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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 29 novembre 2014

01er dimanche de l'Avent B - 30 novembre 2014

Avec le psalmiste, implorons Dieu : Fais-nous revenir !




Dieu, fais-nous revenir ! Tel est le cri du psalmiste en ce premier dimanche de l’Avent. Il semble en contradiction avec le cri du prophète Isaïe entendu en première lecture : Reviens, à cause de tes serviteurs. Et pourtant, ne s’agit-il pas d’un seul et même cri ?
 
Le prophète Isaïe, lorsqu’il lance vers Dieu son cri : Reviens, veut redonner du courage à son peuple. Tous les malheurs se sont abattus sur ce peuple à la nuque raide à cause de son péché. Nous avons encore péché, et nous nous sommes égarés. Tous, nous étions comme des gens impurs, et tous nos actes justes n’étaient que linges souillés. En appelant Dieu à l’aide, le prophète veut faire comprendre au peuple que tout n’est peut-être pas fini. Ce peuple qui n’a plus voulu de Dieu, qui s’en est débarrassé en acceptant d’autres dieux, qui se retrouve incapable d’assumer les conséquences de ses actes, ce peuple donc se rend compte de qui est Dieu pour lui : c’est toi notre père, nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. Il  a conscience que Dieu s’est éloigné parce qu’il ne voulait plus de lui. N’aurions-nous pas fait pareil ? Reviens ! Ce cri du prophète est donc légitime. Nous avons l’habitude de l’entendre en temps de l’Avent. Oui, que Dieu revienne vers son peuple ; que Dieu habite à nouveau au milieu de son peuple ; et tout ira pour le mieux. 
 
Pourtant, si vous avez bien écouté le texte d’Isaïe, vous aurez pu entendre le prophète interroger Dieu en ces termes : Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Et plus loin, il affirme : Tous, nous étions desséchés comme des feuilles, et nos fautes, comme le vent, nous emportaient. Si Dieu s’est retiré, le peuple s’est aussi égaré loin de Dieu. Son péché l’a éloigné de la loi de Dieu comme le vent emporte au loin les feuilles mortes détachées de l’arbre. C’est donc à lui aussi de faire effort pour revenir vers Dieu. D’où le cri du psalmiste : Fais-nous revenir ! Celui qui pousse ce cri a bien conscience qu’il lui faudra toute la puissance de Dieu pour qu’il puisse se convertir. Ce psaume 79, dont nous chantons un extrait en ce dimanche, rappelle tout ce que Dieu a fait pour son peuple : il en a pris soin comme on prend soin d’une vigne, il l’a sorti d’Egypte, l’a planté en bonne terre où il a pu s’épanouir. Mais un jour, Dieu a percé sa clôture. Désormais, tous les passants y grappillent en chemin ; le sanglier des forêts la ravage, les bêtes des champs la broutent. Peut-on dire mieux que cela qu’elle n’est plus rien, cette vigne de Dieu ? Le psalmiste reprend le cri du prophète : Dieu de l’univers, reviens, et le double d’un second cri, qui lui est semblable : Dieu, fais-nous revenir. Si Dieu doit à nouveau porter le souci de son peuple, il faut aussi que le peuple porte à nouveau le souci de son Dieu. On pourrait dire : Dieu et l’homme, même combat. Dieu aime son peuple ; il l’a maintes fois démontré dans le passé ; et le peuple aime son Dieu, même si quelquefois l’homme se montre ingrat. Dieu et l’homme, c’est une histoire d’amour sans cesse chahutée, sans cesse recommencée. Pour qu’elle soit solide, chacun doit revenir vers l’autre : le peuple doit revenir vers Dieu et Dieu doit revenir vers son peuple. Le cri du psalmiste : Fais-nous revenir, est touchant parce que l’homme y dit sa faiblesse, son incapacité à revenir vers Dieu par ces propres forces si Dieu ne le fait pas revenir par sa puissance. C’est un peu comme si nous disions à Dieu : aime-nous fort pour que nous puissions t’aimer un peu. Que ta main soutienne ton protégé, le fils de l’homme qui te doit sa force. Jamais plus nous n’irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom ! Comment dire mieux que l’homme tient tout de Dieu ? 
 
Reviens, et fais-nous revenir ! Ce cri en deux mouvements est notre cri en ce temps de l’Avent. Au début d’une nouvelle année liturgique, il nous permet de redire notre confiance en Dieu, notre désir de conversion, notre volonté de nous attacher à ce Dieu qui nous aime et qui vient toujours rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de lui en suivant ses chemins. Il n’est pas de meilleur moyen de nous préparer à accueillir celui que Dieu envoie. Dieu, fais-nous revenir, que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés ! Puisse notre demande devenir notre réalité. Amen.


(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
 

samedi 22 novembre 2014

Christ, Roi de l'univers - 23 novembre 2014

Le frère et le service comme sacrement du Christ.




Il y a un risque certain avec ces paraboles que nous connaissons sur le bout des doigts, et ce risque est celui de passer à côté d’un détail, parce que nous n’écoutons que d’une oreille distraite un texte dont nous pensons tout savoir. C’est particulièrement vrai avec cette parabole du jugement dernier rapporté dans l’évangile de Matthieu.  C’est la dernière parabole de Jésus avant que ne commencent les événements de la Passion. Elle termine tout un ensemble de paraboles sur le Royaume et le jugement à venir. En ce sens, elle devient comme le résumé de ce long discours de Jésus, comme ce qu’il faut en retenir absolument. 
 
L’histoire, en elle-même, ne pose pas de problème de compréhension. Jésus, présenté comme le Fils de l’Homme, vient pour prononcer le jugement sur toutes les nations. Il effectue pour cela une séparation qui est loin d’être arbitraire : d’un côté, les brebis, les bénis du Père, ceux qui ont vécu selon l’esprit de l’Evangile ; de l’autre, les chèvres, les maudits, ceux qui n’auront vécu que pour eux. 
 
Saint Matthieu note la surprise des deux camps à l’énoncé du jugement ; surprise identique de surcroît : quand, Seigneur, t’avons-nous vu ? Et c’est là que les choses se compliquent. Si la parabole s’adresse uniquement à des croyants, il est difficile de comprendre comment certains peuvent être ainsi surpris, puisqu’ils avaient en main, à travers l’Evangile et le témoignage des communautés, tout ce qu’il fallait pour bien se préparer à ce jour, pour reconnaître ce qu'ils avaient à faire durant leur vie pour échapper à la sévérité du jugement. Le croyant aurait reconnu de suite le Christ et n’aurait pas manifesté de surprise. De plus, comment comprendre que des croyants au Christ puissent n’être pas sauvés ? Il n’y aurait donc pas d’automaticité en matière de salut ? Le simple fait d’être baptisé ne procurerait donc pas automatiquement le salut ? 
 
C’est là que les petits détails ont leur importance. Certes, cette parabole, Jésus l’adresse à ses disciples ; mais dans la parabole, il ne parle pas que de ses disciples. Il parle bien de toutes les nations. On peut donc en conclure que cette parabole s’adresse à tous, quelle que soit leur origine, leur foi ou leur non foi d’ailleurs. Et si la parabole s’adresse bien à toutes les nations, nous avons alors une nouvelle clé de lecture. Tous les peuples de la terre sont rassemblés devant le Christ, qu’ils aient pu connaître ou non, sa parole de vie. Et tous les hommes, quelles que soient leurs opinions religieuses, sont jugés sur le même critère : non pas sur ce qu’ils auront dit ou pas de Dieu, de Jésus et de l'Esprit Saint, mais sur ce qu’ils auront vécu, concrètement, au jour le jour : l’attention et le partage envers les plus pauvres. Sans le savoir, nous dit cette parabole, les hommes, qu’ils aient connu ou non le Christ, mais qui ont passé leur vie à se mettre au service des autres, ont en fait servi le premier de tous, le Christ lui-même, présent au cœur de la vie de tout un chacun. Le frère et le partage deviennent les sacrements du Christ, les signes de sa présence dans le monde, les signes de sa présence en tout homme. Ce n’est peut-être pas pour rien que l’Eucharistie est le sacrement qui fait l’Eglise puisque elle est le lieu où Dieu se donne, où Dieu se partage dans la Parole et le Pain rompu, nous invitant à faire de même avec chacun de ceux que nous croisons. Il n’y a de vie de foi que partagée et donnée ; il n’y a de vie véritablement humaine que partagée et donnée. 
 
