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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 30 décembre 2023

Fête de la Sainte Famille - 31 décembre 2023

Une famille qui vit dans la puissance de l'Esprit Saint.





 

            Lorsque nous célébrons la Sainte Famille, nous pensons spontanément à Jésus, Marie et Joseph, et c’est normal puisque ce sont les personnages essentiels de nos crèches. Le récit de la Nativité, tel qu’il nous a été rapporté par Luc lors de la messe de minuit, nous dit bien que Joseph venait se faire recenser à Bethléem avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte, et que pendant qu’ils étaient là, elle mit au monde son fils premier-né. Joseph, Marie et Jésus : c’est bien la Sainte Famille. Pourtant, l’évangile de cette fête, toujours tiré de l’œuvre de Luc, nous parle aujourd’hui d’un autre personnage important dans cette famille, et qui semble l’accompagner dans ces premiers temps de la vie de Jésus. Ce n’est pas le vieillard Siméon, ce n’est pas la prophétesse Anne, c’est l’Esprit Saint. 

            Marie et Joseph font ce qui est prescrit par la loi de Moïse : ils amenèrent Jésus à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi. Ce que Luc nous montre, c’est d’abord une famille qui obéit à Dieu, comme il y en a tant d’autres à la même époque. Mais contrairement aux autres familles, quand celle-ci vient, il se passe des choses uniques. Sous l’action de l’Esprit Saint, Siméon vint au Temple au même moment. Et il a la joie de recevoir l’enfant dans ses bras. Il tient dans ses mains, tout ce pour quoi il a vécu. Il est conscient, et sa prière en atteste que se réalise la promesse qui lui avait été faite : Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Tout a sa joie, il déclare : Mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples. La révélation de ce que sera cet enfant, qui avait été faite jusque-là uniquement à Marie et Joseph, est rendue publique par Siméon, sous l’action de l’Esprit Saint. Quand une famille obéit à Dieu, elle n’a pas besoin de s’expliquer ; l’Esprit Saint révèle ce qui doit être connu par les chemins qu’il juge utile. La prophétesse Anne joue le même rôle, dans les mêmes conditions. Sa mission de prophétesse témoigne qu’elle aussi vit dans l’obéissance à l’Esprit de Dieu. 

            Jésus lui-même, de retour à Nazareth avec ses parents, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse (l’autre nom de l’Esprit Saint ans l’A.T.) et la grâce de Dieu était sur lui. Quand les parents obéissent à l’Esprit saint, leur enfant ne peut que faire de même. Je sais bien que certains diront que ce n’est pas pareil pour Jésus : il est Fils de Dieu de toute éternité, il a toujours fait ce que le Père attendait de lui. Peut-être, sans doute même. Mais grandir, entouré de parents qui respectent Dieu, lui permet assurément de découvrir qui il est véritablement : vrai Dieu et vrai homme. Quand l’homme suit la voix de Dieu, Dieu peut suivre la voix des hommes. Et le salut peut être réalisé. Dans cette Alliance nouvelle, Dieu et l’homme sont des partenaires solides l’un pour l’autre, sinon ce n’est pas une Alliance qui est proposée. Célébrer la Sainte Famille, c’est célébrer cette Alliance nouvelle que Dieu veut établir avec chacun de nous, comme il l’a déjà établi avec cette famille particulière en lui confiant son Fils unique. Ce que vivent Marie, Joseph et Jésus, par la grâce de l’Esprit Saint, nous sommes pareillement appelés à le vivre, nous qui avons tous reçu l’Esprit Saint au jour de notre baptême. 

            Que nous lisions les récits de l’enfance dans l’évangile de Luc ou dans l’évangile de Matthieu, l’Esprit Saint est toujours présent, veillant à ce que tout se déroule selon le projet initial de Dieu. Ne sous-estimons pas la force de l’Esprit Saint dans nos propres familles, saintes elles-aussi parce qu’appelées à vivre selon le projet de Dieu, saintes elles-aussi parce que accompagnées par l’Esprit de Dieu. Que cette fête nous permette de redécouvrir la vocation de toute famille chrétienne : vivre, à l’image de Marie, Joseph et Jésus, le projet que Dieu porte pour elle. Ainsi nos familles participeront à la construction d’un monde meilleur où Dieu sera tout pour tous. Amen.


lundi 25 décembre 2023

Jour de Noël - 25 décembre 2023

 De commencement en commencement...


