Mais
qui va bien pouvoir manger tout ça ? Imaginez-vous : douze paniers pleins. Et dire qu’au
départ, il n’y avait que cinq pains et
deux poissons ! Certes, nous ne connaissons ni la taille des paniers,
ni leur contenance réelle ; mais quand même, ça en fait des restes. Que
voulez-vous : quand Dieu se donne, il donne à profusion. C’est peut-être
là, le sens de cette fête : avec Dieu, nous n’en avons jamais fini. Avec
Dieu, nous ne manquons de rien. Il pourvoit en temps voulu.
Cette
fête du Corps et du Sang du Christ vient à un moment précis de l’année
liturgique : nous venons de vivre le temps pascal avec ferveur, de Pâques
jusqu’à Pentecôte. Nous avons célébré le Dieu Trinité, qui est relation d’amour
partagé. Dans nos paroisses, l’année pastorale touche à sa fin. Les premières
communion sont passées ou sont justement célébrées encore en ce jour. Cette
fête eucharistique vient alors nous rappeler que le don que Jésus fait de
lui-même, don qu’il renouvelle pour nous en chaque eucharistie, ce don-là n’est
pas un coup pour rien. Ce don est permanent. Il manifeste la présence réelle de
Dieu et de son Christ au milieu de nous. A nous qui croyons en lui, il dit sa
présence permanente et l’urgence pour nous de le reconnaître, de l’accueillir
et de l’adorer. A ceux qui ne croient plus, ne croient pas ou croient
autrement, nos processions peuvent ouvrir leur cœur à ce Dieu qui vient visiter
chacun de nous et qui attend de nous une porte ouverte, une main tendue pour le
recevoir et le partager. Il ne s’agit pas de nous imposer dans le paysage
socio-politique, mais de redire une présence aimante, respectueuse, attentive.
L’homme a si vite fait d’oublier Dieu, d’oublier qu’il est à son image et à sa
ressemblance. En portant le Christ présent dans l’Eucharistie dans nos cités,
nous permettons une rencontre, nous éveillons peut-être un souvenir,
quelquefois un espoir. L’homme n’est pas seul, il est accompagné par la source
de la vie et de l’amour.
A
ceux qui font leur première communion aujourd’hui, les douze paniers pleins à
la fin du repas viennent redire la possibilité toujours offerte d’y
revenir : la première communion ne peut jamais être la dernière. Lorsqu’on
a goûté au Christ, goûté à sa Parole, goûté à sa vie donnée en partage, comment
ne pas y revenir ? Comment ne pas vouloir y goûter encore ? Une
première communion qui serait une dernière communion n’aurait aucun sens et ne
prendrait au sérieux ni l’amour de Dieu pour nous, ni notre devoir de
reconnaissance envers celui qui est allé jusqu’au don de sa propre vie. Ce
serait être bien ingrat, non ?
A
cause de l’amour de Dieu qui jamais ne nous fait défaut, à cause de ce don sans
cesse renouvelé, nous avons un devoir incontournable : celui de faire
connaître cet amour et de partager ce don. Nous ne pouvons pas garder Jésus
pour nous tout seul ; nous ne pouvons pas l’enfermer dans nos tabernacles
sans porter devant lui la prière des hommes et des femmes qui souffrent, se
sentent abandonnés ou rejetés. C’est pourquoi nous sommes invités, en cette
année de la foi, à nous unir à la prière silencieuse du pape François, ce
dimanche soir, à 17h. Le Christ est présent au milieu de son peuple pour,
aujourd’hui comme jadis, prendre soin de lui, guérir les cœurs malades,
soulager les esprits abattus, nourrir les affamés d’amour et de tendresse.
Devant
tant d’amour et de prévenance, n’ayez qu’une réponse en ce jour de fête :
venez et adorez. Venez redire votre reconnaissance pour ce que Dieu réalise en
vous et par vous ; venez lui confiez celles et ceux que vous aimez, même (et
surtout) s’ils sont loin de Dieu. Venez prendre du temps auprès de lui,
puisqu’il s’est fait proche de vous, en Jésus. Ne restez pas seul, approchez,
il est là qui vous attend, avec douze corbeilles remplies de son amour. Il y en
aura pour tous ; jamais vous ne l’épuiserez. Il se donne, sans réserve,
avec profusion, pour le salut de tous. Amen.
(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Evangile, éd. Presses d'Ile de France)
(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Evangile, éd. Presses d'Ile de France)
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