Croyants, nous sommes donc concernés par cette parabole, faisant partie nous aussi de cette multitude qui attend son jugement. Notre seule appartenance à l’Eglise de Jésus Christ ne suffit pas. Certes, c’est la foi en Jésus, mort et ressuscité, qui nous sauve ; mais, autant Paul que Jacques nous rappellent, à la suite du Christ Jésus, que notre foi nous engage et nous donne une responsabilité envers nos frères. Le baptême ne nous dispense pas de vivre notre foi au quotidien, bien au contraire. Reconnaître le Christ, Roi de l’univers, c’est reconnaître que tout pouvoir sur terre est d’abord service, puisque lui, le premier, a ouvert ce chemin, puisque lui nous a assuré de sa présence au cœur du monde, au cœur de notre vie. Le service du frère ne peut donc en aucun cas être optionnel. Il est une conséquence de la foi que nous proclamons. Dire sa foi, c’est bien sûr la proclamer dans les symboles de foi ; mais c’est aussi et surtout la proclamer par notre vie conforme à l’esprit des mots que nous proclamons. 
 
Que cette Eucharistie, partagée entre tous, nous rappelle toujours que dans le Royaume annoncé par Jésus, le plus grand est celui qui se met au service de ses frères, dès maintenant, dès ici-bas, pour la gloire de Dieu et le salut de tous. AMEN.
 
(Image de Jean-François KIEFFER, Mille images d'évangile, éd. Presses d'Ile de France)

vendredi 14 novembre 2014

33ème dimanche ordinaire A - 16 novembre 2014

Dans l'attente du retour du Christ, risquons !




Ta mort, Seigneur, nous la rappelons. Amen. Ta sainte résurrection, nous la proclamons. Amen. Ton retour dans la gloire, nous l’attendons. Amen. J’aurais pu vous chanter n’importe quelle anamnèse bien écrite, vous auriez entendu ces trois termes : la mort de Jésus et sa résurrection comme cœur de notre foi, et l’attente de son retour comme cœur de notre espérance. En un chant bref, après le récit de l’institution eucharistique, l’assemblée des croyants proclame ce qui est essentiel pour comprendre notre foi. Jésus a donné sa vie pour nous, Dieu l’a ressuscité et nous attendons qu’il revienne comme il l’a promis. De ces trois termes, l’un a rapidement posé problème quant à sa réalisation : celui du retour du Christ.
 
Il faut se mettre dans la peau des premiers chrétiens. Jésus avait dit à ses disciples, au soir de sa mort : Je pars vous préparer une place. Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Cette promesse, beaucoup en attendaient la réalisation immédiate. Bon, on voulait bien attendre un peu, mais pas trop. Et quand Jésus tarde, quand certains de ses témoins viennent à mourir, la question du retour de Jésus se fait plus urgente : quand Seigneur ? Mais poser la question en termes de date, c’est faire fausse route. C’est ce qu’affirme Paul : Frères, au sujet de la venue du Seigneur, il n’est pas nécessaire qu’on vous parle de délais ou de dates. Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. Ce n’est pas la date qui importe. Qu’il revienne dans dix jours ou dans cent ans, là n’est pas l’important. Ce qui compte, c’est notre attitude, notre capacité à être prêt au bon moment. Pour reprendre Paul encore, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres.
 
Être vigilant, c’est se tenir toujours prêt, pour ne pas se laisser surprendre. Etre vigilant, c’est travailler en vue de ce retour du Seigneur, comme la maîtresse de maison dont parle le livre des proverbes. L’éloge qui en est fait vient rappeler le but que se fixe cette femme : le bonheur et le bien-être de sa maisonnée, chaque jour ! Ainsi devrait-il en être du croyant qui attend son Sauveur : chaque jour, il devrait veiller au bonheur et au bien-être de ceux qu’il rencontre afin que tous soient prêts à accueillir le Seigneur le moment venu. Avec Jésus, il s’agit d’être au bon endroit, au bon moment. 
 
