Le jour viendra où
le Seigneur, Dieu de l’univers, (…) détruira la mort pour toujours. Les disciples qui
ont fui au moment du procès de Jésus, saint Jean et les femmes au pied de la
croix, se sont-ils souvenus de cette promesse de Dieu formulée par le prophète
Isaïe ? Nous souvenons-nous de cette promesse lorsque la mort nous frappe
par le départ de nos proches ?
J’essaie
d’imaginer ce qui pouvait passer par la tête de Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et Salomé, lorsqu’elles se
rendent au tombeau une fois le sabbat terminé. Ont-elles seulement pu vivre les
fêtes de la Pâque juive comme les autres années, ou la douleur de la mort
violente de Jésus a-t-elle pris le pas sur ce qui aurait dû être la joie de la
fête, la joie de la libération ? Lorsque nous les croisons sur la route
qui mène au tombeau, elles semblent n’avoir qu’une question : Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée
du tombeau ? Pourquoi n’y ont-elles pas pensé avant, et demandé à l’un
ou l’autre Apôtre de les accompagner ? Visiblement, elles sont encore
toutes bouleversées par les événements vécus. Elles en perdent leur bon sens ;
elles sont comme dans un autre monde. Alors imaginez ce que cela a dû être pour
elles lorsque, arrivant au tombeau, elles voient celui-ci ouvert !
Imaginez encore leur surprise devant le tombeau vide du corps de Jésus et occupé
par un jeune homme vêtu de blanc.
Même si elles connaissaient la prophétie d’Isaïe, même si elles avaient entendu
Jésus dire qu’il ressusciterait, je doute qu’à ce moment précis toutes les
pièces se soient mises en place d’elles-mêmes. D’ailleurs, nous dit saint Marc,
elles furent saisies de peur.
N’est-ce
pas la peur qui nous saisit aussi quand nos proches s’endorment du sommeil de
la mort ? Peur de l’avenir, peur de la solitude à affronter, peur des
questions qui pourraient surgir. Nous ne savons que rarement comment réagir
face à la mort. Nous avons beau savoir que toute vie doit finir, nous avons
beau savoir que la mort fait partie de notre vie, quand elle survient, elle
ouvre des abîmes de doute, de questions, de peur. C’est à ce moment-là que l’Eglise
nous fait réentendre les promesses de Dieu. Le
jour viendra où le Seigneur, Dieu de l’univers préparera pour tous les peuples
un festin sur sa montagne. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les
peuples… Il essuiera les larmes sur tous les visages. Oui, Dieu vient
consoler son peuple, Dieu vient nous consoler dans ces moments difficiles. Ce jour
de commémoraison de tous les fidèles défunts fait partie de ces jours de
consolation, de ces jours où il est bon de réentendre que notre vie, même si
elle marquée par la mort, a un sens profond et un but autre que le néant du
tombeau. Ce jour de prière pour tous nos défunts nous permet de garder la
mémoire de nos disparus et de vivre un moment de communion avec eux. A vue
humaine, ils sont morts, ils ne sont plus là ; mais dans la foi, nous
pouvons les découvrir vivants pour toujours.
Comme
l’affirme Paul dans sa lettre aux Romains, ni
la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir,
ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne
pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. Nous
demeurerons en Dieu pour toujours puisque Jésus, celui que les hommes ont fait
mourir en croix, est ressuscité, il est à
la droite de Dieu, et il intercède pour nous. Avec un tel avocat, qui
pourrait être condamné ? Avec un tel avocat, qui ne pourrait pas être
sauvé ? N’a-t-il pas donné sa vie pour tous ?
Au
cœur de ce jour si particulier, c’est bien le message de la résurrection qu’il
nous faut entendre. Alors que le monde va entrer dans l’hiver, cette période où
même la nature semble mourir, il est bon de se souvenir que la vie, en Jésus, a
toujours le dernier mot. Les promesses de Dieu ne s’annulent pas dans la mort
puisque Jésus a vaincu la mort ; il a repoussé les frontières de la vie. Désormais,
la vie, c’est en grand ; désormais la vie, c’est pour toujours, même
par-delà la mort. Lorsque vous faites vos visites au cimetière, ce n’est pas à
la terre que vous parlez ; ce n’est pas une pierre tombale qui reçoit vos
confidences ou accueille vos prières : ce sont ceux et celles qui reposent
là et qui veillent sur vous d’auprès de Dieu. Alors que le monde s’enfonce dans
la nuit et le froid, le message d’une vie plus forte que la mort vient
réchauffer nos cœurs et donner un nouvel espace à notre foi. Il y a une vie
au-delà de la mort ; il y a LA vie, pour toujours, pour celles et ceux qui
reconnaissent en Jésus leur Sauveur, leur Seigneur et leur Dieu. Puisque rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu
qui est en Jésus, Jésus devient le lien entre nous, vivants de la terre et
ceux qui désormais vivent en Dieu.
Même
si en ce jour nous faisons mémoire de tous nos défunts, réjouissons-nous :
Dieu vient nous consoler et nous assurer que ceux que nous avons aimés ont une
place auprès de lui. Son amour est plus fort que la mort. Son amour a détruit
la mort pour toujours. Dès lors, que notre amour ne soit pas sans espérance,
que notre amour ne trébuche pas sur les pierres de nos tombeaux. Christ est
vivant, ressuscité ; à notre tour, nous serons vivants pour toujours ;
à notre tour, nous ressusciterons. C’est bien plus qu’une promesse, c’est
réalité en Jésus Christ. Amen.
(Photo prise à Dublin, Garden of remembrance)
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