Pourquoi restez-vous là à
regarder le ciel ?
Cette simple question traduit
toute la dramaturgie de cette fête si particulière de l’Ascension. Elle
souligne le désarroi qui doit être celui des Apôtres devant ce départ pourtant
annoncé du Christ ! Ce n’est pas comme au moment de sa mort, mais quand
même, cette séparation marque la fin d’une époque. Désormais, ils n’auront plus
Jésus, présent sous leurs yeux. Désormais, ils devront apprendre à lire sa
présence au cœur même de leur action et de leur vie.
Pourquoi restez-vous là à
regarder le ciel ?
Cette question sonne aussi un peu
comme un reproche. Les disciples n’ont-ils donc pas entendu Jésus dire qu’il
reviendrait ? N’ont-ils rien d’autre à faire que de rester là ? Le
retour promis n’est pas pour tout de suite : on le comprend assez
rapidement. Mais attendre le Christ, ce n’est pas justement attendre là, qu’il
se passe quelque chose. Attendre le retour du Christ, c’est vivre de
l’Evangile, témoigner du Ressuscité, grandir en sainteté. C’est tout, sauf
rester passif. Je me demande si, à travers cette question, les anges n’essaient
pas de faire comprendre que la foi est action, vie, témoignage. La présence de
Jésus les avait peut-être habituée à regarder Jésus faire, à écouter Jésus parler
de Dieu et de son Royaume. Son absence va les pousser à prendre la relève. Il a
fait d’eux ses disciples pour qu’ils poursuivent son œuvre, et qu’ils aillent
sur les routes des hommes pour porter la Bonne Nouvelle du salut, ce salut
qu’ils ont pu expérimenter dans la mort/résurrection de Jésus. Ils n’ont plus à
avoir peur : Christ s’est montré plus fort que la mort même ! Ils
n’ont plus à craindre les hommes : en Jésus, ils ont déjà leur part à la
victoire. Ils n’ont plus à être effrayés de ne pas trouver les mots :
Jésus leur promet, au moment-même de son départ, le don de l’Esprit Saint, cet
Esprit qui les poussera à sortir et à s’adresser à tous les peuples.
Pourquoi restez-vous là à
regarder le ciel ?
Cette question, nous pouvons
aujourd’hui l’adresser à de nombreux chrétiens qui semblent s’être arrêté dans
leur chemin de foi. Ils sont nombreux, ceux qui ont oublié qu’ils avaient à
témoigner de l’espérance qui les fait vivre, et du Christ qui appelle sans
cesse à plus de vie. D’ailleurs, n’en sommes-nous pas quelquefois ? Ne
sommes-nous pas de ces disciples qui se sont arrêtés sur le bord du chemin
lorsque nous refusons d’avancer sur les nouveaux chemins que l’Eglise nous
propose, parce que « nous n’avons jamais fait comme ça » ? Ne
sommes-nous pas de ces disciples qui s’arrêtent sur le bord du chemin lorsque
nous refusons de faire un bout de route pour retrouver les autres frères de la
communauté chrétienne qui se réunissent dans le village d’à côté ? Ne
sommes-nous pas de ces disciples arrêtés au bord de la route lorsque nous refusons
de prendre notre part à l’animation de la communauté locale ? Ne sommes-nous
pas de ces disciples arrêtés au bord du chemin lorsque nous n’approfondissons plus
notre foi par des lectures, des conférences, des échanges ? Ne sommes-nous
de ces disciples arrêtés au bord du chemin lorsque nous posons des choix politiques
en contradiction avec l’Evangile ?
Pourquoi restez-vous là à
regarder le ciel ?
Cette interpellation a remis les
Apôtres en route, même si elle ne les a pas complètement libérés. Il faudra
encore l’Esprit de Pentecôte pour que tombent les dernières barrières, les
dernières craintes. Appelons-donc cet Esprit au cœur même de notre
communauté : qu’il vienne nous bousculer, nous secouer et nous remettre en
route, dans l’attente joyeuse et active de Celui qui vient et ne cesse de venir
pour nous vie. Amen.
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