(Source internet : ICONOGRAPHIE CHRÉTIENNE: LA NATIVITÉ DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST (har22201.blogspot.com)



 

 

 

            Comme la nuit laisse place au jour, le merveilleux laisse la place à la réflexion, à l’approfondissement de ce que nous avons vécu au cœur de notre nuit : la naissance d’un Sauveur, la naissance du Sauveur attendu depuis des siècles. La relation de la naissance de Jésus, située historiquement, cède la place à une réflexion profonde sur le sens de cette venue. 

            La réflexion de Jean nous ramène au commencement, quand il n’y avait encore rien, quand il n’y avait que Dieu, l’Esprit et le Verbe de Dieu. Autant dire que la fête de Noël, qui nous fait célébrer le Verbe fait chair, s’inscrit dans ce commencement, ce projet initial de Dieu. C’est même un seul et même projet. Au commencement, par son Verbe, Dieu crée le monde ; au commencement de la venue du Verbe dans la chair, Dieu recrée le monde. Noël est bien la fête d’un nouveau commencement. Quelque chose de neuf advient dans cette incarnation du Verbe de Dieu dans notre chair. Ce qui est neuf, ce n’est pas que Dieu parle ; cela, nous le savions, puisque c’est par sa parole que tout fût créé : le Verbe (la Parole) était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. Ce qui peut être nouveau, c’est la manière dont Dieu parle. Au commencement de la création, nous pourrions dire que Dieu commande : Que la lumière soit, et la lumière fut, dit sobrement le texte biblique. Avec ce nouveau commencement de l’incarnation, Dieu ne commande plus, Dieu se propose à l’homme, Dieu prend le risque de l’homme, le risque que l’homme l’écoute… ou pas ! Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Et Dieu ne se fâche pas ; il ne menace même pas ceux qui ne l’ont pas reçu.  

            Avec ce nouveau commencement, Dieu tourne son regard vers ceux qui l’ont reçu et il les récompense : à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ce commencement de l’incarnation marque le commencement de notre salut : nous sommes déjà, par cette incarnation du Verbe de Dieu mit à sa hauteur : nous aussi, nous sommes nés de Dieu. Le Verbe fait chair nous rend capables de Dieu, capables de l’accueillir, capables de l’écouter, capables de le suivre, capables de l’aimer, capables de le faire aimer. Le Verbe fait chair habite parmi nous. Quand Dieu vient dans le monde en Jésus, sa Parole faite chair, il ne vient pas pour commander en maître, il vient entrer en alliance nouvelle avec nous. Entendons-nous cette parole que Dieu nous adresse ? Laissons-nous cette parole retentir en nous ? Suivons-nous cette Parole dans tous les aspects de notre vie ? Notre rencontre avec le Verbe fait chair marque-t-elle un nouveau commencement pour nous, pour notre vie ? 

            Une conséquence de cette nouvelle manière que Dieu a de nous parler, c’est que, puisqu’il ne commande plus, nous n’avons plus à obéir ; s’il se propose à nous, nous avons à écouter. Et l’attitude n’est plus la même, et le rapport n’est plus le même. Je deviens responsable d’une part de mon salut. Rassurez-vous : c’est toujours Dieu qui nous sauve, mais j’ai à désirer ce salut, à l’accueillir. Quand Dieu ne commande plus mais se propose, j’ai à choisir de devenir son ami, ou son fils pour parler comme Jean. Personne n’est obligé de croire ; personne n’est obligé de suivre ; personne n’est obligé d’écouter. Mais si je fais le choix de croire, si je fais le choix de suivre, si je fais le choix d’écouter, alors je dois accepter les conséquences de ce choix. Soit je prends la proposition du salut faite par Dieu au sérieux, et je vis en conséquence, soit je laisse cette proposition à d’autres. L’Alliance que Dieu me propose oblige Dieu envers moi et m’oblige envers Dieu. Nous sommes égaux, Dieu à ma hauteur et moi à la hauteur de Dieu. Puisque Dieu nous prend au sérieux, prenons Dieu au sérieux à notre tour. 

            Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous. Cette forme passée du verbe " habiter " n’est pas un passé dépassé ; c’est un passé qui se renouvelle de génération en génération, de telle sorte que nous pouvons dire qu’aujourd’hui le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, comprenons : il est venu chez nous, il est venu s’installer dans nos vies. Puisse ce désir de Dieu de nous rencontrer être source de notre joie profonde ; puisse ce désir devenir nôtre et nous habiterons chez Dieu aussi sûrs qu’il a habité et habite encore au milieu des hommes. Amen.

dimanche 24 décembre 2023

Nuit de Noël - 24 décembre 2023

 C'est tous les ans pareils !





 

 

 

 

            C’est tous les ans pareil, s’exclamait une petite fille en CE 2 lorsque sa maîtresse leur a annoncé qu’ils allaient préparer Noël. Je sais déjà tout, poursuivait l’enfant, ça fait depuis la maternelle qu’on en parle. Au-delà de l’anecdote réelle, ne sommes-nous pas souvent dans le même esprit ? Que pouvons-nous apprendre encore de Noël que nous ne sachions déjà ? Chaque année, ce sont les mêmes lectures, les mêmes traditions… Qu’avons-nous encore à apprendre de Noël ? 

            Je n’ai pas la prétention, dans cette homélie, de vous faire des révélations inédites sur la fête qui nous rassemble. Cette année encore, Jésus est couché dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Cette année encore, il naît de Marie, au moment du recensement ordonné par l’empereur Auguste. Cette année encore, ce sont des bergers à qui la bonne nouvelle de cette naissance est annoncée. Cette année encore, des cohortes d’anges chantent la louange de Dieu : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Et cette année encore, la paix semble plus difficile que jamais à atteindre. Comme je voudrais que ce chant devienne réalité pour toute la terre. 

            Ce que je voudrais, par contre, c’est nous faire réfléchir à la réalité de ce qui advient avec la naissance de Jésus. Si ce soir, ce n’est pas son anniversaire que nous célébrons, mais bien sa naissance parmi nous, aujourd’hui, qu’est-ce que cela nous fait ? En-dehors de la joie de la fête, bien légitime, avons-nous bien conscience de cet aujourd’hui du salut qui nous est proposé ? Nous sommes, ce soir, ces bergers, à qui la naissance de Jésus est annoncée. Nous sommes ceux qui recevons la bonne nouvelle du salut. Et ça vous fait quoi ? ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? 

Quand en Jésus, Dieu se fait enfant, faible parmi les faibles, comment ne pas en être impactés ? Quand Dieu, en Jésus, se fait enfant et vient dans notre vie, comment ne pas changer, ne pas en être transformés ? Mesurons-nous pleinement ce que cela signifie pour nous que Dieu se mette à notre hauteur, qu’il s’a
baisse, s’anéantisse, pour partager notre vie ? C’est assurément un grand mystère, et s’il est vrai que le Salut ne sera réalisé qu’à Pâques, dans le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, comment ne pas être bouleversé par cette naissance qui porte déjà en elle ce salut qui peut nous sembler lointain ? Si c’est bien le mystère de la Croix qui est au cœur de notre foi, le mystère de la naissance de Jésus n’en est pas moins important. Ce soir, Dieu s’engage envers nous, à nous faire vivre avec lui. Ce soir le Tout-Puissant se fait le Tout-Faible, pour que nous n’ayons pas peur de l’approcher et de l’accueillir. Nous savons que nous n’avons rien à craindre d’un nouveau-né, fût-il le Fils de Dieu. Un bébé reste un bébé. C’est petit, mignon, sans force, ça dépend de nous, les grands. Ce soir, en Jésus, fils nouveau-né de Marie, Dieu se met entre nos mains ; il prend le risque de se livrer, impuissant. Pensons-y quand nous nous approcherons de la crèche pour le contempler. Ce petit, c’est Dieu livré. Ce petit, c’est Dieu offert, attendant déjà de s’offrir pour notre Salut. 

