Nous voici donc (déjà !) rendu au dimanche
des Rameaux, ce jour qui inaugure la semaine sainte durant laquelle nous
accompagnerons Jésus dans les derniers grands gestes de sa vie terrestre, le tout
dernier (l’offrande de sa vie) n’étant pas le moindre puisqu’il est celui par
lequel il nous obtient le salut. A l’occasion de cette semaine, nous croisons
chaque année quantité de personnages. Jérusalem grouille de monde à l’approche
de la Pâque juive. Je voudrais m’intéresser cette année à un personnage en
particulier, celui dont l’évangéliste nous dit qu’il suivait Jésus et n’avait
pour vêtement qu’un drap.
Je reconnais que mon choix peut paraître
curieux, d’autant plus qu’on n’en parle que là, au moment précis de l’arrestation
de Jésus. Certains commentateurs l’identifient à l’évangéliste Marc lui-même. Mais
qu’importe ! Pour l’instant retenons qu’il suivait Jésus. Il est donc
comme nous, il est comme tant de ses personnes qui, durant le ministère de Jésus,
ont été saisi par sa personne, ses paroles, ses actes. Nous ne savons ni à
partir de quand, ni pourquoi, il le suit, mais un jour, il s’est mis en route. Peut-être
son intérêt pour Jésus ne remonte-t-il qu’à quelques jours, et plus particulièrement
ce jour précis où Jésus est entré triomphalement à Jérusalem. A-t-il été saisi par
Jésus en étalant des rameaux ou son manteau (ce qui expliquerait qu’il ne soit
là qu’avec un drap) ? Nous ne le saurons pas, l’histoire ne disant rien à
ce sujet. Il suit Jésus, sans pour autant être un des Douze. Il suit Jésus ;
c’est tout ce qui compte. Il est comme nous ; il est l’un de nous. Nous suivons
Jésus, quelquefois sans trop savoir pourquoi. Curiosité ? Intérêt réel ?
Qu’importe ! Ce qui compte, pour ce jeune homme, comme pour nous, ce n’est
pas de savoir pourquoi, ni depuis combien de temps, mais de savoir simplement
que nous suivons Jésus. Et il le suit à ce moment précis où les choses se gâtent
pour Jésus. Il le suit encore quand il est dit des disciples qu’ils l’abandonnèrent et s’enfuirent tous. Il
ne reste personne de ceux que Jésus a appelé. Il ne reste personne, chez Marc,
du groupe des Douze. L’arrestation de Jésus a fait son effet : plus de Maître,
plus de disciples ; logique.
Ce jeune homme n’est guère différent
; il suit Jésus, mais quand on essaya de l’arrêter,
lui, lâchant son drap, s’enfuit tout nu. Ne rions pas trop vite, nous ne
savons pas ce que nous aurions fait. Et pourquoi devrait-il rester alors que
ses proches l’ont abandonné ? Pourquoi devrait-il témoigner en sa faveur
alors que Pierre ne tardera pas à le renier ? Pourquoi devrait-il suivre
encore Jésus alors que c’est l’un des siens, Judas, qui l’a trahi et livré ?
Il s’enfuit donc tout nu. Il ne reste rien, à ceux qui ont arrêté Jésus, pour retenir
ce jeune homme. Ils n’ont plus de prise sur lui. Et lui non plus n’a plus rien ;
nu comme un ver, nu comme le jour où il est sorti du ventre de sa mère. Nu,
comme Adam et Eve jadis, après avoir désobéi à Dieu. Quand, ayant suivi Jésus,
on l’abandonne en cours de route, on est comme ce jeune homme, nu comme un ver,
n’ayant plus rien pour cacher sa honte, n’ayant plus personne pour le protéger.
Ayant fait le choix de ne pas rester plus longtemps avec Jésus parce que cela
pouvait se révéler plus difficile, il se retrouve sans rien, ni personne. En abandonnant
celui qu’il avait décidé de suivre un moment de sa vie, il est comme nos
premiers parents, tournant le dos à celui qui devait être leur tout. Nous partageons
cette nudité d’Adam et Eve lorsque nous tournons le dos à la Loi d’amour du Christ.
Nous partageons cette nudité du jeune homme lorsque nous arrêtons de suivre Jésus,
lorsque nous nous éloignons de lui. Nous partageons la nudité de ce jeune homme
lorsque, par crainte, nous cachons notre appartenance à Jésus Christ. Sans Jésus,
nous ne sommes rien. Sans Jésus, nous ne pouvons rien. Sans Jésus, il ne reste
que la fuite et la honte d’être nu !
Au début de cette semaine sainte,
que ce jeune homme nous inspire. Nous suivrons Jésus, pas à pas, tout au long
de cette semaine sainte. Suivons-le avec ardeur ; suivons-le avec courage.
Son chemin de croix est notre chemin de vie. Mais cela, nous ne le découvrirons
qu’en restant avec lui, jusqu’au bout du chemin, jusqu’au pied de la croix. Nous
l’avons acclamé au début de notre célébration comme roi ; suivons-le désormais
en serviteurs fidèles et il nous revêtira du vêtement du salut. Amen.
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