Soyez dans la
joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche ! Ce verset,
emprunté à l’épitre aux Philippiens, est l’antienne d’ouverture de la messe de
ce troisième dimanche de l’Avent. Il veut nous préparer à entrer dans un
mouvement de joie profonde, de joie vraie, à cause du Seigneur qui vient.
Cette
joie que nous sommes invités à vivre n’est pas un contentement béat, un
sentiment superficiel qui disparaitrait à la première contrariété. La joie à
laquelle nous sommes invités en ce dimanche est tout à l’opposé : c’est
une joie qui colle au cœur même dans les jours plus sombres. C’est une joie qui
nous permet d’affronter tout ce qu’une vie humaine peut nous réserver, y compris
en épreuves. C’est une joie qui vient de Dieu. C’est cette joie qui permet, par
exemple, aux exilés de Babylone de se réjouir déjà de leur libération alors
même qu’elle n’est pas encore d’actualité (1ère lecture). C’est
cette joie qui permet à Jean le Baptiste d’espérer que son œuvre n’aura pas été
vaine, et qu’il n’est pas en prison pour rien : celui qu’il annonçait est
bien à l’œuvre en Jésus : les signes parlent pour lui. Jean le Baptiste,
du fond de sa cellule, peut se réjouir, car non seulement l’heure qu’il a
annoncée vient, mais elle est déjà là : les temps nouveaux sont inaugurés,
le monde est en train de changer, les prophéties se réalisent (évangile).
Cette
joie est une joie durable parce qu’elle n’est pas œuvre humaine. Ce n’est pas
une joie fabriquée par une campagne marketing ; ce n’est pas une joie
acquise à force d’argent dépensé ; ce n’est pas une joie venue d’une
accumulation de choses. C’est une joie qui nous est offerte, par Dieu. C’est
pour cela qu’elle dure, pour toute éternité. Ce n’est pas une offre à saisir
avant qu’il ne soit trop tard : avec Dieu, il est toujours possible
d’entrer dans cette joie que lui seul peut donner. Ce n’est pas une joie pour
aujourd’hui seulement, en attendant la proposition suivante. C’est une joie pour
aujourd’hui et pour toujours. Dieu ne reviendra pas sur sa proposition. Il nous
la refera chaque jour pour que nous comprenions bien que notre joie est en lui
seul. Durant ce temps de l’Avent, c’est la joie d’attendre celui qui
vient ; à Noël, ce sera la joie d’accueillir son Fils, cadeau de Dieu à
tous les hommes ; durant le temps du Carême, ce sera la joie de pouvoir
revenir vers lui si le péché nous a envahi et éloigné de Dieu ; au matin
de Pâques, nous découvrirons la joie d’une vie plus forte que toutes les forces
de morts ; à l’Ascension, ce sera la joie de savoir qu’une porte est
définitivement ouverte entre le ciel et la terre ; à la Pentecôte, nous
serons pris dans la joie de l’Esprit Saint, cette présence de Dieu au monde de
notre temps. L’Esprit nous permettra alors de prolonger cette joie quand nous
vivrons à nouveau l’ordinaire de notre vie.
Certains
pourront objecter que cette joie semble plus être une vue de l’esprit, une
construction intellectuelle ou pire, une méthode Coué appliquée à la vie spirituelle.
Il n’en est rien. Relisez l’oraison de ce troisième dimanche ; elle nous
dit les fondements de notre joie. Ecoutez à nouveau la prière de l’Eglise entendue
au début de notre eucharistie : Tu
le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton
Fils ; dirige notre joie vers la
joie d’un si grand mystère : pour que nous fêtions notre salut avec un
cœur vraiment nouveau. La joie chrétienne ne repose pas sur une vue de
l’esprit ; elle a sa source dans le salut offert et incarné en Jésus, fils
des hommes, fils de Dieu, venu sauver le monde. Nous demandons à Dieu
d’orienter nos joies humaines vers cette joie suprême de nous savoir libérés à
tout jamais de tout ce qui pourrait entraver notre bonheur, notre vie, notre
liberté. Et la naissance de Jésus garantit en quelque sorte ce salut définitif
offert par Dieu. Notre joie vient donc
aussi de l’amour de Dieu dont nous pouvons sentir les effets dans notre vie,
qu’elle soit belle ou misérable, marquée par la réussite ou par l’échec. Quelle
que soit notre situation, nous sommes sauvés par l’amour que Dieu nous porte,
amour qui vient dans le monde, à notre rencontre, en Jésus ; amour qui
jamais plus ne s’éloignera de nous quand bien même nous choisirons de nous
éloigner de Dieu. La source de notre joie vient dans le monde pour ne plus
jamais le quitter, pour ne plus jamais nous abandonner. La source de notre joie
vient dans le monde pour le transformer, radicalement : les aveugles voient, les boiteux marchent,
les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la
Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Si nous ne trouvons pas là motif à
être dans la joie, que nous faut-il ?
Chacun
de nous peut connaître et vivre cette vraie joie que rien n’arrête et que rien
n’éloigne pour peu qu’il se laisse aimer par Dieu comme Dieu veut l’aimer. Nous
connaîtrons tous la puissance de cette joie lorsque nous nous découvrirons
aimés, pardonnés, libérés, non seulement aujourd’hui, mais à chaque instant de
notre vie. Puisse cette joie devenir notre réalité et notre quotidien, par la
grâce de Dieu. Amen.
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
Merci! vive le JOIE de DIEU
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