Comme chaque
année, avec le premier novembre, revient la fête de la Toussaint, où nous célébrons le jour consacré à la mémoire
de tous les saints : ils ont imité le Christ pendant leur vie et, à leur
mort, ils ont reçu de lui la couronne de gloire (PE 1). C’est avec ces mots
que la liturgie de l’Eglise parle de ce jour si particulier de l’année.
C’est un jour
particulier parce que nous pourrions croire que ce jour ne parle pas de Dieu.
Et dans nos rapports avec d’autres Eglises chrétiennes, une telle fête peut
être un obstacle si notre manière d’envisager les saints nous faisait perdre de
vue que Dieu est le seul saint. Dans notre vie spirituelle, les saints ne nous
sont pas donnés par l’Eglise pour nous détourner de Dieu, mais bien pour nous
rapprocher davantage de lui. J’aime me souvenir de mes saints patrons lorsque,
dans ma vie spirituelle, les choses vont moins bien, lorsque je me sens
incapable de me rapprocher encore de Dieu. Parce qu’à ces moments-là, j’ai
besoin de ces figures toutes humaines pour me souvenir que leur chemin de
sainteté n’était pas différent du mien. Les saints dont nous portons le nom
sont autant de chemin vers Dieu qu’il existe d’hommes et de femmes différents,
autant de chemins vers Dieu qu’il existe de caractères différents. Tous les
saints n’ont pas la même histoire et il n’existe pas de stéréotype de saints.
Il n’existe que des hommes et des femmes qui ont vécu leur foi, à une époque
donnée, affrontant les difficultés d’une vie, mais les affrontant avec Dieu. C’est
la seule chose qui caractérise tous les saints : leur désir de Dieu. Et ne
croyez pas qu’ils soient tombés dedans quand ils étaient petits. Il n’y a que
peu d’Obélix de la sainteté !
C’est encore
un jour particulier parce qu’il ne nous parle que de Dieu ! Une des préfaces
possible de la fête nous fera dire que lorsque
[Dieu] couronne leurs mérites, [il] couronne ses propres dons. Ce qu’ont
vécu les saints leur a été donné par Dieu. Cette fête nous rappelle alors que,
pour nous aussi, pour chacun de nous, Dieu a un projet, Dieu a quelque chose à
nous offrir. Une vie faite de bonheur comme décrit dans les béatitudes, une vie
pleine, c’est-à-dire bien menée, bien remplie, une vie dont nous pouvons être
fiers. Le bonheur que Dieu veut pour nous n’est pas que pour plus tard, lorsque
nous serons invité au banquet préparé
dans la maison de Dieu (post communion); c’est un bonheur pour
aujourd’hui et maintenant, même si la route à suivre n’est pas celle que nous
emprunterions humainement. Reconnaissons-le : le chemin des béatitudes
n’est pas une partie de plaisir, mais nous savons bien que c’est le seul chemin
vers un monde plus juste et plus humain. Tous les saints nous le rappellent,
qu’ils aient eu une vie simple ou marquée par les épreuves et le martyr.
C’est enfin
un jour particulier parce qu’il nous rappelle qu’une vie n’est signée qu’à
l’heure de la mort. Il y a, chez les saints officiels, des hommes et des femmes
dont la vie n’a pas été marquée dès son origine par cette sainteté. Chez
certains, il y a clairement une vie d’avant, avant la rencontre de Dieu. Et
donc une vraie conversion, c’est-à-dire un moment où Dieu s’est imposé à eux
comme une évidence, un moment où la présence de Dieu était tellement forte et
claire qu’il ne leur était plus possible de vivre comme avant. La sainteté nous
parle aussi de la miséricorde de Dieu qui n’estime jamais que quelqu’un est
définitivement perdu. Le retour à Dieu est toujours possible ;
l’acceptation des dons de Dieu n’est pas frappée de date limite. Il n’y a pas
d’heure pour entrer dans le projet de Dieu.
Nous pouvons
être heureux de cette fête qui nous tourne vers Dieu par autant de chemins
qu’il y a de saints, d’authentiques témoins de sa Parole. Nous pouvons, grâce à
eux, trouver la route que nous sommes appelés à vivre pour parvenir au bonheur
que Dieu promet. Remercions Dieu de nous avoir donné des saints ;
remercions les saints de toujours nous mener à lui. Sur le chemin vers le
Royaume, comment pourrions-nous nous perdre ? Heureux sommes-nous d’être
appelés par un tel Dieu. Amen.
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