Que devons-nous faire ?
Ils sont surprenants, tous ces gens qui viennent à Jean le Baptiste, comme vers un sage avec cette question unique : Que devons-nous faire ? Que ce soit la foule, ou les publicains ou des soldats : tous sont habités par la même inquiétude : que dois-je faire ? Est-ce que dans ce que je vis il m’est possible d’aller à la rencontre de Celui qui vient ? Parce que c’est bien cela le message de Jean le Baptiste, nous l’avons entendu la semaine dernière : Préparez le chemin du Seigneur ?
S’ils me semblent inquiets pour eux-mêmes, je les trouve plutôt rassurants avec leur question. Rassurants, parce qu’ils nous montrent qu’ils attendent le Seigneur et qu’ils veulent être prêts à l’accueillir, prêts à aller à sa rencontre. Leur question traduit leur envie de bien préparer le chemin du Seigneur. Ils nous montrent par là que la prédication de Jean le Baptiste, même si elle est faite dans le désert, ne reste pas lettre morte, ni ne se perd dans les sables. Jean le Baptiste est entendu ; Jean le Baptiste est consulté. Sa prédication rejoint le cœur des hommes et des femmes de son temps ; elle interroge les cœurs ; elle provoque à la réflexion ; elle entraîne à la conversion. Que devons-nous faire ?
Nous pourrions dire que les réponses de Jean le Baptiste correspondent au catéchisme classique : partage avec celui qui a moins que toi ; ne prends pas plus que ce qui est dû ; ne sois pas violent, même si tu exerces le métier des armes. Toutes ces réponses se résument à celle-ci : sois attentif à ceux qui sont autour de toi et ne leur fais pas de tort. Au contraire, quand tu le peux, fais-leur du bien. Respecte-les, parce qu’ils sont humains comme toi ! Le pauvre ne vaut pas moins que toi ; il n’est pas moins humain que toi. Quand tu peux partager, fais-là ! C’est la réponse de Jean le Baptiste à la foule. Aux collecteurs d’impôts, il rappelle de ne pas être plus gourmand que l’Etat qu’ils servent : n’encaisse que ce qui est juste, pas plus ! Aux soldats, ne profitez pas de votre force, n’abusez pas de l’autorité que vous confère votre tenue. Quand on voit aujourd’hui encore comment se comportent certains hommes en arme en Ukraine, dans la bande de Gaza, en Afghanistan, aux Etats-Unis, et même quelquefois dans nos quartiers sensibles, on se dit que Jean le Baptiste devrait rugir à nouveau pour imposer le respect de cette consigne.
Que devons-nous faire ? Nous ne pourrons jamais nous soustraire à cette question. Elle vaut pour chacun de nous, comme elle valait pour ceux qui venaient vers Jean en son temps. Elle ne sera jamais passée de mode, comme ne seront jamais passées de mode les indications qu’il donne. Avec une pauvreté qui augmente, même chez nous, le partage est toujours d’actualité. Si les collecteurs d’impôts aujourd’hui ne peuvent plus prélever plus que ce qui est dû, la question de l’impôt s’inverse peut-être. Ne fraude pas, prends ta part à l’effort commun, de manière juste. A ceux qui ont choisi le métier de armes, il est bon de redire qu’ils ne sont ni gros bras, ni cow-boy, que l’usage de la force doit rester raisonné et que l’uniforme quel qu’il soit, n’est pas une autorisation à toute sorte d’abus ; le respect légitime qui est dû à ceux qui nous protègent, suppose un respect plus grand encore envers ceux qu’ils protègent. La remarque vaut pour tous ceux et celles qui, à un moment ou à un autre, sont en position d’autorité. Le seul fait d’occuper un poste qui donne autorité, ne donne pas le respect, si celui-ci n’est pas d’abord manifesté envers ceux sur qui l’autorité s’exerce.
Que devons-nous faire ? Je me demande si le principe de notre liturgie qui affirme que chacun doit faire seulement mais totalement ce qui lui revient ne serait pas une bonne ligne de conduite pour toute vie humaine. En faisant seulement ce qui me revient, je ne marche sur les plates-bandes de personnes ; en faisant totalement ce qui me revient, je ne me repose pas sur les autres pour faire ce que je n’ai pas envie de faire. Il fut un temps où nous parlions volontiers de devoir d’état. Eh bien, c’est un devoir d’état pour tous de veiller sur ceux qui ont moins ; c’est un devoir d’état pour tous, de participer au bien commun ; c’est un devoir d’état pour tous de ne jamais abuser ou profiter de la situation qui est la sienne dans la société, et ce quelle que soit la position qui est sienne. Ce serait une bonne nouvelle pour le monde si chacun s’y tenait, si chacun s’y mettait. Amen.
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