Le
temps des vacances qui s’ouvre nous invite à un changement de perspective. Voici
que ce qui fait l’essentiel de nos occupations quotidiennes est mis de côté
pour un temps de repos bien mérité. Et même lorsque l’on choisit de ne pas
partir, notre rythme de vie change. Nous arrivons même quelquefois à
reconsidérer les choses de la vie. La liturgie de ce dimanche semble ne pas
échapper à cette règle. Avec Moïse, avec Jésus, nous sommes invités à un autre
regard.
Le
premier regard à changer, c’est celui de notre rapport avec Dieu par la prière.
Souvent, des gens me disent : je ne prie pas parce que je ne sais pas quoi
dire à Dieu. Comme si l’essentiel de nos relations reposait sur les paroles que
nous pouvons prononcer. Moïse, lorsqu’il s’adresse à son peuple, vient nous
dire qu’avant de parler à Dieu, il faut apprendre à l’écouter : Ecoute la voix du Seigneur ton Dieu, en
observant ses commandements et ses décrets. Je dois donc plus me préoccuper
de ce que Dieu me dit et moins penser à ce que je vais bien pouvoir lui dire. L’écoute
de Dieu est nécessaire et indispensable pour bien comprendre ce que Dieu attend
de moi, pour découvrir le projet d’amour qu’il porte pour moi. Il ne s’agit pas
de se lancer dans un activisme irréfléchi, mais de bien entendre ce que Dieu veut
pour ensuite pouvoir le réaliser. Parce que l’écoute de Dieu n’est pas passive ;
écouter Dieu, ce n’est pas rester assis à ne rien faire, mais porter en soi (dans ta bouche et dans ton cœur) la
Parole de Dieu afin de pouvoir en vivre et la vivre. Dieu ne me parle pas pour
faire de belles phrases, mais pour me mettre en route, pour que j’avance à sa
rencontre par la rencontre de celles et ceux qu’il met sur mon chemin.
Le
second regard à changer, c’est dans ma manière de me situer par rapport aux
autres. Le docteur de la loi qui vient vers Jésus s’interroge à juste titre sur
ce qu’il convient de faire avoir en héritage
la vie éternelle. La question est importante, ou du moins devrait l’être
pour chaque croyant. Il s’agit bien de ne pas rater sa vie à faire des choses
inutiles pour se rendre compte au dernier moment que j’ai oublié l’essentiel. La
réponse de Jésus renvoie l’homme vers ce qu’il sait de la Parole de Dieu, vers
ce qu’il croit avoir compris de ce que Dieu lui demande : Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et
comment lis-tu ? Et le docteur de la Loi de reprendre ce qui est
essentiel pour lui : Tu aimeras le Seigneur
ton Dieu… et ton prochain comme toi-même. La conclusion de Jésus s’impose d’elle-même :
Tu as répondu correctement. Fais ainsi et
tu vivras. Tout aurait pu s’arrêter là. L’essentiel a été dit. Mais cela ne
semble pas suffire à notre homme. Il relance la discussion de façon surprenante :
Qui
est mon prochain ? Je ne sais
pas bien ce qu’il attend de Jésus à ce moment-là : veut-il savoir si tous
les hommes sont à aimer, ou si on peut effectuer un tri parmi eux : ceux
qui sont aimables et ceux qui le sont moins ? Toujours est-il qu’à
question surprenante, réponse surprenante. Avec la parabole du bon samaritain, Jésus
ne dit pas à l’homme qui l’interroge qui est son prochain, mais il lui demande
de se faire le prochain des autres. Un renversement inouï. Ne te demande pas
qui est ton prochain, mais de qui tu dois te faire le prochain ! Il n’est
plus possible de classer ceux que nous rencontrons : ils sont tous, ceux
dont je dois me faire proche. Celui qui croise ma route, s’il a besoin de moi,
je dois m’en faire le prochain.
Va,
et toi aussi, fais de même. Cette dernière parole de Jésus au
docteur de la Loi qui l’interrogeait, est pour nous tous. Nous ne pouvons plus
nous dérober. Disciples du Christ, nous sommes le prochain de tout homme qui croise
notre vie, parce que tout homme a été pris dans l’amour de Jésus et sauvé par
lui sur la croix. Je ne peux pas défaire ce que l’amour de Dieu a fait pour
chaque homme. Je ne peux qu’assumer, avec sa grâce, le salut offert à tous. Je ne
peux que, à l’image de Jésus, me faire le
prochain des opprimés et des affligés. Ma parole et mes actes doivent annoncer au monde que Dieu est vraiment un Père et qu’il prend soin de tous ses enfants (Prière
eucharistique 4 pour diverses circonstances). A ceux qui se demandaient ce qu’ils pourraient
bien faire de ce temps de vacances, voici une belle réponse : ne vivons
pas nos vacances en passant à côté des autres sans les voir ; nous
pourrions rater une rencontre avec le Christ. Amen.
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