Aujourd’hui
se réalise pour l’Eglise la promesse faite par Jésus : celui qu’il a
promis d’envoyer d’auprès du Père quand il serait retourné chez lui, l'Esprit
Saint, est donné en abondance. Mais il ne suffit qu’un don soit fait ; il
faut encore que ce don soit accueilli. Avec les Apôtres, apprenons donc à vivre
de l'Esprit Saint.
Les
évangélistes Jean et Luc s’entendent sur ce point : vivre de l'Esprit
Saint, c’est témoigner du Christ. Nous l’avons entendu chez Jean : Quand il viendra le Défenseur, que je vous
enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il
rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage. Et
Luc nous a montré les Apôtres qui se
mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit,
au point que les auditeurs s’étonnaient : tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu.
L'Esprit Saint que nous recevons à notre baptême et qui fait de nous des
fils, fait de nous des fils parlant, témoignant de Dieu et non des muets par
soucis de discrétion ou de bien-pensante laïcité. Ce don qui nous est fait est
un trésor à partager, et non à garder jalousement pour nous. Un chrétien qui ne
témoigne pas de sa foi est un chrétien qui a oublié l'Esprit Saint.
Ce
besoin de témoigner provient de l’effet premier que provoque l'Esprit Saint :
il nous rend libre. Quand l’Esprit fond sur eux, les Apôtres sortent du lieu où
ils étaient, ils vont parler : ils sont libres. Ils ne sont plus ces
hommes et ces femmes qui s’enfermaient par peur, comme nous les voyions au jour
de Pâques, tremblants et terrifiés. Malgré la foule, malgré les nations
rassemblées à Jérusalem en ce jour de fête juive, ils sortent, ils parlent, ils
vont au contact des autres. Vivre de l'Esprit Saint, c’est vivre libre. La peur
s’efface quand l’Esprit, le Défenseur, est accueilli dans une vie. Le
témoignage devant les hommes et la liberté reçue sont indissociablement liés :
en témoignant du Christ et de sa puissance de vie, je deviens libre ; en
accueillant cette liberté que donne la puissance de l'Esprit Saint, je me sens
poussé à témoigner. Comment pourrais-je ne pas partager et cette liberté
retrouvée et celui qui me procure cette liberté ?
Ceci
étant posé, nous pouvons alors faire un pas de plus avec saint Paul. L’extrait
de la lettre aux Galates ne laisse planer aucune ambiguïté. Nous pouvons
vérifier très concrètement que nous vivons de l'Esprit Saint aux fruits que
produit notre vie. Là où il y a amour,
joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de
soi, l’Esprit est présent, l’Esprit est à l’œuvre. Il n’est pas un esprit
belliqueux. Il est donné pour un mieux vivre, pour un mieux-être. Ce n’est
peut-être pas un hasard si le symbole liturgique de l'Esprit Saint est de l’huile
parfumée : de l’huile pour permettre aux rouages de nos vies de tourner
sans trop grincer, du parfum pour rappeler le côté agréable de la vie en Dieu.
A
tous ceux qui pensent aujourd’hui encore qu’il faut libérer enfin l’humanité de
toute trace de la présence de Dieu parce qu’il opprimerait l’homme, parce qu’il
l’enfermerait dans un infantilisme mortifère, la fête de la Pentecôte est
donnée en remède. Elle nous rappelle que Dieu nous veut libre de toute peur,
heureux de vivre les uns avec les autres dans la concorde et la paix, avec un
horizon plus large que nos simples désirs. En apprenant avec les Apôtres à
vivre de la présence de l'Esprit Saint, nous apprenons à vivre en grand, nous
apprenons à réaliser pleinement notre humanité au bénéfice de tous. Voilà une
bonne nouvelle à transmettre et à vivre. Pouvons-nous espérer mieux ? Amen.
(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'évangile, éd. Les Presses l'Ile de France)
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