En cette nuit très sainte, recueillons-nous et contemplons Dieu qui vient dans notre vie ; chacun peut dire : il vient dans ma vie. Que cette naissance nous rende heureux d’avoir été trouvés dignes du salut que Dieu offre par amour de l’humanité. Qu’elle nous rende conscients de la responsabilité qui est la nôtre : lui permettre de grandir, le faire connaître, l’aimer et le faire aimer. Ainsi, le monde sera sauvé. Et rien ne sera plus pareil. Amen.


samedi 23 décembre 2023

4ème dimanche de l'Avent B - 24 décembre 2023

 Est-ce toi qui me bâtiras une maison ?



 

 

 

            Au terme de notre Avent, à quelques heures de célébrer dans la joie la naissance du Sauveur, il nous est bon d’entendre l’échange entre le roi David et le prophète Nathan. Il nous dit quelque chose d’essentiel de notre rapport au Dieu qui vient. Tout est résumé admirablement dans cette question : Est-ce toi qui me bâtiras une maison ? C’est Dieu qui parle ainsi à David par son prophète. 

            Tout part du constat que David fait sur sa situation comparée à celle de l’arche de l’Alliance : J’habite dans une maison de cèdre, et l’arche de Dieu habite sous un abri de toile ! Sa réaction est simple : puisque Dieu a tout fait pour moi (Le Seigneur lui avait accordé la tranquillité en le délivrant de tous les ennemis qui l’entouraient), je vais faire à Dieu une maison digne de lui. Je ne doute pas un instant de la sincérité de David ; mais je ne peux m’empêcher d’être partagé entre prétention et naïveté. Prétention, parce que David ferait à Dieu quelque chose que Dieu ne saurait se faire lui-même, et il le ferait mieux que lui ? Personne n’a songé un instant que cela pouvait plaire à Dieu d’habiter sous une tente, comme jadis, lors de la longue traversée du désert ? Naïveté, parce qu’il se croit à la hauteur de la tâche ! Remarquez : le prophète Nathan se laisse prendre lui-aussi au jeu : Tout ce que tu as l’intention de faire, fais-le, car le Seigneur est avec toi. C’est dans la nuit suivante que Dieu parle à son prophète pour qu’il interroge David : Est-ce toi qui me bâtiras une maison ? 

            Derrière cette question, se cache une tentation très humaine qui se présente à tous à un moment ou à un autre de notre vie spirituelle : l’envie de faire quelque chose pour Dieu. Devant tout ce que Dieu a fait et continue de faire pour nous, nous pensons qu’il est temps que c’est à nous de faire quelque chose pour lui. C’est la porte ouverte aux très bonnes résolutions qui, sitôt prises sont aussitôt abandonnées, parce que, comprenez-vous, la vie n’est pas simple, il y a tant de choses à faire, … Je ne dis pas qu’il ne faut pas avoir la reconnaissance de ce que Dieu fait pour nous ; je ne dis pas qu’il ne faut pas se bouger pour lui en menant une vie selon sa volonté. Quand nous vivons simplement notre foi, nous ne faisons rien pour Dieu ; nous montrons juste que nous ne sommes pas des enfants ingrats qui ont tout reçu et ne savent pas dire merci. Vivre notre foi, nous le faisons pour nous. Nous ne le faisons pas pour Dieu, nous le faisons à cause de Dieu, parce que sa grâce nous a touchés. Non, les choses que nous voulons faire pour Dieu, c’est cet extra, ce truc en plus dont on pense qu’il fera plaisir à Dieu, sans vraiment savoir, une espèce de radicalité qui nous prend après un événement, une retraite, une épreuve dont on sort grandi.  C’est de l’ordre de la tentation, parce qu’elle ne rentre pas vraiment dans ce que Dieu attend de nous. Nous voulons juste faire plus, pour lui montrer qu’on est bien, nous ; et surtout meilleur que les autres ! 

            L’histoire de David, et bien plus tard, l’histoire de Marie, nous montre au contraire que la seule chose à faire pour Dieu, pour ceux qui tiennent absolument à faire quelque chose pour lui, c’est de répondre à sa volonté, ni plus, ni moins. Le vieux principe liturgique qui affirme que chacun fait seulement, mais totalement, ce qui lui revient, s’applique aussi en matière de vie spirituelle. Faire seulement, mais totalement, la volonté de Dieu ! C’est déjà pas mal, croyez-moi ! Cela m’oblige, non pas à imaginer ce qui ferait plaisir à Dieu, mais à écouter Dieu qui me dit ce qu’il attend de moi. Je ne pars pas de moi ; je pars de Dieu. Lui seul sait ce dont je suis capable ; lui seul me propose le vrai chemin pour parvenir à lui ; lui seul peut conduire ma vie au bonheur véritable. Entendons bien Marie quand l’ange lui a tout expliqué. Elle ne dit pas : j’ai compris, je sais ce que vais faire, comment je vais le faire, quand je vais le faire… Elle dit simplement : Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. Et pas un jour ne passera sans qu’elle n’habite cette volonté. Jusqu’au bout, jusqu’à la croix de son Fils, c’est la volonté de Dieu qui guidera sa vie. 

            Renoncer à vouloir faire quelque chose pour Dieu pour mieux entrer dans sa volonté : voici à quoi nous sommes appelés. Nous ne bâtirons rien pour Dieu ; mais lui bâtira notre vie et notre avenir. Ecoutons-le, suivons-le, mais avant tout, accueillons-le. Amen.

samedi 16 décembre 2023

3ème dimanche de l'Avent B - 17 décembre 2023

 Jean le Baptiste, le prophète passeur.



 (Jean le Baptiste prêchant dans le désert, Gustave Doré)

 

 

 

            Qui es-tu ? Je peux comprendre, devant la personnalité et l’œuvre de Jean le Baptiste, que certains s’interrogent, sans doute avec crainte. L’insistance de ceux qu’ils envoient vers Jean pour obtenir une réponse à leurs questions, prouvent qu’ils n’ont pas la conscience tranquille. S’il est Elie qui est revenu, ou le Prophète attendu, comment se fait-il que les prêtres et les lévites ne l’aient pas reconnu ? S’il est Elie qui est revenu, ou le Prophète attendu, nul doute qu’il ne doit pas être très content. Ça pourrait chauffer pour leur matricule ! 

            Qui es-tu ? Que dis-tu sur toi-même ? Voilà Jean le Baptiste mis en demeure de « communiquer », non pas sur son œuvre, mais sur sa personne. Il redit à peu près ce que nous avions déjà découvert dimanche dernier : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur ! Entendez bien ce qu’il dit : Je suis la voix de celui qui crie. Il est le porte-parole d’un autre. Il n’est pas celui qui crie, il en est juste la voix. Jean le Baptiste se révèle un passeur. Ce n’est pas lui qui compte, mais celui dont il est la voix et qui vient derrière lui. Ce qu’il dit, il ne le dit pas de lui-même ; ce qu’il fait, baptiser, un autre, celui qui vient derrière lui, le fera aussi, différemment. Jean ne s’attribue rien ; Jean ne revendique rien. Il fait, pour un autre, au nom d’un autre. Il révèle un autre. Cet autre, c’est celui dont parle le prophète Isaïe dans la première lecture. Isaïe n’annonce pas Jean le Baptiste dans ce passage, mais il annonce bien un messie à venir. Et pour Jean, celui dont parle Isaïe et celui dont il est la voix ne font qu’un. 

Pour nous, chrétiens, c’est bien Jésus qui est envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs la délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Il suffit de relire les évangiles et la longue liste des signes posés par Jésus, et la non moins longue liste de tous ses discours, pour faire le parallèle entre le serviteur annoncé par Isaïe et Jésus. Jean le Baptiste, le passeur de Dieu, indique le chemin qui mène à Jésus. C’est pour cela qu’il est une figure incontournable de notre temps de l’Avent. Revenir vers Jean le Baptiste nous permettra de repartir sur le bon chemin, ce chemin que nous aurons aplani pour le Messie attendu. Ne soyons pas comme ceux qui s’interrogent sur Jean au lieu d’écouter ce qu’il dit ; ne soyons pas comme ceux qui l’interrogent et qui le regardent lui, alors qu’il renvoie vers un autre. La mission de Jean le Baptiste est importante ; mais plus important sera le Messie et son œuvre. Venons vers Jean, convertissons-nous à sa parole, et nous pourrons reconnaître avec lui, en Jésus, le Messie attendu. 

Le hasard du calendrier fait que, cette année, nous sommes déjà dans la toute dernière semaine de notre Avent. Il nous faut hâter notre préparation, il nous faut hâter notre compréhension du message prophétique pour ne pas rater la venue de Celui qui vient au nom du Seigneur. Relisons les prophètes, entendons bien Jean le Baptiste, et plutôt que de nous interroger sur lui, découvrons Celui dont il est la voix qui se fait entendre, et la voie qui conduit au plus grand, au Christ, dont nous sommes tous indignes de défaire la courroie de sa sandale. Ne soyons pas comme imbécile à regarder le doigt ou la personne de Jean le Baptiste alors que tout en lui nous oriente et nous montre le Christ. C’est lui que nous attendons, c’est lui que nous accueillerons. Amen.

 

samedi 9 décembre 2023

2ème dimanche de l'Avent B - 10 décembre 2023

 Préparez le chemin du Seigneur !




(Il Perugino, Le prophète Isaïe)

 

 

 

 

            S’il est une certitude qui doit nous habiter en ce deuxième dimanche de l’Avent, c’est bien celle de la venue du Seigneur ! Tant le prophète Isaïe, que Jean le Baptiste à quelques siècles de distance, le proclament : Il vient !  Voici votre Dieu ! Voici le Seigneur Dieu ! Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ! Nous suffit-il donc d’attendre, de veiller comme nous y invitait l’Evangile de dimanche dernier ? Sans rien enlever à l’exigence de la veille, ce dimanche nous invite toutefois à faire un pas de plus, à la rencontre de Celui qui vient : il nous invite à préparer le chemin du Seigneur. 

            C’est sans doute le prophète Isaïe qui est le plus clair à ce sujet. Le crime de Jérusalem étant expié par le trop long temps de l’Exil, voici le temps de la consolation, du retour en grâce : Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. A ceux qui croyaient qu’ils devraient vivre soumis aux dieux étrangers, est rappelé qu’ils ont un Dieu, et que ce Dieu, malgré qu’ils l’aient rejeté, veille sur eux. Le temps du retour est venu. Mais ce retour ne va pas sans travail : Préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! Autant dire que c’est un travail au bulldozer qui est demandé ! Si le travail est topographique, il est presqu’impossible à réaliser. Mais puisque Dieu invite son prophète à parler au cœur de Jérusalem, nous pouvons comprendre que ce travail est d’abord intérieur, d’ordre spirituel. Après des années à vivre sans Dieu, Jérusalem est invitée à faire place nette pour Lui. Aucun obstacle ne doit empêcher la venue du Seigneur. Les pièges du péché dans lesquels l’homme était tombé, il faut les combler. Les montagnes de péchés accumulées doivent être abaissées. Dieu doit pouvoir passer ; Dieu doit pouvoir aller à la rencontre de Jérusalem sans effort. Après tout, ce n’est pas Lui qui s’était détourné de sa vile ; c’est elle qui avait accumulé les fautes contre Dieu. Celui que les hommes avaient rejeté, deviendra à nouveau le berger de son peuple : Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur. Pouvait-on trouver plus belle image que celle-ci pour dire l’amour de Dieu pour son peuple ? Il le porte sur son cœur ! 

            Si le temps de l’Avent prend tout son sens pour nous aujourd’hui, c’est ce même travail qu’il nous faut faire. Nous devons préparer aujourd’hui le chemin du Seigneur. Si Noël qui approche n’est pas pour nous l’anniversaire de Jésus, c'est-à-dire le souvenir heureux d’un événement lointain, il nous faut nous préparer, et préparer nos cœurs, à accueillir Celui qui vient à notre rencontre, dans l’aujourd’hui de notre vie. Nos temps liturgiques successifs ne nous invitent pas à la nostalgie de jours heureux, mais à croire que c’est pour nous, aujourd’hui, que le mystère du Salut est déployé. Quand nous relisons le passé, avec Isaïe, avec Jean le Baptiste, avec l’évangéliste Marc pour cette nouvelle année liturgique, ce n’est pas seulement pour commémorer de lointains événements, mais bien pour nous faire comprendre que cela, non seulement peut nous arriver, mais que cela arrive véritablement pour nous. Dieu, qui est déjà venu à la rencontre des hommes, ne cesse de venir à notre rencontre. Il l’a fait au temps d’Isaïe, il l’a fait au temps de Jean le Baptiste, il le fait à notre temps. Ne croyons pas, parce que les temps sont difficiles, que Dieu nous a abandonné ! Ne croyons pas que nous ne pouvons rien pour hâter sa venue. Comme annoncé par les prophètes, nous pouvons combler les ravins des pièges du péché dans notre vie par l’écoute et la méditation de la Parole Dieu. Nous pouvons faire disparaître les montagnes de fautes, les murs de nos incompréhensions, de nos divisions, de nos anathèmes, et ouvrir ainsi de larges vallées de fraternité, des plaines de rencontres et de compréhensions mutuelles. Rencontrer Dieu suppose d’une part que Dieu veuille venir à nous : cela est une certitude que nous pouvons faire nôtre depuis le jour où nos premiers parents, s’étant cachés dans le jardin après la découverte de leur nudité, ont été cherché par Dieu : Homme, où es-tu ? Mais rencontrer Dieu suppose aussi que nous désirions le rencontrer, que nous désirions l’accueillir dans notre vie, aujourd’hui. Le veux-tu vraiment ? Alors abats les murs, comble les fossés, abaisse les montagnes qui te retiennent de le voir venir. 

Aujourd’hui peut devenir pour toi le commencement de l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu, inscrit dans ta vie, un évangile vivant qui te fait devenir disciple de Celui qui vient pour te sauver, un évangile qui te parle au cœur. Entendons ce que disait Pierre : Voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez, vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu. Vous qui attendez : c’est bien la veille à laquelle nous étions invités dimanche dernier ; vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu : c’est bien notre participation à la prophétie d’Isaïe de ce dimanche. Alors préparons le chemin du Seigneur, avec la certitude qu’il vient à notre rencontre pour nous sauver. Notre siècle a besoin de nous pour ouvrir la route ; notre siècle a besoin d’être rencontré par Dieu si nous ne voulons pas que l’humanité aille à sa perte. Amen.  

samedi 2 décembre 2023

1er dimanche de l'Avent B - 03 décembre 2023

 Avec les prophètes, préparons la venue du Messie : 1. Laissons-nous faire par Dieu ! 





(Le prophète Isaïe, Vitrail de la cathédrale de Senlis)


 

 

            Quand les prophètes de l’Ancien Testament parlent du Messie, ils ne parlent pas, à leur époque, de Jésus. Ils annoncent un Messie qui allait libérer le peuple juif de ses ennemis, à court ou moyen terme. Ils annoncent un Messie pour leur temps. Chrétiens, en relisant ces textes anciens de la foi juive, nous y reconnaissons l’annonce de Jésus, celui que Dieu envoie dans le monde pour le salut de l’humanité. Il me semble donc intéressant et approprié de vous proposer de vivre ce temps de l’Avent en entrant dans l’intelligence de ces prophètes anciens, et comprendre en quoi ils peuvent être pour nous prophètes pour aujourd’hui, prophètes qui nous conduiront, au soir de la Nativité, à reconnaître en Jésus le Messie annoncé, le Messie pour notre temps. 

