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lundi 5 septembre 2016

Homélie de mariage - 03 septembre 2016

Je n'ai pas rédigé d'homélie pour ce 23ème dimanche du temps ordinaire pour cause d'événement familial. J'ai présidé le mariage de mon filleul. Voici l'homélie donnée à cette occasion. Les textes choisis par les fiancés étaient : 1 Co 12, 31 - 13, 8 / Psaume 127 / Jn 2, 1-11 




  


Gaëtan & Marie, en écoutant la première lecture que vous avez choisie pour cette célébration, nous pouvons légitimement être pris de vertiges, tant l’amour décrit par Paul est parfait, tellement loin de nos amours humains. Qui n’a pas envie d’éprouver un tel amour ? Qui n’a pas envie d’être aimé d’un tel amour ? 
 
Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce que vous a dit, jeudi, l’officier d’état civil qui vous a déclarés unis devant la loi de notre République ? Il vous a rappelé que les difficultés pourraient survenir dans votre vie. Vous n’êtes pas plus naïfs que moi ; c’est une évidence qu’il vous a ainsi rappelée. Des épreuves, vous en connaîtrez sans doute : tous les couples ici présents peuvent en témoigner. Mais il vous a dit aussi que votre amour vous permettrait de les vaincre. Il n’a pas tout-à-fait tort ; il a juste oublié, me semble-t-il, de rappeler que l’amour vainc tous les obstacles à la condition qu’il soit de la trempe de celui décrit par Paul. La langue française, d’ordinaire si riche en vocabulaire pour décrire avec nuance quantité de choses, se révèle soudainement bien pauvre pour exprimer l’amour. Ainsi, en français, on aime la glace à la vanille ou les burgers de la même manière qu’on aime quelqu’un ! C’est le même mot, sans aucune nuance. Or nous savons bien que ce n’est pas vraiment pareil, n’est-ce pas ? 
 
L’amour dont parle Paul, vous l’aurez deviné, ne concerne que cet amour qui nous lie à quelqu’un. Il est un amour qui ne souffre ni la nuance, ni la demi-mesure. Je soupçonne même Paul de penser que l’amour, s’il n’est pas comme il le décrit, n’est qu’un ersatz d’amour, ou pour reprendre une vieille publicité française : ce n’est qu’un amour canada dry. Ça en a l’odeur, ça en a la couleur, ça en a le goût ; mais ce n’est pas vraiment de l’amour. Pour Paul, l’amour est ce qui donne du goût à la vie, du prix à nos actes, de la force à notre héroïsme. S’il me manque l’amour, dit-il, je ne suis rien, cela ne sert à rien. Cet amour-là, nous dit aussi Paul, ne s’apprend pas, il se reçoit. N’oublions pas comment Paul commence sa longue et belle réflexion sur l’amour. Il disait : Frères, parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu’il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres. Cette voie, c’est l’amour, mais l’amour accueilli comme un don de Dieu. Lui, le premier, nous a aimés ainsi, parfaitement. Et c’est parce qu’il nous a aimés ainsi, qu’à notre tour, puisant à la source de l’amour, nous pouvons aimer de la même manière. 
 
Le signe de l’immense amour de Dieu pour nous est présent dans chacune de nos églises, à la bonne place, visible de tous. C’est le signe de la croix. Ce signe est commun à tous les chrétiens ; il les rassemble tous. Les chrétiens des différentes confessions se sont affrontés sur quantité de choses (l’organisation de l’Eglise, les ministères, les sacrements…), mais jamais sur le signe de la croix, jamais sur le signe de l’amour de Dieu pour nous. La croix est la folie de l’amour de Dieu pour les hommes. Par amour, il est allé jusque-là, jusqu’à mourir lui-même en Jésus pour nous faire vivre, pour nous faire comprendre à quel point son amour pour nous est sérieux, grand et fort. Son amour pour nous est plus grand, plus fort que la mort même. Il est l’ultime défi que les hommes ont à relever : aimer tels qu’ils sont aimés de Dieu. Et l’amour de Dieu pour nous, nous l’avons entendu, prend patience, rend service, ne jalouse pas, ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, ne fait rien de malhonnête, ne cherche pas son intérêt, ne s’emporte pas, n’entretient pas de rancune, ne se réjouit pas de tout ce qui est mal, mais trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout. Il ne passera jamais. Vous admettrez que seul celui qui a été jusqu’au bout de l’enfer et en est revenu, peut ainsi chanter l’amour et le qualifier à jamais. Lui seul peut dire qu’il aime vraiment ; lui seul sait tout ce que demande un amour absolu. Mais nous pouvons nous unir à lui pour vivre un amour semblable. Le Christ nous a aimés jusque-là, non pas pour nous divertir ou parce qu’il n’avait rien de mieux à faire ce fameux vendredi ; il nous a aimés jusque-là pour que, dans son amour, nous puisions la force du nôtre ! Il n’est pas impossible d’aimer ainsi dès lors que notre vie s’enracine en lui. 
 
