Marie-Madeleine, Pierre et Jean :
telles sont les trois personnes que l’Evangile de ce jour de Pâques nous donne
à rencontrer. Trois personnes et autant d’attitudes différentes devant l’événement
que nous célébrons ce matin.
Commençons par Marie-Madeleine. Il est
dit qu’elle se rend au tombeau de grand
matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été
enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre…. Elle est partie
trop tôt de chez elle ! Elle est encore dans les ténèbres, encore dans sa
tristesse d’avoir vu mourir Jésus. Elle semble dans sa bulle, et un rien ajoute
encore à son trouble dû à la mort de son maître et ami. Du coup, quand elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée
du tombeau, elle ne fait sans doute pas un pas de plus. Je l’imagine bien
saisi par une sainte colère : qui a osé ? Et elle part, encore une
fois trop tôt, courant trouver
Simon-Pierre. Je suis persuadé que, dans son état, elle ne s’est pas
approchée davantage du tombeau ; elle n’y est pas entrée. En fait, son
sang n’a dû faire qu’un tour et la réveiller pour de bon. Pour elle, tombeau
ouvert veut dire corps enlevé. Pas besoin d’entrer dans le tombeau, pas besoin
de vérifier. Cela devient pour elle une évidence, une vérité, qu’elle s’empresse
de répandre, sans même réfléchir. Les ténèbres de la colère devant ce qui ne
peut être qu’une profanation s’ajoutent aux ténèbres de la tristesse, et nous
plongent tous dans les ténèbres de la perplexité. Nous arrêterions là la lecture
de l’évangile, que nous serions tous perdus, désorientés, révoltés. Même dans
un tombeau, on n’est plus à l’abri d’être volé ! Quelle époque vivons-nous ?
La réaction de Pierre et de l’autre disciple, celui que Jésus aimait et que la Tradition
identifie à Jean, ne se fait pas attendre : ils vont vérifier ce qui vient
de leur être rapporté. Après tout, peut-être qu’elle s’est trompée ;
peut-être qu’elle aura mal vu, peut-être qu’elle aura confondu avec un autre
tombeau. Après tout, dans son état, et au petit matin… quoi de plus normal !
En plus, elle était seule : autrement dit, son témoignage n’est pas
recevable selon l’adage ancien : testis unus, testis nullus (témoin
unique, pas de témoin). Partis à deux, ils établiront une vérité entière. Mais
ça, c’était ce qu’on croyait avant… avant l’événement radicalement nouveau de
la résurrection !
Regardez Pierre : un peu plus
vieux que Jean, il se laisse distancer. Mais quand il arrive, l’âge reprend ses
droits. Il entre dans le tombeau, en
premier, et aperçoit les linges, posés à
plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec
les linges, mais roulé à part à sa place. Une description digne de la série
Les experts : c’est un vrai
rapport d’enquête. Mais il n’en fait rien ; il y a des indices, mais pas
de preuves. Et puis qui aurait l’idée, non seulement de voler un corps, mais en
plus de le débarrasser de ses bandelettes ? Enfin, quand Jésus a
ressuscité Lazare, il est sorti du tombeau dans ses linges. C’est quand ils ont
constaté qu’il était vivant qu’ils l’ont dégagé de son carcan qui sentait la
mort. Alors que là, ceux qui auraient déplacé le corps de Jésus aurait pris
soin de laisser les linges, bien pliés en plus ? Pour Pierre, tout cela ne
doit pas avoir beaucoup de sens. Pas très catholique tout ça, même si tout est
bien rangé !
Reste Jean qui, bien qu’arrivé en
premier, n’était pas rentré dans le tombeau. Quand enfin il y plonge, on nous
dit simplement, mais comme une évidence : Il vit et il crut. Certes, il voit ; il n’est pas aveugle
après tout. Mais il voit au-delà de ce que voient ses yeux. Il a déjà le regard
de la foi. Peut-être qu’il était le seul à pouvoir voir ainsi, puisqu’il était le disciple que Jésus aimait. Peut-être
faut-il avoir ressenti tout l’amour de Jésus pour nous, pour être capable de
croire l’impossible, à savoir que celui qui était mort est désormais vivant. Et
sans doute faut-il avoir ressenti cet amour de Jésus pour nous, pour affirmer
que cet événement nous concerne tous, et que si le Christ, qui était mort, est
maintenant vivant, alors nous aussi, nous pourrons passer de la mort à la vie.
Parce que la grande nouveauté qui a
jailli au cœur de notre nuit, c’est bien que la résurrection du Christ à
quelque chose à dire à notre vie. Cet événement ne concerne pas que Jésus. Cet événement
a eu lieu pour nous, pour notre vie, pour notre salut. N’en doutons pas un
instant ! Jésus n’est pas mort sur la croix parce qu’il en avait envie ;
il est mort sur la croix pour tuer la mort et le péché et nous entraîner à sa
suite dans une vie libérée, marquée à jamais du sceau de l’éternité, du sceau
de Dieu lui-même. Désormais, et plus que jamais, nous sommes à lui, lui qui
nous a rachetés à grand prix. Avec l’incarnation, Dieu basculait du côté de l’homme
pour vivre en toute chose sa vie ; avec la rédemption, c’est l’homme qui
bascule du côté de Dieu pour vivre en toute chose de sa vie.
Nous pouvons comprendre l’appel de Paul
aux Colossiens quand il les invite à vivre autrement désormais. Si vous êtes ressuscités avec le Christ,
recherchez les réalités d’en-haut. Autrement dit : vivez grand, vivez
à la mesure de Dieu. Nous aurons tout le temps pascal pour comprendre mieux ce
que cela signifie. Mais sachons déjà que la victoire sur le Mal et la Mort s’est
accomplie en nous au moment de notre baptême. Nous sommes déjà ressuscités avec
le Christ. Nous vivons déjà de la vie de Dieu. Laissons-là donc grandir et s’épanouir
en nous, pour que la gloire de Dieu soit manifestée, le salut du monde
proclamé, et la joie des hommes révélée. Amen.
(Œuvre non connue, trouvé sur internet)
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