N'aie donc pas honte de rendre témoignage.
Avez-vous bien écouté Paul dans sa deuxième lettre à Timothée ? Il dit quelque chose d’intéressant pour nous tous. En fait, c’est une invitation qu’il nous fait. Certains penseront spontanément à ce passage : Ravive le don gratuit de Dieu. Et je peux les comprendre, tant il est important de garder agissant en nous l’esprit de notre baptême. Mais ce n’est pas cette invitation-là qui m’a le plus marqué. Je pense plutôt à celle-ci : N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur. Je trouve, qu’en ces temps que nous vivons, elle est plutôt bienvenue.
La première raison qui me rend cette invitation importante, vient du fait que certains pensent que ce n’est pas pour eux, le témoignage. Le témoignage, c’est réservé à une caste composée des ministres du culte de quelque ordre ils soient : diacres, prêtres, évêques, auxquels les mêmes rajoutent souvent les catéchistes. En gros, disent-ils, c’est leur métier de rendre témoignage ; moi, mon métier, c’est carreleur, médecin, enseignant, que sais-je encore… A chacun son job, le témoignage, ce n’est pas le mien. Si vous pensez ainsi, je veux ici vous détromper. Chaque baptisé participe, à sa manière, à la triple mission du Christ, Prêtre, Prophète et Roi. Le témoignage s’inscrit clairement dans la mission prophétique de l’Eglise, donc de chaque baptisé, au sens où chacun doit annoncer le Christ. Mais le témoignage s’inscrit aussi dans la mission royale de l’Eglise, donc de chaque baptisé, au sens où chaque baptisé doit vivre, gouverner sa vie selon l’Evangile. C’est même là le premier témoignage que nous avons tous à rendre. Ceux qui ont oublié le Christ, ou ceux qui n’ont jamais entendu parler de lui, doivent pouvoir le découvrir à travers notre art de vivre, je le redis assez souvent pour que nous en soyons tous maintenant convaincus. Dans les relations œcuméniques ou interreligieuses, c’est même la première marche à franchir. Vivre au milieu des autres dans le respect de notre foi. Ce n’est pas parce que nous devenons minoritaires qu’il nous faut renoncer à vivre en chrétien. Ce n’est pas davantage parce que notre pays se définit comme laïque, ne promouvant aucune religion, que nous devons renoncer à vivre en chrétien, bien au contraire. La laïcité bien comprise est même le cadre idéal qui nous permet de vivre notre foi librement et publiquement. Nous n’avons pas à nous cacher parce que chrétien ; nous n’avons pas à cacher que nous sommes chrétiens sous prétexte que certains pensent que la laïcité équivaut à la suppression de toutes les religions de l’espace public. Il n’y a rien de plus faux que de croire cela.
Il y a une seconde raison qui me rend sympathique l’invitation de Paul à ne pas avoir honte de témoigner de notre foi. Elle se situe dans la ligne de la première. Si le témoignage n’est pas réservé à une caste de professionnels, il n’est pas davantage réservé à une caste de purs. Entendons bien le N’aie pas honte de rendre témoignage comme un rappel qu’aucun baptisé n’est indigne de le faire. S’il fallait attendre, pour témoigner, que notre vie chrétienne soit parfaite, je crains fort que très peu de témoignages seraient entendus. Ce n’est pas parce que nous ne vivons pas totalement comme il le faudrait, que notre témoignage rendu au Christ serait caduc. J’ai même appris, en 31 de métier et de prédication, que lorsque je rends témoignage au Christ, je le fais d’abord aussi pour moi. Je me rappelle à moi-même à quoi je suis appelé, et je mesure combien j’ai encore à progresser, combien il me faut encore travailler ma fidélité au Christ. Nous ne sommes pas parfaits, c’est un fait ; mais cela ne nous empêche pas de tendre vers cette perfection dans la foi et la charité. Et cela ne nous empêche donc pas davantage de témoigner de ce à quoi nous sommes appelés par le Christ. En rendant témoignage à notre Seigneur, nous mesurons le chemin déjà parcouru et nous pouvons en rendre grâce ; et nous mesurons le chemin qui reste à parcourir et nous pouvons demander à l’Esprit, qui n’est pas un esprit de peur mais un esprit de force, d’amour et de pondération, de nous aider à progresser encore et à avancer à la suite du Christ vers le Royaume où nous sommes attendus. N’ayons donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur. Il ne faut pas attendre d’avoir une foi parfaite ou une foi plus grande pour témoigner : nous recevons de Dieu la foi que nous pouvons porter et dont nous pouvons témoigner, j’en suis convaincu.
Quel que soit notre état de vie, quel que soit notre avancement sur le chemin de la sainteté, nous pouvons et nous devons rendre témoignage au Christ, sans honte. Rendre témoignage au Christ, ce n’est pas fanfaronner devant les autres : voyez comme je suis bien et bon ! Non, rendre témoignage au Christ, c’est lui rendre grâce de sa présence à notre vie, lui rendre grâce pour son amour pour nous, amour qui l’a conduit à la croix pour notre vie. C’est être remplis d’amour et de reconnaissance pour cet amour qui nous vaut la vie. Ne soyons pas des sœurs et des frères ingrats du Christ : reconnaissons l’œuvre d’amour qu’il a entreprise pour nous et sachons en témoigner devant les hommes, par notre vie et par nos mots : nous sommes faits pour vivre. Soyons pleinement vivants et fiers de ce Christ qui nous a rachetés et sauvés. Gardons le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous. Il saura nous donner les mots et les attitudes qui rendront notre témoignage véridique. Amen.
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