Depuis
Pâques, en nous mettant à l’école des Apôtres, nous avons suivi un chemin de
foi qui nous a conduit à nous ouvrir à la nouveauté, à nous ouvrir aussi à la
foi, à obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes et à nous ouvrir au monde.
Aujourd’hui, nous sommes invités à faire un pas de plus en apprenant des
apôtres à témoigner de l’œuvre de Dieu. Pour témoigner authentiquement de
l’œuvre de Dieu dans le monde et en nous, que faut-il ?
Je
dirais d’abord qu’il faut éviter deux excès. Le premier, c’est l’excès
d’orgueil qui nous fait croire que Dieu n’y est pour rien, et que si,
aujourd’hui, l’Evangile se répand et touche les cœurs, c’est d’abord grâce à
tous nos projets pastoraux, à nos idées lumineuses pour renouveler l’annonce de
la foi. Il faut sans cesse faire de nouvelles choses, inventer de nouvelles
manières de célébrer, des nouveaux gestes, des nouveaux textes etc, etc… Comme
si notre activisme pouvait quelque chose face aux églises qui se vident, face à
la foi qui se perd. Le second excès, c’est paradoxalement l’excès
d’humilité : vous savez, je n’y suis pour rien, c’est Dieu qui a tout
fait ! Comme si Dieu voulait ne pas avoir besoin de nous ! L’attitude
de Paul et Barnabé est tout autre : ni excès d’orgueil, ni excès
d’humilité, mais chacun à sa bonne place, Dieu et eux : à leur arrivée, ayant réuni les membres de
l’Eglise, ils leur racontaient ce que
Dieu avait fait avec eux et comment il avait ouvert aux nations païennes la
porte de la foi. Dieu avec eux : voilà le bon tandem. Voilà comment
l’Eglise doit agir aujourd’hui ; voilà comment chaque chrétien doit agir
aujourd’hui. Avec cette conscience que Dieu est avec lui et que lui marche avec
Dieu. Pour témoigner de ce que Dieu fait dans ma vie, j’ai besoin de vivre avec
lui, de vivre de lui. Pour que l’œuvre de Dieu soit connu des hommes qui ne le
connaissent pas encore, Dieu a choisi d’avoir besoin de nous, les croyants. Par
notre vie, nous pouvons être témoignage de Dieu, ou non.
Nous
pouvons ainsi comprendre pourquoi la liturgie de ce dimanche nous a fait
écouter la page d’évangile qui nous rapporte le commandement de l’amour laissé
par Jésus. Quel est ce commandement ? Est-ce Aimez-vous les uns les autres ? C’est souvent ce que nous en
retenons. Mais nous aurions tort d’en oublier le commencement : Comme je vous ai aimés, vous aussi,
aimez-vous les uns les autres. Si Jésus lui-même apporte cette précision,
c’est que peut-être, elle est d’importance. Parce que cette précision (comme je vous ai aimés) nous donne le
sens de l’amour véritable : l’amour véritable est celui qui va jusqu’à
l’extrême, jusqu’au don ultime de la vie pour ceux qu’on aime. Nous n’aimons
pas vraiment si nous n’aimons pas jusque-là ! Nous ne témoignons pas vraiment
de ce que Dieu réalise pour nous si nous ne mettons pas nos pas dans les pas du
Christ, jusque dans sa manière d’aimer. Comment le monde d’aujourd’hui peut-il
se convertir, si les disciples du Christ
ne sont pas, d’une certaine manière, exemplaires de ce que Dieu apporte dans
une vie d’homme ? A quoi bon croire en Dieu si ce n’est pour aimer mieux
et vivre de son amour ? Ce qui
montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous
aurez les uns pour les autres.
Témoigner
de l’œuvre de Dieu pour les hommes, c’est ce que la liturgie fait de mieux.
Elle témoigne de l’œuvre de Dieu dès le rite pénitentiel qui ouvre nos
célébrations. En effet, ce rite ne nous oriente pas vers notre péché, mais vers
le Christ, et ce qu’il réalise pour nous par amour. Le rite de l’aspersion que
nous sommes fortement invités à privilégier durant le temps pascal nous fait
justement rendre grâce pour le don de l’eau par lequel Dieu nous unit à son
peuple. Et tout à l’heure, au moment d’ouvrir la prière eucharistique, la
préface nous redira un des nombreux motifs de rendre grâce à Dieu pour l’œuvre
accomplie par son Fils Jésus, mort et ressuscité. Il doit y avoir pas loin de
100 préfaces différentes : autant de raison de témoigner de l’œuvre de
Dieu dans le monde, pour tous les hommes. A côté de ces motifs officiels dont
nous avons à témoigner, il y a tout ce que Dieu réalise en nous et par nous
afin de manifester sa présence et sa tendresse aux hommes de notre temps. Notre
manière de vivre, notre art de vivre chrétien sera et restera notre témoignage
le plus beau et le plus fort.
Soyons
fiers de ce que nous croyons, vivons ce que nous croyons, et Dieu parviendra
aux extrémités du monde. Par une vie unie au Christ, donnons aux hommes et aux
femmes d’aujourd’hui, le goût de Dieu et l’envie de vivre selon sa Parole. Ce
sera notre plus beau témoignage, à la manière des Apôtres ! Amen.
(Dessin de Sieger KÖDER)
(Dessin de Sieger KÖDER)
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