A
quelques jours de l’entrée dans le Carême, nous entendons un dernier extrait du
discours de Jésus sur la montagne, discours inauguré par les béatitudes et
poursuivi par des considérations diverses sur ce qu’est être croyant, être
disciple du Christ. Avec Jésus, nous avons relu la loi donnée jadis à Moïse et
nous avons entendu Jésus porter cette loi à son accomplissement. Que peut-il
nous dire ou faire de plus maintenant ? Simplement nous inviter à la
confiance.
Les
onze versets du chapitre 6 de l’évangile de saint Matthieu que nous méditons
aujourd’hui veulent nous inviter à cette confiance absolue en Dieu en nous
décentrant de ce qui peut habituellement accaparer notre attention : l’argent,
notre tenue vestimentaire, notre corps, notre nourriture. Toutes ces choses qui
peuvent envahir nos pensées au quotidien sont secondaires par rapport à l’unique
nécessaire : se préoccuper du Royaume. Cherchez
d’abord le Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le
marché. Ce n’est pas une attitude de « m’en foutiste » qui
pourrait nous paraître bien moderne que Jésus prône. Ce qu’il demande, c’est de
remettre les choses à leur juste place. Bien sûr qu’il faudra vous habiller,
vous soigner, manger, gagner votre vie : nous ne sommes pas au pays des
bisounours ! Mais toutes ces choses, pour importantes qu’elles soient, ne
doivent pas nous déborder. Il y a plus important que cela, il y a plus urgent à
vivre que de savoir quelle marque de chaussures ou de vêtements je dois porter !
Paul
porte ce souci plus loin encore. A une époque comme la nôtre, où l’opinion des
autres peut faire ou défaire une réputation et une vie, il nous invite à ne
même pas nous soucier de ce que les autres pensent de nous. Il avait bien
conscience, déjà à son époque, que sa manière de vivre depuis sa conversion,
pouvait interroger les voisins, celles et ceux qu’il rencontrait dans ses
voyages missionnaires. Mais lui ne s’intéressait qu’à une chose : ce que
le Christ penserait de lui quand il reviendrait. Celui qui me juge, c’est le Seigneur ! Le seul souci de Paul,
c’est de plaire en toutes choses à Dieu. Il est le cœur de sa vie. S’il fait
confiance à Dieu quant à son avenir, il veut aussi mériter la confiance de Dieu :
il se définit comme un intendant des
mystères de Dieu. Et ce qu’on demande aux intendants, c’est en somme de mériter
confiance. Que serait un intendant qui n’aurait pas la confiance de son
maître ? Rien ! A l’exemple de Paul, le disciple du Christ doit s’efforcer
de plaire à Dieu plutôt qu’aux hommes, en faisant confiance à son jugement.
Le
court passage du prophète Isaïe redit cette confiance primordiale que le
croyant doit faire à Dieu, même dans les moments les plus sombres de son
histoire. Dieu ne peut pas plus oublier celui qui se confie en lui qu’une mère pourrait oublier son petit
enfant. Et quand bien même cela fût possible qu’une mère oublia son enfant,
Dieu ne le pourrait pas. Il y a un lien vital entre Dieu et l’humanité. Dieu s’est
définitivement lié à l’homme comme il s’était lié à ce peuple qu’il avait choisi
et libéré maintes fois. Depuis qu’il a envoyé son Fils dans le monde, il a
partie liée avec ce monde. Dieu et l’homme, même combat ! Si l’homme
faisait confiance à Dieu de la manière dont Dieu fait confiance aux hommes, la
face du monde en serait changée, assurément.
Cette
confiance en Dieu, l’Eglise la dit dans sa prière. Le psaume 61 qui nous a
permis de répondre au prophète Isaïe nous faisait chanter cette confiance en un
Dieu qui toujours veille sur nous et chacun a pu réaffirmer avec certitude :
je n’ai de repos qu’en Dieu seul, mon salut
vient de lui. Nous avons aussi affirmé cette confiance au début de notre
célébration, lorsqu’avec l’oraison, le prêtre priait ainsi en notre nom à tous :
Fais que les événements du monde, Seigneur,
se déroulent dans la paix, selon ton dessein, et que ton peuple connaisse la
joie de te servir sans inquiétude. Puisse cette confiance affirmée dans la
prière devenir notre seul bien, et le reste nous sera donné en plus. Amen.
(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, Mille dimanches et fêtes, éd. Les Presses d'Ile de France)
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