Le serviteur qui, connaissant la volonté
de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un
grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité
des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre. Voilà un passage
de l’Evangile qui devrait nous inquiéter et nous stimuler en même temps. Car ne
nous y trompons pas, nous appartenons tous à la première catégorie citée par Jésus,
ceux qui connaissent la volonté du Maître.
Ce passage devrait donc nous inquiéter, à
moins que nous n’aimions prendre des coups, mais cela est une autre histoire. Quand
viendra le jour du retour du Christ, retentira pour nous ce cri jadis lancé par
Jean-Paul II lors de son premier voyage en France : France, qu’as-tu fais de
ton baptême ? Vous remplacez « France » par votre propre prénom,
et vous comprendrez pourquoi l’évangile de ce dimanche devrait nous inquiéter. Nous
sommes ces serviteurs à qui tout a été donné pour qu’ils comprennent bien la
volonté de leur Maître, la volonté de Dieu : par le baptême, nous sommes
ses enfants, membres du peuple que Dieu se donne ; par la confirmation,
nous avons accueilli l’Esprit Saint qui nous fait tout comprendre ; dans l’eucharistie,
nous recevons le Christ lui-même, Dieu fait homme pour notre salut ; dans
notre bible, nous avons la Parole même de Dieu qui nous est donnée, non pas
comme un beau livre, mais comme une boussole pour nous conduire sur notre route
quotidienne, comme une lumière pour nous éclairer dans la nuit de nos
tentations et de notre péché. Dieu nous a tout donné en Jésus ; Dieu nous
a appelés à marcher à sa suite, et nous avons accepté. Ayant tout reçu, nous
avons la connaissance de la volonté de Dieu, ou a minima la possibilité de la
connaître pour peu que notre baptême signifie quelque chose pour nous. Non,
nous ne pourrons pas dire, au retour du Christ, que nous ne savions pas. Nous ne
pourrons pas dire que nous nous sommes assoupis, fatigués d’attendre son
retour, sans cesse retardé. Jésus nous le rappelle dans son enseignement de ce
dimanche : nous sommes censés rester en tenue de service, ceinture
autour des reins et lampes allumées. C’est-à-dire prêts à le recevoir !
En relisant l’enseignement de Jésus au soir de sa mort, nous pouvons comprendre
que ce vêtement du service, c’est l’amour de Dieu et du prochain, dont nous ne
pouvons nous défaire. Nous ne pouvons pas nous fatiguer d’aimer ; nous ne
pouvons pas nous fatiguer de servir Dieu et nos frères. Et cela vaut pour
chaque baptisé.
Si ce passage nous inquiète, il peut alors
aussi nous stimuler. Il n’est jamais trop tard pour reprendre le vêtement de l’amour
et du service. Il n’est jamais trop tard pour redécouvrir la volonté de Dieu pour
moi. Car connaissant les termes généraux de la volonté de Dieu, je dois encore
comprendre comment elle s’applique dans ma propre vie. Je ne peux pas
simplement copier mon voisin ; je ne suis pas lui. Et Dieu attend de moi
autre chose que ce qu’il attend de mon voisin. C’est là qu’intervient la
lumière de l’Esprit Saint dans notre prière personnelle. Là, Dieu révèle à mon cœur
quel est son projet d’amour pour moi et comment il me revient de l’accomplir. Nous
pouvons quelquefois penser que le projet de Dieu pour le voisin est plus facile
à accomplir que le mien ; mais souvenons-nous alors que Dieu ne nous
demande rien d’impossible et qu’il nous aide à accomplir ce qu’il attend de
nous. Ne nous a-t-il pas donné la force de l’Esprit Saint ? Ne nous
sert-il pas lui-même, chaque dimanche, le Pain de l’Eucharistie, le Pain qui nous
rend fort pour affronter la semaine à venir ? Si la parole de Jésus de ce
dimanche nous semble dure, accueillons-la comme un appel à reprendre une vie
chrétienne cohérente, ouverte à Dieu et aux autres. Accueillons-la comme un
rappel de Dieu qui veut notre salut, et qui nous avertit de ce qui pourrait
nous arriver si nous nous endormions sur les lauriers de la foi de notre
enfance. Dans sa bonté, dans sa miséricorde, il nous indique le pire pour que,
nous ressaisissant au besoin, nous ne méritions que le meilleur au jour de son
retour. Il nous veut serviteur fidèle ; il nous veut serviteur éveillé ;
il nous veut habillés du vêtement du service de l’amour pour le transformer en
vêtement de sa gloire.
Jésus n’est pas venu condamner les hommes ;
il est venu les sauver. Il est venu nous sauver. Aujourd’hui, il nous appelle à
ne pas nous endormir ; il nous appelle à la fidélité à sa parole, à la
fidélité à son nom. Nous n’avons pas à rougir d’être chrétiens, même en ces
temps difficiles de la vie de l’Eglise. La faute de quelques-uns ne peut pas,
et ne doit pas remettre en cause la fidélité des autres. Portons fièrement
notre vêtement du service ; il ne se salit pas en servant Dieu ; il
ne se salit pas en servant les autres. Mais il se salit en ne l’utilisant pas,
parce qu’alors il se couvre de la poussière de la paresse, de la poussière du
péché. Restons en tenue de service, même pendant les vacances, et nous serons heureux
d’être trouvés à agir ainsi quand le Seigneur reviendra. Amen.
(Dessin extrait de la revue L'image de notre paroisse, n° 212, Août 2004)
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