dès le début de son ministère, ne disait -il pas qu’il fallait aussi aimer nos ennemis ? Il y a une continuité et une logique évidente dans son enseignement.

             Et je me rends compte soudain qu’il devient difficile, voire risqué de terminer cette homélie. Je ne voudrais pas laisser croire qu’en arrêtant l’homélie, nous puissions arrêter pareillement d’aimer. Il n’est jamais possible d’arrêter d’aimer de cet amour dont Dieu nous aime, et si je vais, pour aujourd’hui, taire mon propos, je ne vais arrêter ni d’accueillir l’amour dont Dieu m’aime, ni de partager cet amour dont je me sais aimé. Aimons, puisque l’amour vient de Dieu et que notre prétention est d’être à lui. Aimer n’est donc pas un choix, c’est un devoir d’état. Amen.