L’évangile que j’ai proclamé nous montrait alors que Jésus n’a pas attendu d’être cloué en croix pour manifester cet amour au monde. Son premier signe, selon l’évangéliste Jean, fut posé à Cana, en Galilée, un jour de noces. La fête battait son plein et voilà que quelqu’un s’inquiète. Tout pouvait partir en vrille parce qu’ils n’avaient pas de vin, ou n’avait plus de vin. A part le maître du repas et ceux qui devaient faire le service, personne ne s’était encore rendu compte de rien ; mais Marie, la mère de Jésus, avait tout entendu. Aussitôt, bien que promptement remballé par son Fils, elle oriente les serviteurs vers Jésus. Elle ne sait pas ce qu’il va faire, ni comment il va le faire, mais elle sait qu’il fera quelque chose. Celui qu’elle a porté dans son sein, celui que Dieu lui a donné en héritage, ne peut pas laisser gâcher la fête. Dieu ne peut pas laisser s’achever la fête. La consigne de Marie est claire : Faites tout ce qu’il vous dira ! C’est la consigne qu’elle s’était appliquée à elle-même lorsque tout a commencé : Que tout se passe pour moi selon ta parole ! La suite, vous l’avez entendu : Jésus a donné le vin de la fête, pas seulement quelques amphores pleines, mais six cents litres de bon vin, du vin le meilleur. Quand Jésus est au cœur de la vie des hommes, quand les hommes sont à l’écoute de Jésus, la fête ne finit jamais. La foi en Jésus est trop importante pour être triste. L’œuvre de Jésus est trop importante pour les hommes pour qu’elle ne les conduise pas vers une fête éternelle à laquelle rien ne manquera. Il y avait, à Cana en Galilée, un homme et une femme qui s’aimaient, qui célébraient leur amour et qui avaient pensé à inviter Jésus, sans rien encore savoir de lui. Il y avait là aussi des serviteurs qui ont écouté Jésus, suivi sa parole, et la fête a pu continuer. 
 
Comme jadis à Cana en Galilée, il y a ici, aujourd’hui, un homme (Gaëtan) et une femme (Marie) qui s’aiment et qui sont venus célébrer leur amour. En venant dans cette église, c’est bien Jésus qu’ils ont pensé à inviter, même si c’est furtivement. Dans un instant, coulera le vin de la fête que Jésus nous offre en son sang, et nous romprons le pain, signe de son corps livré par amour. Tout sera là, comme jadis, pour que la joie de la fête soit complète. Mais avant cela, Gaëtan et Marie, vous nous aurez dit publiquement que c’est bien par amour que vous êtes là. Et je vous dirai, au nom de l’Eglise, que votre amour est un signe de cet amour de Dieu pour tous. En vous aimant l’un l’autre, vous nous rappelez à tous que nous sommes faits pour l’amour, nous sommes faits pour aimer et être aimés. Et à ceux qui ont pu échouer dans leur quête d’amour, sera redit qu’ils sont aimés infiniment par Dieu, peut-être même plus que les autres s’ils n’ont pas encore retrouvé le goût de l’amour. 
 
Gaëtan et Marie, à travers les textes que vous nous avez faits entendre, vous nous redites que Dieu n’est pas un embêtement de plus dans la vie, mais une chance de la réussir, une chance de lui donner toute sa force, toute sa grandeur, toute sa vitalité. Laissez à Dieu une place, même infime, dans votre vie, et vous goûterez longtemps au vin de la fête, vin de la joie, vin de l’amour sans cesse versé par Dieu sur le monde. A travers vous, à travers votre amour marqué du sceau de l’éternité, Dieu manifestera sa gloire, et nous pourrons encore croire en lui. Amen.

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