Pâques, l'expérience d'un amour à accueillir et à vivre.
(Source : Aimez-vous ! | 1001 versets)
Je vous donne un commandement
nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés,
vous aussi aimez-vous les uns les autres. C’est peu dire que Jésus insiste,
lourdement, lorsqu’il offre à ses disciples, au soir de sa mort, ce nouveau
commandement, son unique commandement. Nous n’avons entendu que quelques
versets de cette commande à aimer, mais ils suffisent à nous faire comprendre
l’urgence de nous laisser aimer et l’obligation d’aimer à notre tour. Parce que
depuis que Jésus a donné sa vie sur la croix, depuis que son Père l’a
ressuscité, nous n’avons plus le choix : nous devons aimer. La fête de
Pâques que nous célébrons durant cinquante jours, et dont nous faisons mémoire
en chaque eucharistie, c’est l’expérience d’un amour à accueillir et à vivre.
L’amour que Jésus nous commande
d’avoir, c’est d’abord un amour à accueillir. C’est un don, le don ultime de
Jésus aux hommes lorsqu’il marche vers sa mort. Il nous dit ainsi que sa mort
n’est pas sa défaite et donc la victoire de ses adversaires. Non, sa mort est
une offrande libre pour notre vie, pour la vie de toute l’humanité, à travers
le temps et l’Histoire. En levant les yeux vers la croix, discernons-nous bien
cet amour immense de Dieu pour les hommes ? Et acceptons-nous que Dieu
nous aime jusque-là, c'est-à-dire jusqu’à offrir son Fils pour que nous
puissions vivre ? Quand quelqu’un dit qu’il ne croit pas, il dit en
réalité qu’il ne veut pas être aimé de Dieu, il ne veut pas de cet amour qui va
jusqu’à donner sa vie. Car si les hommes acceptaient cet amour de Dieu, ils
croiraient ! Ne pas reconnaître l’existence de Dieu, c’est refuser la
force d’un amour qui aime à en mourir. Ne pas reconnaître l’existence de Dieu,
c’est faire de l’amour un simple sentiment humain, passager et vague, qui
disparait quelquefois aussi vite, sinon plus vite, qu’il est apparu.
Reconnaître l’existence de Dieu, c’est reconnaître que l’amour n’est pas un
sentiment, mais un don à accueillir, un don qui nous précède toujours, un don
qui ne s’efface jamais. L’homme qui croit en Dieu, reconnait qu’il est aimé de
Dieu, malgré ses faiblesses, malgré son péché. Dieu ne peut pas s’empêcher
d’aimer l’humanité. Et il n’y a pas de péché assez grand que l’humanité puisse
faire qui empêcherait Dieu de l’aimer. C’est cela, aimer à en mourir !
Cet amour qu’il nous faut
accueillir, nous ne pouvons le garder pour nous. Ce n’est pas un don
égoïste ; c’est un don à partager, largement. L’amour de Dieu pour nous ne
diminue pas à force de le partager ; au contraire, il augmente. Plus nous donnons
à d’autres l’amour que nous aurons accueilli, plus cet amour grandira. L’amour
dont Dieu nous aime est inépuisable, inaltérable. Nous serons toujours aimés de
Dieu, car Dieu est amour. C’est le grand enseignement de l’Apôtre Jean.
Il signifie que parler de Dieu, c’est répandre l’amour. Agir au nom de Dieu,
c’est répandre l’amour. Si donc quelqu’un prétend parler ou agir au nom de Dieu
alors que ce qu’il dit ou fait ne pousse pas les hommes à aimer mieux, celui-là
ne parle pas et n’agit pas au nom de Dieu. Le nom de Dieu ne peut pas servir à
répandre la haine. Le nom de Dieu ne peut pas servir à répandre la division. Le
nom de Dieu ne peut pas servir à répandre le mal. Le nom de Dieu ne peut pas
servir à donner la mort. Le nom de Dieu, c’est Amour. Dieu est Amour ;
Dieu = Amour. Tout ce qui n’est pas amour, n’est pas de Dieu. Point. Il
faut que cela soit clair pour tous. L’amour est le critère ultime de la qualité
de disciple : A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes
disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. Et pas
seulement pour les autres qui nous sont semblables, qui croient comme nous,
vivent comme nous, mangent comme nous, votent comme nous… Il nous faut bien
entendre les uns pour les autres, comme les uns pour [tous] les
autres [que Dieu met sur la route des uns et des autres]. L’enseignement de
Jésus à ses disciples, dès le début de son ministère, ne disait -il pas qu’il
fallait aussi aimer nos ennemis ? Il y a une continuité et une
logique évidente dans son enseignement.
Et je me rends compte soudain qu’il
devient difficile, voire risqué de terminer cette homélie. Je ne voudrais pas
laisser croire qu’en arrêtant l’homélie, nous puissions arrêter pareillement
d’aimer. Il n’est jamais possible d’arrêter d’aimer de cet amour dont Dieu nous
aime, et si je vais, pour aujourd’hui, taire mon propos, je ne vais arrêter ni
d’accueillir l’amour dont Dieu m’aime, ni de partager cet amour dont je me sais
aimé. Aimons, puisque l’amour vient de Dieu et que notre prétention est d’être
à lui. Aimer n’est donc pas un choix, c’est un devoir d’état. Amen.
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