La parabole que raconte Jésus ne dit pas autre chose. Elle peut nous sembler choquante tant elle fait l’éloge de ceux qui ont réussi financièrement. Mais ce n’est pas tant ce détail qui doit retenir notre attention que l’attitude du Maître et de chacun de ces serviteurs. Le Maître part en voyage et confie ses biens en gestion à ses serviteurs, à chacun selon ses capacités. Petite remarque importante, car le Maître connaît le cœur de ses gens ; il sait ce qu’il peut leur confier et combien il peut donner à chacun ; il sait ce qu’il peut attendre de chacun. C’est un homme profondément juste, attaché à ses serviteurs, respectueux de ce qu’ils sont et de ce qu’ils peuvent. Il ne leur tend pas un piège, il ne se moque pas d’eux ; au contraire, il veut leur faire confiance en mettant entre leurs mains ses propres biens. Ce qu’il confie, ce n’est pas rien : un talent équivaut à 26 kg d’or ou d’argent ! Une vraie fortune ! Oui, c’est bien du respect et une immense confiance qu’il leur manifeste ainsi. 
 
Le maître parti, deux serviteurs s’en vont aussitôt faire valoir ce qu’ils avaient reçu. Nous ne savons pas ce qu’ils font, mais nous apprendrons plus tard qu’ils ont doublé leur capital. Sans doute ont-ils risqué gros ! De telles sommes ne se gagnent pas du jour au lendemain, et surtout pas sans risque : ce n’est pas le placement pépère de la banque du coin ! Le troisième serviteur a une réaction différente : il va creuser la terre et y cacher l’argent de son maître. Il a bien conscience de ce que représente une telle somme, et ne veut sans doute pas se faire voler. 
 
Le Maître, à son retour, demande des comptes : il avait confié un bien à chaque serviteur : l’heure est venue de le restituer. Les deux premiers rendent le dépôt avec le surplus gagné et sont accueillis par le maître avec joie. Ils ont su risquer ; ils sont  récompensés, de la même manière : ils partageront la joie du Maître. Le troisième serviteur rend simplement ce qui lui avait été confié et se trouve condamné. Cela peut  nous paraître surprenant, le Maître n’ayant jamais posé de condition au moment du dépôt. Jamais il n’a dit qu’il fallait en rendre plus. Alors pourquoi cette sévérité ? Parce que l’homme a été paresseux et peureux : il n’a pas osé, par peur de son maître. Non seulement, il se fait une idée fausse de celui-ci (c’est un homme dur qui moissonne là où il n’a pas semé, qui ramasse le grain là où il ne l’a pas répandu), mais en plus, ce qu’il fait est illogique, puisqu’il ne va même pas placer l’argent de son maître à la banque. Il n’a même pas un sou de bon sens. Il s’est en fait jugé lui-même par sa façon de réagir. 
 
Cette parabole est donc un avertissement. Comme il en va de ses serviteurs, ainsi en sera-t-il de chacun de nous : une vie nous est donnée ; des talents nous sont confiés. Viendra le jour où il faudra rendre des comptes. Qu’as-tu fait de ta vie ? Qu’as-tu fais de ce que Dieu t’a confié ? As-tu utilisé ces talents pour le bonheur et le bien-être de tes frères ? As-tu eu peur et t’es-tu caché ? Dieu ne nous demande pas de réussir à tous les coups mais de savoir risquer : risquer une parole de paix là où les hommes s’opposent ; risquer des gestes d’amitié là où la guerre l’emporte ; risquer de croire là où la méfiance prolifère ; risquer d’aimer là où grandit la haine ; risquer de vivre là où la mort veut avoir le dernier mot. Risquer, et croire que Dieu est avec nous et qu’il récompensera notre audace. Risquer, et entraîner les autres à faire de même pour faire grandir ce monde de justice et de paix auquel nous aspirons. Risquer de vivre et ne pas se contenter d’une vie tranquille, au coin du feu, où l’on ne dérange personne et où personne ne nous dérange. La foi nous pousse à prendre des risques… au risque de nous perdre si nous refusons de vivre. On ne peut pas être croyant et attendre simplement et sagement que le temps passe, et que vienne enfin ce jour de Dieu. C’est à chacun de faire ce qu’il peut afin de hâter la venue du jour de Dieu par des actes conformes à la volonté du Père. Nous n’échapperons pas à la nécessité de vivre en conformité avec notre foi ; nous n’échapperons pas à l’urgence de développer un art de vivre en accord avec notre foi. Il ne peut pas y avoir la vie ordinaire du lundi au samedi, et la vie de foi réservée au dimanche. Le croyant au Christ est un être unifié tout au long des jours, ou il n’est pas. A tout le moins doit-il essayer d’unifier sa vie. 
 
