Tu pourrais au
moins te laver les mains ! Quel parent n’a jamais fait cette réflexion
à son enfant qui, revenant de jouer dans le jardin, allait passer à table sans
même faire un tour par la salle de bain ? Non tant d’ailleurs par souci de
lui éviter l’Enfer que par simple mesure d’hygiène. C’est cette même réflexion
que les pharisiens et les scribes font à Jésus au sujet de ses disciples, non
tant par souci d’hygiène que par scrupule religieux : ils ne respectent pas la tradition des anciens. Ce qui donne l’occasion
à Jésus de préciser le rapport entre la foi et la manière que les hommes ont de
l’interpréter ou de la mettre en œuvre. Sa réponse à ceux qui l’interrogent est
double.
Dans
un premier temps, il les renvoie au prophète Isaïe qui déjà dénonçait l’éloignement
de Dieu par le peuple : Ce peuple m’honore
des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Nous comprenons bien de quoi il
s’agit : ils font des prières, ils enseignent Dieu, mais le cœur n’y est
pas. Dieu est devenu une idée, un sujet de discussion et d’étude, mais pas
quelqu’un avec qui l’on vit. La religion a été vidée de la foi ; ne
comptent plus que les manifestations extérieures et le respect scrupuleux de
règles vidées de leur sens. On fait des choses par habitude, parce que tout le
monde le fait et non plus parce que ces mêmes choses signifient profondément ma
foi. On accumule dévotions et pèlerinages, jeûnes et mortifications, bref on
fait des choses pour Dieu, mais on ne change surtout rien à notre vie. Toutes
ces pratiques sont comme des parenthèses spirituelles, sans grandes
conséquences pour la foi. C’est le règne
de l’apparence de la piété sans le risque de la conversion.
Ce
qui amène Jésus au second temps de sa réponse : C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses.
Celui qui veut vraiment se convertir et vivre avec Dieu, c’est dans son cœur qu’il
doit faire venir Dieu. Faut-il rappeler ici que le cœur, dans la Bible, n’est
pas ce lieu plein de guimauve qui me fait fondre mais que c’est avec le cœur que
l’homme biblique prend les grandes décisions de sa vie ? Nous comprenons alors
l’importance de l’enseignement de Jésus. Si ton cœur est habité par le Mal,
tout ce que tu feras sera mal, même si tu as Dieu au bout de lèvres en
permanence. Si ton cœur est habité par Dieu, alors toute ta vie sera illuminée
de sa présence. Pour reprendre le psalmiste, nous pouvons affirmer que celui
dont le cœur est habité par Dieu séjournera
sous la tente du Seigneur, car il se conduit parfaitement, il agit avec justice,
dit la vérité selon son cœur. Il met un frein à sa langue, il ne fait pas de tort à son frère et n’outrage pas son
prochain…Qui fait habiter Dieu dans son cœur demeure inébranlable.
Alors
faut-il se laver les mains, oui ou non ? Si tu ne veux pas risquer de
tomber malade, cela peut être utile. Mais pour plaire à Dieu, ce ne sont pas
les mains qu’il faut te laver, c’est le cœur. C’est bien pour cela que le
prêtre se lave… les mains avant de commencer la prière eucharistique : ce
n’est pas un geste hygiénique, mais une prière adressée à Dieu. De son cœur monte
en même temps cette prière : Lave
moi de mes fautes, Seigneur, de mon péché, purifie moi ! Libéré de
tout mal, il peut offrir, pour tous, le sacrifice qui donne la vie, Jésus, pain
rompu, livré pour nous. Quand Dieu habite le cœur de l’homme, le Christ est présent et agit pour notre vie.
C’est vrai du prêtre, c’est vrai de chacun de nous. Amen.
(Dessin de Coolus, Le Blog du Lapin bleu)
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