Et Jésus arrive à Jérusalem à l’approche
de la fête de Pâques ! Il sait les événements qui ont s’y dérouler ; il
sait les risques qu’il prend ; il sait que ce sera sa Pâque, son grand
passage. Il choisit déjà de ne pas se dérober. Il entre au grand jour dans la ville,
acclamé par les foules. C’est ce que nous racontait l’évangile de Luc entendu
sur le parvis.
Le texte est presque trop simple, trop
beau. Tout se passe comme Jésus l’avait dit : le petit âne attaché à l’endroit
indiqué, la question de ses maîtres lorsque les disciples le détachent. Un plan
bien réfléchi, rondement mené. Tout est prêt pour l’entrée dans la ville. La scène
n’a sans doute rien d’extraordinaire jusque-là. Un groupe d’hommes qui entrent
dans la ville, l’un d’eux assis sur un âne, cela devait se voir tous les jours,
plusieurs fois par jour. Pourquoi cette entrée est-elle perçue différente ?
Pourquoi, à mesure que Jésus avançait,
les gens étendaient-ils leurs manteaux sur le chemin ? Les réseaux
sociaux n’existent pas à l’époque : personne pour twitter l’arrivée de Jésus
à Jérusalem ; personne pour donner rendez-vous devant la bonne porte de la
ville ! Cela ne vous semble pas étrange, ces gens sans grandes fortunes
qui sacrifient un manteau sous les sabots d’un ânon ? Sans oublier la
foule des disciples qui se mit à louer Dieu
à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus et qui attribuent à
Jésus la figure royale. Seule la
remarque des pharisiens bouleverse la beauté de la procession : Réprimande tes disciples ! Autrement
dit : fais-les taire !
Nous sentons bien là, la tension qui naît
et qui va grandir tout au long de la semaine qui s’ouvre pour nous. Elle va
grandir jusqu’à inverser la tendance. Aujourd’hui, ils sont nombreux à se
réjouir et à chanter leur joie autour de Jésus et seuls quelques-uns viennent
troubler le tableau. Demain, ils seront nombreux à crier : à mort ! et seulement quelques-uns
à pleurer Jésus. C’est tout le mystère et le drame d’une humanité versatile qui
se joue devant nos yeux. C’est tout le mystère de notre humanité, tantôt
transportée par la foi, tantôt gagnée par la méfiance du religieux, qui est ici
annoncée. C’est tout le drame de notre humanité tiraillée entre le bien qu’elle
veut faire et le péché qu’elle veut éviter, sans toujours parvenir à accomplir
l’un et refuser l’autre. Un constat s’impose : tout cela ne peut que mal
finir !
Et Jésus, pendant ce temps, que fait-il ?
En relisant la page d’évangile, nous constatons qu’il ne fait rien, si ce n’est
répondre à l’interpellation des pharisiens. Il vit l’événement, tout
simplement. Il se laisse guider par les pas de l’âne qui le mène à Jérusalem. Il
consent à ce qui lui arrive. Comme l’annonçait Isaïe : il ne s’est pas dérobé. Il ne se dérobera
pas davantage au moment de sa Passion. Il fait confiance à son Père, le Père
des miséricordes que l’évangéliste Luc n’a cessé de nous présenter. Ce à quoi
nous assistons, c’est de la miséricorde en acte. Entendez Jésus, sur la croix,
lorsqu’il répond à l’un de ceux crucifiés avec lui : Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. Le plus grand mal
peut être pardonné si la repentance est sincère, si Jésus est reconnu pour qui
il est : le Messie, le Christ. Même sur la croix, signe de l’injustice
suprême, Jésus pardonne encore, Jésus aime encore ! Comme elle sonne vraie,
la parole du Centurion à la mort de Jésus : Celui-ci était réellement un homme juste.
Accompagnons Jésus et ses disciples tout
au long de cette semaine ; découvrons la justice de Dieu à l’œuvre dans
nos vies. Redisons-lui notre désir d’être avec lui ; qu’il se souvienne de
nous quand [il viendra] dans [son]
Royaume. Ainsi Dieu pourra achever en nous l’œuvre de salut qu’il a
commencé. Amen.
(Icône copte Les Rameaux, de Nancy MIKAËL, publiée dans France catholique)
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