Tous me
connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands. Telle est la promesse faite
par Dieu lui-même à son prophète Jérémie. Telle est la promesse que nous
pouvons voir s’accomplir pour nous alors que notre carême entre dans sa
dernière ligne droite, avant la grande semaine qui nous fera revivre les
derniers jours du Christ. Car si l’Eglise nous offre chaque année cinq semaines
pour nous préparer aux fêtes pascales, c’est bien pour que nous puissions
approfondir notre foi et ainsi mieux connaître celui en qui nous mettons notre
confiance.
Quand cette promesse est faite à Jérémie, le
peuple que Dieu s’est choisi ne traverse pas la période la plus glorieuse de
son histoire. Au contraire, après des années de décisions politiques
désastreuses, combinées à des années d’éloignement progressif de Dieu, le
prophète du Seigneur a annoncé la ruine de Jérusalem. Le peuple connaîtra la
déportation en terre étrangère ; il ne restera rien de la grandeur passée ;
Dieu lui-même semblera avoir oublié son peuple. Et pourtant, avant même que
tout cela n’arrive, voici que Dieu fait une promesse : une nouvelle
alliance, qui permettra à chacun de connaître Dieu personnellement et qui se
traduira par le pardon des péchés. Le peuple de Dieu pourra vivre l’exil soit comme
un désastre soit comme un temps de purification en vue du retour en grâce
devant Dieu. Quand la colère de Dieu semble se déchainer, sa miséricorde n’est
jamais loin, déjà à l’œuvre pour que l’homme puisse vivre encore, malgré tout !
Voyez-vous, le salut de l’homme, c’est la
grande affaire de Dieu, la seule qui doit l’empêcher de dormir, si tant est que
Dieu dorme ! Il ne peut se satisfaire d’un homme qui s’en va à sa perte. N’oubliez
pas que c’est lui qui a créé l’homme, à son image et à sa ressemblance. En lui
donnant la vie, il s’est engagé envers lui. Toute l’histoire biblique en
témoigne. Il a même offert son Fils unique, Jésus, pour que l’homme retrouve le
chemin vers le cœur de Dieu. Jésus est celui qui réalise la nouvelle alliance
en son propre sang : la prière d’ouverture de la messe de ce dimanche nous
rappelait fort justement que le Christ a
donné sa vie par amour pour le monde, et la lettre aux Hébreux qu’il est devenu pour tous ceux qui lui
obéissent la cause du salut éternel. Il est celui que nous devons suivre. Il
est celui que nous devons écouter. Il est le grain de blé tombé en terre, qui meurt et qui porte beaucoup de fruits.
Pour reprendre encore la prière d’ouverture, il est celui dont nous devons imiter avec joie la charité.
N’est-ce pas là le meilleur moyen de connaître Dieu
par le cœur : en imitant sa charité, en imitant l’amour débordant de son cœur ?
Tout le carême tend vers cela ; nos attentions renouvelées aux autres,
notre prière réveillée, une participation plus consciente aux sacrements, voilà
les moyens pour connaître mieux notre Dieu, les moyens de remplir notre part de
cette alliance nouvelle que Jésus a signé de sa vie. Nous sommes les fruits nombreux
qu’il porte lorsque nous vivons de son amour, lorsque nous portons attention à
celui qui croise notre route, lorsque nous sortons de nous-mêmes pour construire
avec tous un monde plus juste et fraternel. Nous sommes les fruits nombreux qu’il
porte lorsque nous nous engageons pour le respect de la vie à tous les stades
de son évolution. Nous sommes les fruits nombreux qu’il porte lorsque nous nous
engageons pour la sauvegarde de notre planète. Nous sommes les fruits nombreux
qu’il porte lorsque nous faisons grandir en nous et autour de nous sa vie
offerte.
Ce n’est pas en vain que nous avons été invités
à un renouvellement de la vie spirituelle : pour accueillir les grâces des
fêtes pascales, il nous faut ce temps de préparation, ce temps de redécouverte
de Dieu, de son amour pour nous, de la puissance de son pardon. Il en va de notre
retour en grâce, du pardon de nos péchés, de notre vie avec Dieu, pour aujourd’hui
et jusque dans l’éternité. Amen.
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