Je ne
sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, je suis toujours surpris par le
nombre de personnes qui se convertissent au jour de la Pentecôte, après le
discours de Pierre. Il se passe visiblement quelque chose à Jérusalem, ce
jour-là, en-dehors du fait que l’Esprit Saint ait fondu sur les Apôtres. Le discours
de Pierre n’est pas extraordinaire : il affirme juste sa foi en Jésus ressuscité
et invite ses auditeurs à la conversion. Cela a suffi pour qu’environ trois
mille personnes se joignent à eux. Il leur parle du Christ, ils le
choisissent comme berger de leur vie.
Cette image de berger est une
vieille image pour parler de Dieu qui guide son peuple. Elle est déjà présente
dans le psaume 22, sans doute le plus connu de tous. C’est un psaume que de
nombreux croyants aiment reprendre pour dire leur confiance en Dieu et surtout
pour affirmer le réconfort apporté par Dieu. Il veille sur ceux qui croient en
lui, il les conduit et les fait revivre. Il est présent aux
heures difficiles, notamment à l’heure de la mort, le moment où Dieu lui-même
reçoit le croyant à sa table. La présence de Dieu au côté du croyant est
permanente, tous les jours de la vie et procure grâce et
bonheur. Nous avons bien raison de chanter en ce dimanche : le Seigneur
est mon berger, rien ne saurait me manquer. Comment ne pas craquer devant
un tel Dieu ? Comment ne pas décider de le choisir pour berger de notre
vie ?
Pierre, dans sa première lettre, et Jean,
dans son évangile, reprennent cette image et l’appliquent à Jésus, le berger
des brebis. Il est le vrai berger parce qu’il est celui qui sauve, celui
qui apporte le salut aux hommes. Lui-même a porté nos péchés, dans son
corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice.
Par ses blessures, nous sommes guéris. C’est donc vers lui qu’il nous faut
sans cesse revenir. C’est lui qu’il nous faut écouter. C’est lui qu’il nous
faut suivre. C’est lui qu’il nous faut accueillir. Comment ne pas reconnaître la
puissance de cet amour ainsi manifesté ? Comment ne pas croire que Dieu veut
vraiment notre vie ? Comment croire encore que nous pourrions nous passer
de Dieu et de ce qu’il accomplit pour nous en Jésus ?
Cela reste un grand mystère pour moi ;
je ne m’explique pas que des hommes puissent intentionnellement renoncer à Dieu,
renoncer au Christ après avoir entendu parler de lui. Je ne comprends pas
davantage que des hommes puissent, en nombre, suivre de faux pasteurs. Je comprends
encore moins que des hommes puissent travestir Dieu, falsifier son œuvre et
déformer son visage. Mais je comprends toujours mieux que je dois sans cesse me
convertir le premier et accorder ma vie à l’Evangile, convertir le regard que je porte sur Dieu,
convertir mon discours sur Dieu pour que les hommes ne se détournent pas de lui
à cause de moi. Je mesure la responsabilité qui est mienne, la responsabilité qui
est celle de tous ceux et toutes celles qui croient déjà en lui. Nous avons une
responsabilité particulière ; par notre vie, nous devons transpirer le Christ ;
par nos actes et nos grandes décisions, nous devons refléter l’Evangile du Christ
et faire en sorte que son message d’amour pour tous, son message d’accueil de l’autre
nécessairement différent, son message de respect et de protection du faible,
soit toujours entendu et pleinement vécu. Chrétiens de France, nous avons
aujourd’hui une responsabilité particulière lorsque nous exprimerons notre
vote. Nous avons l’occasion de faire vivre plus ou moins d’Evangile pour les
années à venir ; nous avons l’occasion de dire ce qui est acceptable et ce
qui ne l’est pas au nom de l’Evangile ; nous avons l’occasion d’être de ce
peuple qui se prononce pour un avenir que nous espérons meilleurs, pas
seulement pour nous, mais pour tous les hommes. Comme nous le rappelaient cette
semaine notre archevêque et les responsables des autres cultes, nous ne
saurions ni nous taire, ni nous dérober.
Si le Christ est vraiment notre
berger, construisons avec lui un monde plus fraternel. Si le Christ est
vraiment notre berger, construisons avec lui un monde sans peur, sans haine. Si
le Christ est vraiment notre berger, construisons avec lui un monde ouvert et
accueillant. Il a donné sa vie pour un tel monde. Ne soyons pas errants
comme des brebis ; retournons vers notre berger, le gardien de nos
âmes. Aujourd’hui plus que jamais. Amen.
(Dessin de M. Leiterer)
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