Pâques, l'expérience de la paix retrouvée.
Il n’y a pas à en douter : les
événements qui ont eu lieu autour de la Pâque juive qui a vu la mort de Jésus,
ont profondément bouleversé les disciples, au point que la tranquillité d’esprit
et la paix du cœur les ont quittés. Les témoignages ne manquent pas au sujet
des disciples craintifs et désemparés au lendemain de la mort de leur Maître. Les
premiers mots du Ressuscité apparaissant à ses disciples au soir de Pâques
exprimaient le souhait profond du Christ pour les hommes : La paix soit
avec vous.
Lors
de son dernier repas avec ses disciples, juste avant son procès, Jésus les avait
préparés à ce chambardement. Dans son long discours, il avait déjà offert le don
de la paix à ses amis qui auraient à affronter l’injustice et la violence des
hommes. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Une parole dont
Jean se souviendra quand il écrira son Evangile des années plus tard,
comprenant l’importance de ce don. Au moment où Jésus prononce ces mots, ils
sont noyés au milieu d’autres mots ; mais ils feront pleinement sens après
la résurrection de Jésus, quand l’angoisse et la peur de subir ce qu’a subi le Maître
seront au plus fort. Pâques, c’est aussi l’expérience de la paix retrouvée dès
lors que les disciples reconnaissent que la croix n’est pas la fin de l’histoire
de Jésus. Cette paix que Jésus laisse à ses Apôtres, ce n’est pas juste l’absence
de conflits, mais la certitude que nous ne sommes pas seuls quand survient l’épreuve.
C’est la paix de ceux et celles qui savent que les événements du monde sont
dans la main de Dieu. C’est cette noble assurance que rien, pas même la mort,
ne peut nous séparer de Dieu. C’est une paix profonde qui s’installe dans notre
cœur et qui nous garde dans l’espérance de jours meilleurs. Elle n’empêche pas
les conflits, y compris au sein de la communauté des croyants ; elle
permet de les dépasser et de trouver une issue à ceux-ci. Plus que jamais, il
nous faut cultiver ce don que Dieu nous offre en Jésus, mort et ressuscité pour
nous.
A
ceux qui ne savent comment faire, est laissé l’exemple de la jeune communauté
chrétienne lorsqu’elle est troublée par quelques-uns qui voudraient imposer la
circoncision selon la coutume qui vient de Moïse. Ce n’est pas juste une
querelle entre anciens et modernes, entre tenants de la Tradition et tenants d’une
voie nouvelle. Ce qui est en cause, c’est l’existence même de la jeune
communauté qui appartient au Christ, et la foi en la résurrection. Ce qui est
questionné par ce trouble, c’est de savoir qui sauve : un acte (la
circoncision) ou une personne (Jésus, le Fils de Dieu). Si c’est l’acte qui l’emporte,
alors Jésus est mort pour rien et notre foi est vaine. Devant ce trouble
majeur, qu’a fait la jeune communauté ? Elle s’est réunie, elle a écouté
les uns et les autres, elle a cherché à comprendre mieux ce que Dieu lui a dit
à travers les récents événements : Pierre invité chez Corneille, le
centurion romain ; Paul et Barnabé et leur premier voyage missionnaire aux
périphéries du monde juif. Les croyants ont prié, se sont mis à l’école de l’Esprit
Saint et ils ont décidé avec lui : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons
décidé… osent-ils écrire ! Et ils ont pris cette décision à l’unanimité.
Voici comment la jeune communauté
troublée a retrouvé le don de la paix que le Christ lui a laissé. Non pas en
excluant, non pas en jetant des anathèmes, mais en écoutant, en priant, en décidant
ensemble. La paix qui vient de Dieu se construit ainsi. Toujours. Il n’y a ni
vainqueur, ni vaincu, mais un grand gagnant : l’Esprit Saint que les
disciples laissent agir, et une récompense : la paix retrouvée. Et ça, c’est l’œuvre du mystère de Pâques, puisque l’Esprit Saint et la paix sont les
dons promis par Jésus lui-même au soir de sa mort : Le Défenseur, l’Esprit
Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous
fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous
donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. La
paix à la manière du monde, c’est le triomphe du plus fort en gueule sur le
plus faible ; la paix à la manière de Jésus, c’est un chemin cherché et
accepté ensemble.
Le
huit mai dernier, au moment où le monde célébrait la fin de la seconde guerre
mondiale, l’Esprit Saint donnait à l’Eglise un nouveau pasteur qui a repris,
comme ses tous premiers mots au monde, le souhait du Ressuscité à ses disciples
au soir de Pâques : La paix soit avec vous. Et il ajoutait : Ceci
est le premier salut du Christ ressuscité, le bon berger qui a donné sa vie
pour le troupeau de Dieu. Je voudrais moi aussi que ce salut de paix entre dans
nos cœurs, qu'il parvienne à vos familles, à toutes les personnes, où qu'elles
soient, à tous les peuples, à toute la terre. Que la paix soit avec vous. C'est
la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée, et une paix désarmante, humble
et persévérante, elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous,
inconditionnellement. A la suite du Ressuscité, le pape Léon XIV fait de la
paix la feuille de route de l’Eglise pour les années à venir. Prions pour que
cette paix du Ressuscité envahisse le cœur des hommes et transforme notre
monde. Amen.
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