J’aime bien finalement cet Evangile parce qu’il m’oblige à me mettre en mouvement ; il m’oblige à bouger pour la cause de Jésus et la cause des hommes. Grâce à cet Evangile, je ne peux plus considérer ma vie de foi comme quelque chose de mou, comme une vie passée à attendre que le temps s’écoule et que Jésus enfin vienne. A chacun donc de s’observer, de découvrir le talent que Dieu lui a confié et de se mettre en devoir de le faire fructifier. Il est temps de chasser la peur de notre vie ; il est temps de prendre des risques. Amen.
 
(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Evangile, éd. Presses d'Ile de France)

samedi 8 novembre 2014

Dédicace du Latran - 09 novembre 2014

Une fête pour toute l'Eglise.




Que célébrons-nous aujourd’hui, en fêtant la dédicace de la Basilique de Saint Jean de Latran ? Et d’abord, pourquoi sommes-nous invités à marquer le jour anniversaire de la cathédrale du Pape, la première de toutes les églises ? Trois raisons me semblent justifier le choix de l’Eglise de faire de ce jour, un jour de fête pour toute l’Eglise. 
 
Célébrer la dédicace de la Basilique du Latran, en nous tournant vers Rome, nous rappelle d’abord que notre Eglise est apostolique, ou elle n’est pas ! C’est-à-dire qu’elle repose sur les Apôtres, et en particulier sur le ministère de Pierre dont le pape est le successeur. S’unir à lui, en cette fête, c’est reconnaître son ministère d’unité, reconnaître que nous sommes de cette Eglise qu’il conduit depuis deux ans à la rencontre du Sauveur. C’est dire aussi à Dieu notre reconnaissance pour celui qu’il a choisi et qui nous redit toujours la Bonne Nouvelle du salut. Notre communauté, ici réunie, n’est vraiment une partie de l’Eglise qu’en tant qu’elle est unie au pape : c’est la raison pour laquelle la prière eucharistique fait mention de son nom, toujours. Appartenir à cette Eglise qui repose sur les Apôtres, c’est reconnaître la place toute particulière que tient le successeur de Pierre et son rôle irremplaçable dans l’Eglise. 
 
Célébrer la dédicace de la Basilique du Latran, c’est aussi affirmer que notre Eglise est catholique, c’est-à-dire ouverte à l’universalité. Si l’Eglise n’est pas catholique, elle n’est qu’un groupe replié sur lui-même, un parti de gens qui s’assemblent parce qu’ils se ressemblent. Or l’Eglise que Dieu suscite est appelée à s’ouvrir à tous et à devenir la communauté de tous les hommes en Christ. Notre communauté ici réunie n’est pas toute l’Eglise ;  elle n’en est qu’une partie infime. Les difficultés qu’elle peut rencontrer ne sont pas les difficultés de toute l’Eglise. Dire que l’Eglise catholique va mal, parce que l’Eglise  dans un pays donné rencontre des difficultés, revient à nier son caractère catholique. La catholicité doit nous permettre de tirer partie de l’expérience des autres communautés catholiques répandues par le monde pour répondre toujours mieux et de manière nouvelle aux appels de l’Esprit Saint. En nous tournant aujourd’hui vers Rome, nous sommes renvoyés aux quatre coins du monde pour découvrir comment d’autres peuples vivent de l’Evangile. De toutes ces communautés, nous avons à être solidaires. Cathédrale de l’évêque de Rome, la Basilique du Latran est le signe de la communion de toutes les Eglises entre elles. Elle est aussi l’église de tous les chrétiens catholiques, quel que soit leur pays d’origine. A Saint Jean de Latran, chaque chrétien catholique est chez lui. 
 
