Pâques, l'expérience de l'unité retrouvée.
Christ est ressuscité, alléluia !
Ce cri est le moyen le plus sûr, le plus efficace de dire le mystère de Pâques.
Celui qui était mort, désormais il est vivant. Et nous voyons, dimanche après
dimanche, ce que Pâques signifie. Ce cri du premier jour de la semaine, nous
devons en comprendre toutes les conséquences pour notre vie, ou alors le
mystère de Pâques ne nous concerne pas et Jésus est mort pour rien. Pâques, c’est
un cri, c’est une rencontre, c’est un amour qui s’ajuste à nous. Ce quatrième dimanche
de Pâques vient nous dire que Pâques, c’est aussi l’expérience de l’unité
retrouvée.
Jésus l’affirme dans l’évangile de Jean :
Le Père et moi, nous sommes UN. Il aura l’occasion, lors de son grand
discours au soir de sa mort d’expliquer aux Apôtres la portée de cette
affirmation. Pour faire simple, rien de ce que dit ou fait Jésus n’a son
origine en-dehors de sa relation à son Père. Ecouter Jésus, c’est écouter Dieu.
Voir Jésus, c’est voir Dieu. Vivre avec Jésus, c’est vivre avec Dieu. Il n’y a
pas l’ombre d’un écart entre le Père et le Fils. Le Fils fait et dit ce que
demande le Père ; le Père approuve ce que dit et fait le Fils. Ne cherchez
pas à les séparer, vous n’y réussirez pas. Par sa résurrection, Jésus, en nous
faisant entrer dans la vie divine, nous fait entrer aussi dans cette unité. Si nous
sommes frères et sœurs de Jésus par la foi, nous sommes fils et filles de Dieu par
la même foi. Notre art de vivre doit dire désormais quelque chose de cette
unité que nous partageons avec le Père et le Fils. Il faut bien écouter Jésus quand
il dit : Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et
elles me suivent… Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et
personne ne peut les arracher de la main du Père. Le pape Léon XIV qui
vient de nous être donné le proclame à sa manière quand il dit dans son premier
discours : Dieu nous aime tous, et le mal ne prévaudra pas, comprenons
bien : le mal ne gagnera pas ! Il ne peut pas gagner parce que par sa
mort et sa résurrection, le Christ nous a définitivement fait entrer dans cette
unité qui existe en Dieu.
Dans les Actes des Apôtres, nous voyons
petit à petit comment cette unité, qui est en Dieu, s’étend à toute l’humanité
au fur et à mesure que les Apôtres ouvrent leur prédication à tous ceux et
celles qui veulent entendre leur parole et se laissent toucher par elle, quand
bien même ils ne sont pas du peuple premier que Dieu s’est choisi. Pierre le
rappelle dans son discours, et nous ferions bien de prendre ce discours pour
nous. Parce que l’Eglise n’a pas remplacé la Synagogue et que le reproche que
Pierre fait aux Juifs de son temps, il pourrait sans doute le refaire à nous
aujourd’hui. Le commandement que le Seigneur nous a donné est le même :
J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut
parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. Nous portons, avec nos pères
dans la foi que sont les Juifs, la responsabilité de dire Dieu aux hommes. Notre
baptême nous en donne mission. Vivre cette unité qui vient de Dieu, et
accueillir dans cette unité, c’est le sens même de la mission de l’Eglise, et
donc de la mission de chaque baptisé. Comme le disait en son temps le pape
François, nous ne pouvons pas être les douaniers de la foi, nous devons
être les hérauts de l’Evangile. Ce n’est pas quand une vie est enfin ajustée à Dieu,
qu’il faut dorénavant lui parler de l’Evangile. Mais c’est parce que nous
parlons et nous vivons de l’Evangile, que nos vies, et les vies de ceux qui
nous voient et nous écoutent, peuvent s’ajuster à Dieu. Jésus peut affirmer qu’il
est Un avec Dieu parce qu’il ne cesse de dire la Bonne Nouvelle du Salut.
Dans les Actes des Apôtres, ceux qui entendent Pierre ne sont pas dans la joie
parce qu’il leur dit qu’ils ont une vie parfaite, mais parce qu’ils entendent
une parole : en entendant cela, les païens étaient dans la joie et
rendaient gloire à la parole du Seigneur. C’est parce qu’ils entendent
cette Bonne Nouvelle qu’ils deviennent croyants.
Nous avons encore une belle image de
ce mystère de Pâques comme expérience de l’unité retrouvée dans le livre de l’Apocalypse.
Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils
les ont blanchies par le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le
trône de Dieu, et le servent, jour et nuit, dans son sanctuaire. Celui qui
siège sur le Trône établira sa demeure chez eux. Peut-on mieux dire l’unité
que par cette image de Dieu qui habite chez nous ? C’est le mystère de
Pâques, le mystère du sang répandu de l’Agneau, qui fait cela. Ce n’est pas en
vain que l’Eglise affirme que le mystère de Pâques est au cœur de notre foi. De
lui, tout découle : notre foi, notre art de vivre avec Dieu, notre art de
vivre avec les autres en qui Dieu est présent. L’unité des croyants, et
par-delà l’unité du genre humain, n’est donc ni une lubie, ni un luxe, ni un
détail : elle est un marqueur du disciple authentique du Christ, qui a
livré sa vie pour tous les hommes, afin qu’ils croient et se convertissent, c'est-à-dire
qu’ils ajustent leur vie à l’œuvre de Dieu.
L’eucharistie qui nous rassemble est
sacrement d’unité parce qu’elle nous fait manger au même pain, boire à la même
coupe. Communier, c’est aussi dire par un acte simple (partager le Corps du Christ)
que nous voulons vivre l’unité. Que l’eucharistie de ce dimanche renouvelle ce
désir d’unité et notre capacité à le vivre concrètement. Amen.
Merci pour ce partage poignant et poétique qui donne vie à l’âme du désert ! Vos récits captivent par leur authenticité et leur profondeur spirituelle. Une idée pour un prochain article : évoquer la symbolique des plaques de deuil dans les communautés isolées, témoins silencieux de mémoires préservées. Continuez à illuminer ces paysages intérieurs avec tant de justesse !
RépondreSupprimer