Est-ce être naïf que de croire en la prophétie d’Isaïe ? Est-ce
être déconnecté de la réalité que de croire qu’un monde meilleur est possible
alors que l’actualité semble prouver le contraire ? La crise qui n’en
finit pas, de nouveaux conflits armés, des terrorismes difficile à enrayer :
il est où le monde meilleur annoncé ? Il est pour quand ?
Les objections ne manquent pas pour
battre en brèche les lectures de ce dimanche. Le monde décrit par Isaïe serait
réalité s’il n’y avait pas toutes ces injustices, si les hommes étaient
vraiment égaux devant la loi, devant la vie. Le monde décrit serait réalité si
l’homme était moins égoïste, plus attentif à ce qui se passe autour de lui. Le
monde décrit serait réalité si enfin nous pouvions nous entendre, ne serait-ce
déjà qu’en famille et faire la paix autour de nous. Ce monde serait réalité si…
la liste est longue des attitudes contraires à cet idéal. Il n’empêche !
Faut-il pour autant tout rejeter et se dire que cela ne changera jamais ?
Isaïe, et à sa suite de nombreux
hommes et femmes de bonne volonté, veulent croire qu’il est possible que notre
monde change. Isaïe, et à sa suite de nombreux croyants, rappelle que l’homme
n’est pas le tout de la vie, qu’il y a quelqu’un de plus grand, de plus juste,
de plus « humain » qui indique à l’homme un chemin de vie, qui ouvre
à l’homme un chemin de paix et justice, d’égalité et de fraternité vraie. Ce
quelqu’un vient à la rencontre de l’homme et attend de lui un mot, un geste
exprimant sa volonté de changer. C’est si facile de baisser les bras et de dire
que jamais rien ne changera, que ce monde est foutu ! C’est si facile de
rester sur son « chacun pour soi » ! Mais voilà, Dieu ne peut se
satisfaire de cet état de chose. Et le croyant pas davantage. S’il va à la
rencontre de Dieu, il est invité à faire la vérité dans sa propre vie pour
qu’elle puisse germer autour de lui. Un jour, le temps du jugement
viendra : nul ne sait quand ! Et ce n’est pas culpabiliser l’homme
que de le dire tout haut. Il est faux de croire que l’homme n’aura jamais de
compte à rendre ! Il est faux de croire que, parce que Dieu est
miséricorde, tous seront de toute manière dans le royaume avec lui. Ce que je
fais de ma vie terrestre aura des conséquences sur mon avenir. Dieu lui-même ne
peut pardonner que si l’homme accepte le pardon et se reconnaît pécheur. Celui
qui refuse consciemment Dieu tout au long de sa vie, qui refuse son amour et
son pardon, se coupe lui-même définitivement de Dieu. Et Dieu lui-même sera
prisonnier de son amour parce que la volonté de cet homme refusera de se
laisser aimer ! Oui, la toute-puissance de Dieu devient toute-faiblesse devant la volonté de l’homme. Dieu aime
tellement l’homme qu’il ne fera jamais rien qui aille contre sa volonté !
L’appel de Jean le Baptiste à la
conversion, à une rencontre vraie avec Dieu se fait d’autant plus
pressant ; Dieu venant à la rencontre de l’homme pour juger le monde, il
devient urgent de se déterminer et de se convertir. Il ne s’agit pas de prêcher
l’enfer mais d’annoncer l’immense amour de Dieu sans lequel l’homme ne peut pas
vivre, sans lequel l’homme n’est plus vraiment homme, sans lequel l’homme n’est
plus à l’image et à la ressemblance de Dieu. Le monde annoncé par Isaïe sera
réalité lorsqu’enfin l’homme acceptera de se laisser conduire par l’amour de
Dieu, lorsqu’enfin l’homme acceptera d’aimer comme Dieu aime. Il est long le chemin
qui mène à cette réalité ; mais il est patient le Dieu de tout amour,
patient et miséricordieux. Allons à sa rencontre, laissons-nous aimer de lui,
laissons son amour inonder notre vie. Alors la paix ne sera plus un rêve, alors
la justice sera réalité, alors l’homme sera pleinement comblé. Amen.
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
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