Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit.
En ce dernier dimanche de l’Avent de
l’année A, nous rencontrons, non pas Marie, mais Joseph, celui que beaucoup
semblent avoir oublié alors qu’il est important qu’il prenne sa part dans le
projet que Dieu porte pour l’humanité. Comme l’écrit Matthieu, et conformément
à la Loi de Moïse, il aurait dû dénoncer publiquement Marie. Mais il était
un homme juste. Cette petite mention va tout changer.
Ce qualificatif d’homme juste, ne relève pas d’abord de l’ordre moral dans la Bible. C’est un qualificatif théologique qui dit que Dieu lui-même reconnaît la justice d’un homme. C’est un mérite qu’on ne s’attribue pas ; il est un don qui signe un art de vivre conforme à la Loi et à la volonté de Dieu. De Marie, l’ange dit qu’elle est Comblée de grâce ; de Joseph, qu’il est un homme juste. C’est dire la qualité religieuse de ces deux, choisis par Dieu, pour donner corps et existence au Fils que Dieu envoie dans le monde pour le sauver. Le sens de la justice de Joseph, qui ne sait rien de l’histoire à ce stade, le pousse à renoncer à dénoncer publiquement celle qui lui était promise. Il décide la renvoyer en secret. Si Marie en aime un autre au point d’attendre déjà son enfant, pourquoi la retenir et pourquoi demander vengeance ? Joseph, le juste, ne fera pas de mal à celle qui lui était promise.
Quand je lis l’histoire de Joseph, je ne peux m’empêcher de m’interroger : comment Dieu a-t-il pu oublier de prévenir cet homme du projet qu’il formait pour l’humanité en Marie ? Il faut quand même un peu de temps entre la conception et les premiers signes de grossesse ! L’ange avait-il oublié ? Avait-il mieux à faire ? C’est vrai que la préparation de la naissance du Fils de Dieu a dû être quelque chose. Cela n’arrive pas tous les quatre matins. Mais de là à oublier de prévenir Joseph, quand même ; ce n’est pas très sérieux ! J’imagine le branle-bas de combat que cela a provoqué ! Alerte ! Joseph veut renvoyer Marie ! Comment est-ce possible ? Qui était chargé de le prévenir ? Personne ! Gabriel, tu t’en charges, fissa ! Ce qui nous vaut d’entendre aujourd’hui cette merveilleuse annonce à Joseph, quand il dort, et de vérifier sa justice quand il se réveille. Il ne se dit pas que tout cela est un mauvais rêve ; il reconnaît que Dieu, par son ange, lui a parlé, lui a demandé de prendre Marie, comme cela était prévu, et d’être sur terre le père de Jésus. Pas uniquement pour éviter les questions désagréables ; pas juste pour donner une famille à Jésus ; non, il lui est demandé de devenir la véritable figure paternelle de Jésus enfant, lui assurant un toit, une stabilité, le préparant à un métier, bref, en faire un vrai petit d’homme qui apprendra à trouver sa place dans ce monde. En acceptant à son tour le projet de Dieu, il sauve Marie, l’enfant et l’humanité. Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
Que reste-t-il alors apprendre pour nous ? En ces derniers jours de l’Avent, nous apprendrons à faire à notre tour, ce qui est juste aux yeux de Dieu ; nous apprendrons à entrer dans la volonté de Dieu, même et surtout quand elle entre en conflit avec nos projets humains. La volonté de Dieu pour nous et pour tous les hommes, est toujours source de salut (Tu lui donneras le nom de Jésus, c'est-à-dire le Seigneur sauve), source de vie (l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint), source de paix (Joseph, ne crains pas). Joseph nous apprend à passer du doute à la foi, de la stupeur à la confiance absolue en Dieu, qui est toujours Dieu-avec-nous, Dieu-pour-nous. Amen.

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