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mercredi 8 mai 2013

Ascension du Seigneur - 09 mai 2013

Avec les Apôtres, apprendre à vivre l'absence.



Un même auteur, Saint Luc, deux versions d’un même événement, et surtout deux réactions de la part des Apôtres. Voilà le mystère de ce jour de l’Ascension, ce jour où le Christ rejoint son Père dans la gloire du Royaume. Deux versions sensiblement identiques : une dernière rencontre avec Jésus, les dernières paroles de Jésus et son départ définitif. Désormais les Apôtres doivent vivre cette absence de Jésus, dans l’attente de son retour. 
 
L’absence : voilà bien la nouveauté de ce jour. Jésus, qui était mort, qui est ressuscité, qui a passé 40 jours à se montrer à ses disciples, va disparaître. Cela valait bien la peine de ressusciter si c’est pour disparaître encore, et un peu plus que trois jours cette fois-ci ! A croire que le jeu de cache-cache a été créé pour l’occasion. Bref, voilà Jésus absent, et cette absence est nécessaire. Nécessaire pour que l’Esprit Saint puisse être donné. Nécessaire pour que le Père accomplisse ainsi toutes ses promesses. Si nos frères orthodoxes ne nous avaient pas appris que l’Esprit Saint est le lien d’amour qui unit Jésus à son Père, on pourrait croire que ces deux-là (l’Esprit Saint et Jésus) ne peuvent pas cohabiter : pour que l’Esprit Saint descende, il faut que Jésus remonte ! Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir les deux ?
 
Jésus s’en va donc, et, pour les Apôtres, s’ouvre le temps de l’absence. L’Esprit Saint, ce n’est pas pour aujourd’hui : il faut attendre sa venue comme il a fallu attendre la venue du Messie. Il faut être patient avec Dieu comme lui est patient avec nous. Il donne les choses au temps voulu. Et là, ce n’est pas encore le temps. L’absence a ceci de bon qu’elle creuse en nous le désir et l’attente. Non pas l’attente impatiente, mais l’attente qui nous prépare à un don toujours plus grand. Dieu ne cesse de se donner. Il s’est donné en son Fils : nous l’avons mis à mort. Il nous l’a rendu ressuscité : nous avons du mal à le croire. Il nous promet son Esprit Saint : sommes-nous impatients de le recevoir ? Le temps de l’absence n’est pas un temps vide ou creux. C’est un temps qui nous prépare à la suite. 
 
Si la venue de Jésus n’était déjà pas de tout repos (demandez donc à Marie, si elle a pu se reposer avec ce gentil petit Jésus !), imaginez ce que sera le temps de l’Esprit Saint, dont Jésus lui-même nous dit que, l’ayant reçu, nous serons ces témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ! Pour ceux qui pensaient se reposer maintenant que Jésus est parti, la désillusion est grande. Ce temps de l’absence devient un temps de préparation à la mission. Quand l’Esprit Saint viendra, il faudra être prêt. Quand l’Esprit Saint viendra, nous irons par les chemins témoigner de ce Christ que nous confessons comme Messie et Sauveur. Jamais il n’aura été autant présent que depuis qu’il est absent ! 
 
Aujourd’hui encore, Jésus est présent, plus que jamais présent ; il est présent dans le pain consacré, présent dans la Parole proclamée, présent dans le prêtre qui le représente, présent dans l’assemblée réunie en son nom. On ne le voit plus, mais il est partout ! Et nous comprenons alors la joie des Apôtres au départ de Jésus. Ce n’est pas la joie d’en être enfin débarrassé ; non, c’est la joie de le savoir toujours présent, malgré son absence physique. Si avant l’Ascension, Jésus était là où il était physiquement, désormais, il est là où se réunissent ses disciples, même en petit nombre : là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ! Je vous le redis : jamais un absent n’aura été autant présent que Jésus. 
 
A la manière des Apôtres, vivons cette absence de Jésus avec la même joie : même si nous ne le voyons plus comme les Apôtres jadis, il est toujours avec nous. A la manière des Apôtres, vivons cette absence de Jésus avec le même désir d’accueillir celui qu’il nous envoie : l’Esprit Saint qui nous fera tout comprendre et qui nous guidera chaque jour, dans la fidélité à Jésus. A la manière des Apôtres, vivons cette absence dans l’espérance de son retour, ce jour où il nous prendra avec lui et où nous le verrons pour toujours, face à face. Jésus est absent, mais nous le rendrons présent par toute notre vie. Amen.
 

(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

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