A l'école d'Isaïe.
Le grand prophète du temps de l’Avent,
c’est sans nul doute le prophète Isaïe. Non pas que son livre annonce la
naissance de Jésus ; ce n’est même pas son propos. Mais parce qu’il y a
chez lui une espérance farouche et solide qui se manifeste page après page. Isaïe
est un grand défenseur de la sainteté de Dieu et son message prophétique est d’abord
un message de protestation, de contestation des chefs du peuple qui ne
respectent ni Dieu, ni les pauvres et qui conduisent le pays à sa ruine. Mais
le prophète garde confiance en Dieu et annonce des jours meilleurs.
En ces jours-là, dit-il dans sa prophétie de ce dimanche, laissant entendre qu’un autre temps viendra. Isaïe replace toujours la foi dans le temps des hommes. Il est en fait un témoin de la foi de son époque ; et ce qu’il voit ne le réjouit pas. Aristocrate, membre de la cour du roi, il sait se faire entendre dans les hautes sphères, et donc faire entendre Dieu, quand bien même les puissants s’en sont éloignés. La situation politique et sociale est difficile, mais Isaïe garde espoir. Même si les peuples voisins sont turbulents et va-t’en-guerre, Isaïe voit plus loin. Il sait que la royauté n’échappera pas à David. Nous retrouvons cette certitude dans le passage entendu : un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Celui qui sauvera son peuple, celui qui rétablira la paix, est de descendance davidique, de descendance royale. Il ne peut pas en être autrement, le Dieu d’Israël s’étant fermement engagé envers David lui-même. Le Dieu d’Isaïe est un Dieu qui tient parole, et les hommes peuvent donc s’appuyer sur lui. Ce rejeton, ce sont les chrétiens qui l’identifient à Jésus ; mais pour Isaïe, il s’agit surtout d’annoncer un messie pour son temps, un messie qui va sauver son peuple, ici et maintenant. En des temps difficiles, il est bon d’avoir quelqu’un qui voit au-delà des choses, qui rappelle que les hommes peuvent toujours se tourner vers le Saint d’Israël et que c’est lui, et lui seul, qui offre le salut aux hommes.
En attendant ce monde, ne pouvons-nous que lorgner vers lui et désespérer de celui dans lequel nous vivons aujourd’hui ? Non. Nous pouvons, vous et moi, décider de commencer par changer le monde. Nous pouvons, vous et moi, décider de faire reculer les forces du mal. Nous pouvons, vous et moi, décider que le mal ne passera pas, et ne passera plus désormais, par nous. Comme Isaïe, nous pouvons nous appuyer sur le Dieu saint qui sait pardonner, pour lutter contre le mal, en nous et autour de nous. Comme Isaïe, nous pouvons nous tourner vers le Saint avec la certitude qu’il est toujours possible de nous appuyer sur lui et d’espérer en lui. Même si nous pouvons avoir l’impression que Dieu a abandonné notre monde, sachons le voir à l’œuvre dans les petits gestes, les petits pas vers la paix et la réconciliation. N’attendons pas qu’un autre commence à changer le monde ; n’attendons pas qu’un autre fasse le premier pas de la réconciliation ; n’attendons pas qu’un autre initie un chemin de paix. A trop attendre un autre, nous risquons d’attendre longtemps. Dès aujourd’hui, soyons des artisans de paix et de réconciliation à notre petite échelle, dans notre petit monde. C’est là que Dieu nous attend ; c’est là que Dieu nous envoie être témoin et acteur du monde que le Christ viendra restaurer à la fin des temps. Dès aujourd’hui, avec lui, dans la force de son Esprit, nous pouvons agir et construire un monde plus juste et fraternel. Quelqu’un doit commencer ; pourquoi pas nous ? Amen.

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