Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 25 décembre 2021

Noël - Messe du jour - 25 décembre 2021

 Le Verbe s'est fait chair ! 




(Arcabas, Nativité, détail)


        Le Verbe s’est fait chair. Quand je vois le mot écrit, je comprends bien ce que veut nous dire l’évangéliste Jean. Mais quand un quidam nous entend dans la rue dire : Le Verbe s’est fait chair, qu’entend-t-il au juste ? Que comprend-t-il ? A l’audition, le son « chair » peut avoir plusieurs sens dont il nous est permis de jouer. et je ne vais pas m'en priver !  

            Le Verbe s’est fait chair (c-h-a-i-r). C’est la manière qu’à Jean de dire que Dieu, en Jésus, est devenu l’un de nous. C’est tout le mystère de Noël qu’il exprime ainsi. Dieu, celui que personne n’a vu, se rend visible à nos yeux dans un corps semblable au nôtre. C’est ce que chante la première préface de la Nativité lorsqu’elle affirme : La révélation de ta gloire s’est éclairée pour nous d’une lumière nouvelle dans le mystère du Verbe incarné. Maintenant, nous connaissons en lui Dieu qui s’est rendu visible à nos yeux. La deuxième préface va dans le même sens lorsqu’elle fait chanter au célébrant :  Dans le mystère de la Nativité, celui qui par nature est invisible s’est rendu visible en notre chair. Il nous faut donc bien admettre cette réalité : celui qui est au-delà de tout, celui qui est le tout-autre est devenu l’un de nous, il s’est fait comme nous. Et s’il s’est fait comme nous, c’est pour que nous puissions devenir comme lui. C’est ce que rappelle la troisième préface de la Nativité : lorsque ton Verbe prend sur lui la fragilité humaine, notre condition mortelle en reçoit une infinie noblesse ; il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels. Quand Dieu devient homme, l’homme retrouve en lui sa capacité à être capable de Dieu, sa capacité à être comme Dieu. L’appel de Dieu adressé à l’humanité (Soyez saint comme je suis saint) trouve ici, dans l’incarnation du Fils unique, la possibilité d’une réponse favorable de la part de l’humanité. 

            Le Verbe s’est fait chair (c-h-a-i-r). Certaines traductions bibliques se croient obligées de préciser dès le début du prologue que le Verbe, c’est la Parole de Dieu. ce qui donne dans certaines bibles : Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu. Peut-être s’agit-il là d’une habitude bien française qui découle de la difficulté pour l’homme moderne de penser autrement que paresseusement. N’est-ce pas, si vous ne lui expliquer pas tout dans le menu détail, il ne comprendra rien. Et s’il ne comprend rien, ce n’est pas sa faute, ce n’est pas parce qu’il ne cherche pas à comprendre, mais parce que vous lui parlez de manière trop compliquée. Pour certains, il faudrait changer tout le vocabulaire religieux parce qu’il ne correspond plus à l’air du temps. Donc, tout le monde aura compris ce matin que quand Jean dit : le Verbe s’est fait chair, il nous dit en fait que la Parole de Dieu s’est faite chair. C’est un gros progrès depuis les prophètes ; eux ne faisaient que redire la Parole d’un autre. Mais quand Jean dit : Le Verbe (la Parole de Dieu) s’est fait chair, il nous dit que celui qui s’incarne est en fait la Parole de Dieu ; il ne répète pas ce que dit Dieu, il parle Dieu, il est Dieu. et là, cela se complique pour l’homme. Tant que la Parole était redite, répétée par d’autres, on pouvait dire qu’on a mal compris, qu’ils ont mal transmis ce que Dieu avait dit ; mais quand Dieu lui-même parle, en face-à-face avec les hommes, quelle excuse vont-ils trouver pour ne pas le suivre ? Saint Ephrem avait raison de dire que le Verbe de Dieu s’est fait chair par l’oreille ; que Marie est tombée enceinte par l’oreille. C’est en écoutant Dieu qu’elle a mis au monde le Fils unique de Dieu, le Verbe de Dieu. Pour engendrer la Parole, elle a d’abord dû écouter cette Parole et la prendre au sérieux. En ce sens, nous pourrions dire que le verbe s’est fait chaire (c-h-a-i-r-e), lieu de la proclamation de la Parole de Dieu. Cela nous renvoie alors à tout l’enseignement de Jésus quand, devenu grand, il parcourra les routes pour enseigner les hommes qui cherchent Dieu. Le Dieu qui se fait homme (chair, c-h-a-i-r) se fait aussi enseignant (chaire, c-h-a-i-r-e). vous me suivez jusque-là ? Alors continuons encore un peu. 

            Le Verbe s’est fait chair, à l’audition, peut encore se comprendre de deux manières, comme dans ce court dialogue : « Ah, votre cher défunt, quel homme il était ! Ce à quoi l’auditeur répond : vu le prix des funérailles, vous avez raison de de dire : notre cher défunt ! Si l’orthographe n’est pas la même que dans l’affirmation de Jean, à l’audition, la méprise est doublement possible. Occupons-nous de celle qui soulignerait l’aspect économique de la chose : le Verbe s’est fait cher et depuis il est hors de prix ! Au-delà du jeu de mots, cette affirmation nous ouvre une réelle perspective théologique. Voyez-vous, le Verbe ne s’achète pas, mais il a un prix. Et ce prix, c’est l’humanité. Le Verbe ne s’achète pas ; le Verbe rachète l’humanité. Et cela lui coûtera sa vie, pour ceux qui s’interrogent sur le prix du Verbe. C’est un grand prix, la vie d’un innocent pour racheter des coupables. On peut dire que le Verbe a fixé son prix : l’humanité tout entière, au point que vous ne pouvez pas prendre le Verbe sans prendre aussi toute la tribu, toute l’humanité. Accueillir le Verbe de Dieu dans ta vie, c’est accueillir tout humain qui croisera ta route comme un frère, comme un autre Verbe de Dieu. Personne ne peut plus séparer le Verbe fait chair (c-h-a-i-r) de l’humanité qu’il est venu racheter à grand prix, chèrement. 

            Pour finir avec mes jeux de mots, permettez-moi un vœu puisqu’il reste une manière d’interpréter ce que nous dit Jean. Mon vœu, c’est que le Verbe devienne cher (c-h-e-r) à notre cœur, cher au cœur de tout homme, chaque jour.  Que nous ayons plaisir à le rencontrer, plaisir à l’écouter, plaisir à le suivre. Qu’il soit notre cher et tendre qui nous attire vers Dieu et nous garde du Mal. N’est-ce pas pour cela que le Verbe s’est fait chair (c-h-a-i-r) ? Qu’il soit toujours davantage pour nous ce qu’il est en lui-même :  notre vie et notre lumière. Amen.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire