Chiche, on essaie ?
Où sont les géomètres ? Où sont vos pelles et vos pioches ? N’avez-vous pas entendu Jean le Baptiste ? N’avez-vous pas lu les prophéties d’Isaïe ? Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis. Allez, allez, au travail. Noël, c’est dans 18 (17, dimanche) dodos. Qu’attendez-vous ?
Je crains que cela ne soit pas aussi simple. S’il suffisait d’une pelle et d’une pioche et d’un bon géomètre pour nous dire si tout est bien droit et plat, cela se saurait. Le chemin à aplanir, le ravin à combler, la montagne ou la colline à abaisser ne se trouvent pas dans la nature. Ces travaux à faire, c’est en nous, en nos cœurs qu’il faut les entreprendre. Dans les déserts de nos cœurs, dans les méandres de nos pensées, dans tout ce qui fait notre vie, il faut préparer un chemin pour le Seigneur. Dans les voies tortueuses de notre cœur, il nous faut laisser une place à la miséricorde de Dieu pour nous. Dans nos haines et nos inimitiés, il nous faut ouvrir une voie à l’amour de Dieu. Et voilà que toutes ces prophéties ne semblent pas indiquées pour nous. Vous comprenez, c’est l’autre qui a commencé. C’est l’autre qui ne veut pas ; c’est l’autre qui est toujours le méchant de l’histoire. Pourquoi serait-ce encore à moi de commencer ? Je ne sais pas, dit Dieu, mais peut-être que si tu commences à faire un pas, l’autre en fera un aussi. Peut-être que si tu ne commences pas, jamais personne jamais ne commencera. Et alors, on fera quoi ?
Ecoutez Paul dans sa lettre aux Philippiens : dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important. Vivre en paix pour toi, c’est important ? Si oui, alors commence et ne t’arrête jamais d’être artisan de paix, même envers celui qui cherche la guerre avec toi. Vivre dans l’amour pour toi, c’est important ? Si oui, alors commence et ne t’arrête jamais d’aimer, même celui qui t’insupporte. Croyant en Dieu qui t’aime tel que tu es, avec tes qualités et tes défauts, tu te dois d’aimer comme tu es aimé. Tu te dois de vivre comme tu voudrais que les autres vivent. N’attends pas que les autres commencent. N’attends pas qu’il soit trop tard. Le Seigneur veut passer par toi pour atteindre les autres. Que ton cœur ne soit pas un obstacle à son amour. Que ta rancœur ne soit pas un obstacle à sa miséricorde. Nous pourrions encore le formuler ainsi : ce que tu veux que Dieu fasse pour toi, fais-le-toi pour les autres. Ne deviens pas leur montagne infranchissable. Ne deviens pas leur chemin escarpé. Le monde nouveau que Dieu vient inaugurer, c’est avec toi qu’il peut commencer. Parce que tu crois en Dieu, parce que tu reconnais Jésus comme ton Sauveur, tu dois être de ceux qui commencent à faire mieux, à faire autrement. Un croyant en Dieu ne peut pas rester devant une montagne de haine et dire : il n’y a rien à faire ; je n’y peux rien ! Un disciple de Jésus ne peut pas dire : ce chemin est trop difficile, j’abandonne. Un monde de paix, un monde d’amour ne sera possible que si tu commences, que si tu essaies.
Aucun d’entre nous ne pourra jamais dire qu’il a trop aimé, trop fait le premier pas… Dieu seul, du haut de la croix, pourrait dire : je les ai trop aimés ! Mais non, il nous dira toujours : je vous ai aimés et je vous aime encore jusque-là pour que vous appreniez à aimer, vous aussi, jusque-là. Celui qui aime jusqu’au don de sa vie, n’aime pas trop ; il aime juste, il aime vraiment. Pour que se réalise la prophétie d’Isaïe, commence, comme Jean le Baptiste a commencé à son époque. Et le monde changera, les chemins deviendront droits, les montagnes et les collines s’abaisseront, les ravins se combleront. Chiche, on essaie ?
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