En cette nuit, Dieu épouse l'humanité.
Tout au long de l’Avent, nous avons entendu les prophètes parler aux gens de leur époque, leur annonçant une grande joie après l’épreuve de l’Exil qui avait lourdement affecté le peuple, le faisant s’interroger sur la place de Dieu dans sa vie. Devant ce qui reste une catastrophe absolue pour l’homme croyant, les prophètes annoncent la venue d’un Messie qui rendra au peuple sa liberté. Les croyants au Christ des premières générations, juifs d’origine faut-il le rappeler encore, ont vite fait de lire dans ces annonces d’un Sauveur envoyé par Dieu, l’annonce même de la venue de Jésus en notre monde. C’est la lecture qu’en fait Paul dans l’extrait des Actes des Apôtres que nous avons entendu : De la descendance de David, Dieu, selon la promesse, a fait sortir un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean le Baptiste a préparé l’avènement. Ce soir, c’est cette lecture que toute l’Eglise fait en célébrant la naissance de son Sauveur, Dieu fait homme en Jésus Christ.
Nous pouvons alors relire le prophète Isaïe à l’aune de cette même interprétation chrétienne. Le prophète annonce à son peuple que le temps de la désolation, le temps de l’Exil est terminé : On ne te dira plus : ‘Délaissée !’ A ton pays, nul ne dira plus : ‘Désolation !’ Toi, tu seras appelée ‘Ma Préférence’, cette terre se nommera ‘L’Epousée’. Le prophète reprend ici une thématique connue depuis le prophète Osée, celle des épousailles entre Dieu et l’humanité. Puisque l’homme s’était détourné de Dieu par ses trop nombreux péchés, nous apprend le prophète Osée, Dieu fera le choix de séduire à nouveau l’humanité et de la reprendre pour Epouse, quand bien même elle s’est montrée infidèle en se donnant à d’autres dieux. Si l’Eglise, en cette première messe de la fête de Noël nous fait entendre ce passage d’Isaïe, nous pouvons considérer qu’un des sens de cette fête est bien celui des noces de Dieu avec son peuple. En ce faisant homme en Jésus, Dieu vient à la rencontre de l’humanité pour une Alliance nouvelle, l’Ancienne Alliance ayant été rompue par le péché des hommes. Ce soir, Dieu épouse l’humanité : Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. Il faut remarquer ici que la joie de ce jour n’est pas d’abord la joie de l’humanité, mais bien celle de Dieu. Quand Dieu envoie son Fils dans le monde, il en est le premier heureux, parce que, par ce Fils, se réalisera son projet d’amour et de salut pour tous les hommes. Cette joie de Dieu est appelée à devenir notre joie. Comment, en effet, ne pas se réjouir devant la naissance de Celui que Dieu envoie pour nous sauver ?
Nous pouvons puiser notre joie dans cette longue succession de noms d’hommes et de femmes qui ont essayé, chacun à leur mesure, de vivre cette Alliance avec Dieu. La longue généalogie de Jésus, que l’on appelle Christ, nous rappelle chaque année que nous ne venons pas de nulle part et que nous n’allons pas nulle part. Nous-mêmes enfants de Dieu par le Fils unique Jésus Christ, nous venons de Dieu et nous allons vers Dieu. Nous sommes cette nouvelle génération qui a commencé avec la naissance de Jésus. Nous sommes celles et ceux qui ont à prolonger et à faire vivre ce monde nouveau inauguré par la naissance de Jésus. A l’image de Joseph, nous ne devons pas craindre de prendre chez nous Marie, la Mère de notre Sauveur, et l’enfant qui est engendré en elle et qui vient de l’Esprit Saint. L’Enfant de la crèche que nous accueillons en cette nuit ne doit pas nous rester extérieur ; cette nuit ne doit pas être juste une nuit de fête sitôt oubliée quand viendra le jour suivant. Cette nuit doit nous introduire réellement dans ce grand projet de salut de Dieu, projet qu’il a conçu pour nous. Nous sommes concernés par la naissance de cet Enfant-Dieu. Notre vie doit se laisser affecter par cette naissance, même si nous n’y comprenons pas grand-chose. Ce soir, Dieu fait le choix de se rendre présent à notre vie. Ce soir, Dieu entre à nouveau dans notre vie comme il l’a fait au jour de notre baptême. Ce soir, en nous offrant son Fils, Dieu nous fait comprendre qu’il attend de nous que nous soyons ses fils à l’image de cet Enfant nouveau-né. Quand nous contemplons une crèche, n’y voyons pas que l’illustration d’un événement merveilleux, mais aussi le signe que Dieu se donne à nous et qu’il attend que nous nous donnions à lui.
En contemplant le visage de l’Enfant
Jésus, contemplons le visage de Dieu qui vient à nous. Contemplons aussi dans
ce visage, le visage des frères qu’il met sur notre route. Puisque Dieu s’est
fait humain en Jésus, chaque humain porte en lui le visage de Dieu. En servant
nos frères, en particulier les plus petits, les plus faibles, c’est Dieu lui-même
que nous servons. Que cette nuit, qui nous permet d’accueillir et d’épouser Dieu,
nous permette aussi d’accueillir et d’épouser toute l’humanité en qui Dieu se
révèle, en qui Dieu vit. Entrons dans une fidélité renouvelée à l’Alliance que Dieu
nous propose en vivant une charité réelle avec tous. Amen.
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