Célébrer la dédicace de la Basilique du Latran nous rappelle enfin que notre Eglise ne se limite pas aux belles constructions de pierres. Notre Eglise, c’est d’abord un peuple vivant, un peuple de pierres vivantes. C’est ce que proclame l’oraison de la fête : Dieu qui choisis des pierres vivantes pour bâtir la demeure éternelle de ta gloire, fais abonder dans ton Eglise les fruits de l’Esprit que tu lui as donné. C’est aussi ce que Paul redit avec force aux chrétiens de Corinthe : Frères, vous êtes la maison que Dieu construit… N’oubliez pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit habite en vous. Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous ! 
 
Par notre baptême, nous sommes devenus temple de Dieu, appelés à lui rendre hommage par toute notre vie. Par notre baptême, nous sommes devenues les pierres vivantes de son Eglise, ayant à cœur de faire vivre et grandir cette Eglise du Christ. Nous avons tous à prendre une part active dans ce travail jamais terminé. Cela passe aussi par un service rendu à toute la communauté : accompagner des enfants vers un sacrement, prendre une part active à la liturgie dominicale dans le service de l’autel, le service des lecteurs ou le service du chant.  C’est encore veiller au domaine caritatif et social afin que personne ne manque de rien.  C’est enfin veiller à donner à l’Eglise les moyens matériels et financiers dont elle a besoin pour continuer l’œuvre du Christ dans le monde de ce temps. Il revient à chaque baptisé de faire ce dont il est capable pour que notre communauté soit véritablement une communauté de frères, vivants de l’Esprit du Ressuscité. 
 
Une Eglise apostolique, une Eglise catholique, une Eglise portant toujours le souci de vivre et de grandir : voilà ce que nous célébrons en ce jour de fête. Nous sommes tous concernés, nous sommes tous responsables de ce que nous vivons ou ne vivons pas, ensemble, en Eglise. Puisse cette eucharistie nous redonner force et courage dans cette marche qui nous conduit à la Jérusalem céleste, unique Eglise du Christ, où Dieu sera enfin tout en tous. Amen.
 
(Basilique St Jean de Latran, Rome)

samedi 1 novembre 2014

Tous les fidèles défunts - 02 novembre 2014

Dieu a détruit la mort pour toujours.




Le jour viendra où le Seigneur, Dieu de l’univers, (…) détruira la mort pour toujours. Les disciples qui ont fui au moment du procès de Jésus, saint Jean et les femmes au pied de la croix, se sont-ils souvenus de cette promesse de Dieu formulée par le prophète Isaïe ? Nous souvenons-nous de cette promesse lorsque la mort nous frappe par le départ de nos proches ? 
 
J’essaie d’imaginer ce qui pouvait passer par la tête de Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et Salomé, lorsqu’elles se rendent au tombeau une fois le sabbat terminé. Ont-elles seulement pu vivre les fêtes de la Pâque juive comme les autres années, ou la douleur de la mort violente de Jésus a-t-elle pris le pas sur ce qui aurait dû être la joie de la fête, la joie de la libération ? Lorsque nous les croisons sur la route qui mène au tombeau, elles semblent n’avoir qu’une question : Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? Pourquoi n’y ont-elles pas pensé avant, et demandé à l’un ou l’autre Apôtre de les accompagner ? Visiblement, elles sont encore toutes bouleversées par les événements vécus. Elles en perdent leur bon sens ; elles sont comme dans un autre monde. Alors imaginez ce que cela a dû être pour elles lorsque, arrivant au tombeau, elles voient celui-ci ouvert ! Imaginez encore leur surprise devant le tombeau vide du corps de Jésus et occupé par un jeune homme vêtu de blanc. Même si elles connaissaient la prophétie d’Isaïe, même si elles avaient entendu Jésus dire qu’il ressusciterait, je doute qu’à ce moment précis toutes les pièces se soient mises en place d’elles-mêmes. D’ailleurs, nous dit saint Marc, elles furent saisies de peur. 
 