            Le passage du prophète Isaïe que nous avons entendu en première lecture est tiré de la dernière partie du livre. Celui qui parle est le prophète qui a accompagné le retour d’Exil et dont le souci principal est de reconstruire une communauté croyante digne de Dieu. Il constate avec amertume sans doute que le temps de l’Exil qui a pris fin comportait le risque d’éloigner définitivement de Dieu ce peuple qui a erré hors des chemins de son Dieu, ce peuple au cœur endurci qui ne craignait plus Dieu. Le prophète a conscience que sans Dieu, ce peuple n’est rien et il supplie Dieu de déchirer les cieux et d’aller à nouveau à la rencontre de son peuple : Ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais… Reviens à cause de tes serviteurs, des tribus de ton héritage… Quelle belle conscience du rapport vital entre Dieu et son peuple le prophète exprime ainsi ! Avec lui, nous sommes appelés à retrouver cette conscience que sans Dieu, nous ne sommes rien, ni collectivement, ni individuellement. C’est bien Dieu, aujourd’hui comme au temps du prophète Isaïe, qui constitue son peuple ; c’est bien Dieu, aujourd’hui comme au temps du prophète Isaïe, qui sauve son peuple. Nous préparer à accueillir le Messie, c’est nous préparer à changer pour Dieu, à changer par Dieu. 

            Que s’est-il passé au temps du prophète ? Ce que le peuple attendait, à savoir une manifestation de la puissance de Dieu en faveur de son peuple, s’est accompli : Voici que tu es descendu. Est-ce que cela a changé quelque chose ? Que nenni ! Tu étais irrité, mais nous avons encore péché, et nous nous sommes égarés… Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. Dieu est venu, Dieu est intervenu, mais l’homme n’a rien changé ! Il y a quelque chose de désespérant dans ce constat, et une grosse interrogation :  que faudra-t-il que Dieu fasse pour que l’homme change, pour que l’homme plaise à nouveau à Dieu, en pratiquant avec joie la justice ? Le jugement du prophète sur son peuple est sans appel et d’une sévérité rare : tous, nous étions comme des gens impurs, et tous nos actes n’étaient que linges souillés. Tous, nous étions desséchés comme des feuilles, et nos fautes, comme le vent, nous emportaient. Avec le prophète, nous devons prendre conscience de cette distance qui nous sépare de Dieu et faire grandir en nous le désir d’être à nouveau à Dieu : Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. Nous préparer à accueillir le Messie, c’est nous laisser faire, nous laisser transformer par Dieu en un cœur que Dieu puisse aimer. 

            Pour notre première semaine d’Avent, voici donc fixé le cap : osons demander à Dieu de nous façonner ; apprenons à faire confiance à Dieu et à nous laisser faire par lui. Ce que Dieu veut pour nous ? Notre bonheur et notre salut. Ce que Dieu attend de nous ? De nous laisser faire à son image et à sa ressemblance. Cela ne relève pas de notre capacité ; cela ne relève pas de notre force. Comme le prophète Isaïe, nous devons être convaincu que Dieu seul pourra refaire un peuple digne de lui. Cela ne signifie pas que nous n’avons rien à faire ! Ce n’est pas parce que Dieu nous sauve, que rien n’est attendu de nous. Pour que Dieu puisse nous façonner, il nous faut entrer dans ce projet, accepter que Dieu puisse tout là où nous ne pouvons rien. Pour que le Messie puisse être connu et reconnu, nous devons laisser Dieu « nettoyer notre cœur », y déposer déjà l’image de son Messie pour que nous le reconnaissions lorsque nous le verrons. En fait, ce que nous avons à faire, c’est de prendre Dieu au sérieux, et croire que ce que nous lui demandons (la conversion des cœurs), il nous le donnera. Amen.