N’est-ce pas la peur qui nous saisit aussi quand nos proches s’endorment du sommeil de la mort ? Peur de l’avenir, peur de la solitude à affronter, peur des questions qui pourraient surgir. Nous ne savons que rarement comment réagir face à la mort. Nous avons beau savoir que toute vie doit finir, nous avons beau savoir que la mort fait partie de notre vie, quand elle survient, elle ouvre des abîmes de doute, de questions, de peur. C’est à ce moment-là que l’Eglise nous fait réentendre les promesses de Dieu. Le jour viendra où le Seigneur, Dieu de l’univers préparera pour tous les peuples un festin sur sa montagne. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples… Il essuiera les larmes sur tous les visages. Oui, Dieu vient consoler son peuple, Dieu vient nous consoler dans ces moments difficiles. Ce jour de commémoraison de tous les fidèles défunts fait partie de ces jours de consolation, de ces jours où il est bon de réentendre que notre vie, même si elle marquée par la mort, a un sens profond et un but autre que le néant du tombeau. Ce jour de prière pour tous nos défunts nous permet de garder la mémoire de nos disparus et de vivre un moment de communion avec eux. A vue humaine, ils sont morts, ils ne sont plus là ; mais dans la foi, nous pouvons les découvrir vivants pour toujours. 
 
Comme l’affirme Paul dans sa lettre aux Romains, ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. Nous demeurerons en Dieu pour toujours puisque Jésus, celui que les hommes ont fait mourir en croix, est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous. Avec un tel avocat, qui pourrait être condamné ? Avec un tel avocat, qui ne pourrait pas être sauvé ? N’a-t-il pas donné sa vie pour tous ?  
 
Au cœur de ce jour si particulier, c’est bien le message de la résurrection qu’il nous faut entendre. Alors que le monde va entrer dans l’hiver, cette période où même la nature semble mourir, il est bon de se souvenir que la vie, en Jésus, a toujours le dernier mot. Les promesses de Dieu ne s’annulent pas dans la mort puisque Jésus a vaincu la mort ; il a repoussé les frontières de la vie. Désormais, la vie, c’est en grand ; désormais la vie, c’est pour toujours, même par-delà la mort. Lorsque vous faites vos visites au cimetière, ce n’est pas à la terre que vous parlez ; ce n’est pas une pierre tombale qui reçoit vos confidences ou accueille vos prières : ce sont ceux et celles qui reposent là et qui veillent sur vous d’auprès de Dieu. Alors que le monde s’enfonce dans la nuit et le froid, le message d’une vie plus forte que la mort vient réchauffer nos cœurs et donner un nouvel espace à notre foi. Il y a une vie au-delà de la mort ; il y a LA vie, pour toujours, pour celles et ceux qui reconnaissent en Jésus leur Sauveur, leur Seigneur et leur Dieu. Puisque rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus, Jésus devient le lien entre nous, vivants de la terre et ceux qui désormais vivent en Dieu. 
 
Même si en ce jour nous faisons mémoire de tous nos défunts, réjouissons-nous : Dieu vient nous consoler et nous assurer que ceux que nous avons aimés ont une place auprès de lui. Son amour est plus fort que la mort. Son amour a détruit la mort pour toujours. Dès lors, que notre amour ne soit pas sans espérance, que notre amour ne trébuche pas sur les pierres de nos tombeaux. Christ est vivant, ressuscité ; à notre tour, nous serons vivants pour toujours ; à notre tour, nous ressusciterons. C’est bien plus qu’une promesse, c’est réalité en Jésus Christ. Amen.
 
(Photo prise à Dublin, Garden of remembrance)